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Pour Stanton Glantz, l’hypocrisie antivape déploie ses ailes

Mis à jour le 4/03/2018 à 23h12
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Le docteur Stanton Glantz, célèbre leader de la lutte antitabac et antivape américain, a été accusé récemment de harcèlement sexuel, discrimination raciale et inconduite académique. Curieusement, une véritable omerta semble s’être abattue sur cette affaire, selon divers observateurs. Et la réponse à cette énigme est peut-être une bonne nouvelle.

Les malheurs de Stanton

Nous vous avions narré par le menu les déboires du docteur Stanton Glantz, chercheur américain présenté comme “le plus célèbre militant antitabac du monde” par ses compatriotes et illustre inconnu dans la majeure partie du reste du monde. Glantz est surtout la bête noire des vapoteurs nord-américains, tant ses prises de position antivape sont virulentes (et infondées).

Stanton Glantz

Stanton Glantz

Il avait été accusé de harcèlement sexuel par des étudiantes, ce qui lui avait valu par-dessus la marché une accusation d’inconduite académique, puisqu’il aurait fait usage de son statut pour faire pression. De surcroît, d’autres étudiants l’accusent d’avoir tenu des propos racistes.

De quoi couler la carrière de tout universitaire, limogeage brutal et humiliant, déclaration scandalisées de ses pairs… Mais non. Brent Stafford, de Regulatorwatch, s’étonne du silence des antitabac à ce sujet, et s’interroge sur les intérêts en jeu.

RegWatch est un site canadien de langue anglaise, qui s’est donné pour mission de réguler les régulateurs. Plus précisément, ses membres scrutent et analysent les décisions prises par les gouvernants, les études et nécessités qui en sont à l’origine, et les lobbys à l’œuvre. Autant dire qu’un activiste de la portée de Stanton Glantz est régulièrement dans leur viseur.

Un mystérieux silence

Or, en pleine tourmente contre la harcèlement sexuel, le silence est de plomb autour du comportement du chercheur, à l’exception de lui-même. Les Etats-Unis sont en pleine campagne #MeToo, l’équivalent de #BalanceTonPorc en France. Et le docteur Glantz est au beau milieu de ce que les américains surnomment avec ironie “un moment #MeToo”, en d’autres termes un sale quart d’heure. On l’a vu avec notamment des célébrités à Hollywood, et la chute du tout-puissant producteur Harvey Weinstein.

Mais pour Glantz, rien. En ce qui concerne les médias, rien d’étonnant à cela : ils ont d’autres chats autrement plus connus à fouetter. Tout célèbre qu’il soit persuadé d’être, Gantz ne fait pas le poids face à un Kevin Spacey.

En ce qui concerne l’Université de Californie San Francisco (UCSF), dont dépend le Center for Tobacco Control Research and Education (CTCRE) que dirige Gantz, même silence. Nulle part on ne trouve de prise de position de l’UCSF sur les accusations dont fait l’objet Gantz, ni pour soutenir l’étudiante plaignante, ni au contraire pour défendre son professeur. Il faut dire que le CTCRE est richissime, grâce aux travaux du docteur, et qu’une grande partie de cette manne revient à l’UCSF.

Pas de morale pour cette histoire

Plus curieux est le silence des associations anti-tabac à travers les USA. Il faut dire que ces dernières ont en commun un profil puritanisme assez prononcé, dans la bonne tradition américaine. Un silence curieux, donc, de la part d’associations dont beaucoup considèrent que les fumeurs sont d’affreux pêcheurs qui se sont détournés de la bonne et saine morale abstinente, et pour qui les souffrances du sevrage sont un moyen d’expier.

La raison de ce silence est peut-être la clef pour les vapoteurs américains : dans la confrérie antivape-antitabac, Glantz est le plus riche, le plus célèbre, le plus influent, le plus écouté. Le plus égotique, aussi : on n’a jamais vu le bon docteur manquer une occasion de ramener le couverture à lui. Il n’y en a pas deux comme Glantz, et c’est bien là que réside le problème : si il tombe, parmi les pontes de la lutte antitabac et antivape, il n’y en a pas un qui ait la stature médiatique du docteur.

Perdre un leader dans des circonstances sordides, mettre du temps à en imposer un autre, face à des sommités antitabac favorables, elles, à la vape, ferait perdre un temps considérable aux tenants du puritanisme qu’ils ne parviendraient sans doute pas à remonter dans la bataille de l’opinion.

Personne n’est dupe : pendant ce temps, la justice instruit. Et l’ambiance n’est pas propice à l’indulgence. Gantz va tomber, ce n’est qu’une question de temps. Et le marteau du juge marquera peut-être le départ d’une nouvelle ère pour les vapoteurs américains.

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