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Pourtant étudiée depuis des années, la nicotine fait toujours débat

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Les détracteurs de la cigarette électronique évoquent fréquemment les supposés dangers de la nicotine. Il est toutefois important d’équilibrer le débat car certains professionnels de santé s’accordent à dire que remplacer la cigarette papier par un substitut nicotinique réduit les risques pour la santé de l’ordre de 90%. L’agence Reuters a consacré un article à ce sujet dans ses colonnes du 19 mai.

Dédiaboliser la nicotine

nicotine

La nicotine (qui doit son nom au fait que le tabac a été introduit en France par Jean Nicot) est un alcaloïde présent dans les plantes de la famille des solanacées.

De nombreux spécialistes de santé au Royaume-Uni estiment qu’il est temps de distinguer clairement la cigarette de la nicotine. Le premier produit tue, le second non.

La tabacologue Ann McNeill affirme ainsi qu’il faut “dédiaboliser” cette substance, une vision clairement partagée par le pharmacologue Jacques Le Houezec.

Les scientifiques se demandent même si des petites doses quotidienne de nicotine ne seraient pas aussi bénignes que la consommation de caféine. Cette substance aurait même des impacts positifs sur l’organisme, des études démontrent notamment qu’elle aurait des propriétés stimulantes.

Marcus Munafo de l’Université de Bristol va plus loin en soulevant la problématique suivante : même si la nicotine est addictive, est-ce vraiment un problème si elle n’apporte aucun danger ?

Si l’on se tourne vers l’OMS pour chercher une réponse, la nicotine qui est toujours considérée comme le principal problème de la dépendance tabagique serait responsable de troubles du développement cérébral chez les plus jeunes. C’est en se basant notamment sur cet argument que l’organisation met en garde les utilisateurs de cigarettes électroniques.

“Les gens fument pour la nicotine, mais meurent du goudron”

Les suédois consomment beaucoup de Snus, un tabac à mâcher qui contient de la nicotine. Des résultats très encourageants ont été observés dans ce pays, avec une forte baisse des cancers du poumon et des autres maladies provoquées par le tabac.

La situation du tabagisme au niveau planétaire est inquiétante, six millions de personnes meurent chaque année du tabac et selon l’OMS près d’un milliard de personnes perdraient la vie au 21ème siècle à cause de ce produit. Si un décès d’adulte sur dix est attribué aujourd’hui aux causes du tabagisme, de nombreux experts ne pointent pas pour autant la nicotine du doigt.

Le psychiatre Michael Russell dont les travaux ont abouti au rapport américain sur la dépendance à la nicotine de 1988 (Nicotine Addiction, PDF) est considéré comme étant à l’origine du concept de réduction des risques liés au tabagisme. “Les gens fument pour la nicotine, mais meurent du goudron”, cette célèbre citation de ce chercheur sud-africain en 1976 est régulièrement utilisée par les experts qui souhaitent faire le distinguo entre tabac et nicotine.

Alors que les goudrons, nitrosamines, particules fines, monoxyde de carbone et beaucoup d’autres composés de la fumée du tabac sont unanimement reconnus pour créer de graves maladies chez le fumeur, la nicotine continue cependant de faire l’objet de débats au sein de la communauté scientifique et politique. Robert Molimard, fondateur de la tabacologie française, tente par exemple depuis des années de briser le mythe de l’addiction à la nicotine.


Via Reuters