L’Organisation mondiale de la santé (OMS) aurait publié ce mardi 26 août un communiqué expliquant son souhait d’interdire la vente de cigarettes électroniques aux mineurs. Une mesure déjà appliquée en France. Selon l’organisation le produit poserait de “graves menaces” aux adolescents et aux femmes enceintes pour leur bébé.
Interdiction d’usage dans les lieux publics fermés
Les espaces publics fermés seraient également visés par cette interdiction. La rédaction de RTL indique également que l’OMS aurait précisé que cette restriction devrait être appliquée “au moins jusqu’à ce qu’il soit prouvé que la vapeur exhalée n’est pas dangereuse pour les personnes passant aux alentours“.
L’OMS accuse les fabricants de vendre l’e-cigarette comme un dispositif permettant de créer une “vapeur d’eau” et semble déterminée à vouloir rectifier la manière dont sont commercialisés ces produits. Leur utilisation poserait en outre “de graves menaces pour les adolescents et foetus” auraient précisé les experts de l’OMS.
L’organisation mondiale de la santé serait en possession de preuves pour mettre en garde les “enfants, adolescents, femmes enceintes et femmes en âge de procréer” et les informer sur les effets à long terme que l’ecig pourrait avoir sur “le développement du cerveau”.
Stratégie de réglementation proposée par l’OMS
- empêcher la promotion des inhalateurs électroniques de nicotine auprès des non-fumeurs, des femmes enceintes et des jeunes et éviter qu’ils n’utilisent ces produits ;
- réduire au maximum les risques potentiels que présentent les inhalateurs électroniques de nicotine pour les utilisateurs et les non-utilisateurs ;
- interdire les allégations sanitaires infondées au sujet des inhalateurs électroniques de nicotine ; et
- veiller à ce que les mesures de lutte antitabac existantes ne soient pas influencées par les intérêts commerciaux et autres de l’industrie du tabac.
Mises en garde sanitaires : risque d’addiction nicotinique ; risque d’effets irritants pour les voies respiratoires, les yeux, le nez et la gorge ; risque d’effet nocif sur la grossesse (du fait de l’exposition à la nicotine)
Surveillance et suivi : Il est recommandé aux pouvoirs publics d’utiliser leurs systèmes de surveillance et de suivi du tabagisme, ou de les renforcer, pour suivre l’évolution de l’utilisation d’inhalateurs électroniques de nicotine et de la consommation de nicotine par sexe et par âge.
Vente aux mineurs : Il devrait être interdit aux détaillants de vendre des inhalateurs électroniques de nicotine aux mineurs, et les distributeurs automatiques devraient être éliminés presque partout.
Allégations à visée sanitaire : Interdire aux fabricants et aux tiers toute allégation à visée sanitaire concernant les inhalateurs électroniques de nicotine, notamment l’argument selon lequel ils sont des aides au sevrage tabagique, jusqu’à ce que les fabricants fournissent des données scientifiques probantes et obtiennent une approbation réglementaire.
Lieux publics : Puisqu’une tierce personne peut raisonnablement escompter non pas une diminution du risque par rapport à l’exposition à la fumée secondaire mais l’absence d’augmentation du risque par quelque produit que ce soit dans l’air qu’elle respire, les utilisateurs d’inhalateurs électroniques de nicotine devraient être tenus juridiquement de ne pas vapoter dans les espaces fermés, surtout là où il est interdit de fumer,jusqu’à ce qu’il soit prouvé que la vapeur exhalée n’est pas nocive pour les tiers et jusqu’à ce qu’on dispose de données suffisantes attestant que l’application des politiques non-fumeurs n’est pas compromise.
Publicité : Étant donné que les éléments promotionnels qui rendent les inhalateurs électroniques de nicotine attrayants pour les fumeurs adultes pourraient aussi les rendre attrayants pour les enfants et les non-fumeurs, les Parties devraient envisager de mettre en place des restrictions efficaces à la publicité en faveur de ces produits, à la promotion et au parrainage. Elles pourront toutefois considérer certaines formes de promotion comme acceptables si des données empiriques prouvent que les inhalateurs électroniques de nicotine peuvent contribuer à aider certains fumeurs à renoncer au tabac sans accroître pour autant l’utilisation de ces dispositifs par les mineurs et les non-fumeurs qui, autrement, n’auraient pas consommé de nicotine.
Extraits
“Compte tenu du pouvoir économique de l’industrie du tabac, les procédures qu’elle a intentées dernièrement contre des sociétés concurrentes en alléguant la contrefaçon de brevet pourraient montrer combien il est peu probable que les inhalateurs électroniques de nicotine demeurent un marché de niche dominé par des sociétés indépendantes.”
“Les autorités de santé publique doivent faire de la recherche une priorité et investir en conséquence pour élucider le plus rapidement possible les points encore incertains. Toutefois, c’est principalement à l’industrie qu’il doit incomber de fournir les preuves scientifiques des allégations au sujet des inhalateurs électroniques de nicotine. ”
“[Les informations sur les e-liquides et la vapeur qu’ils produisent révèlent] une cytotoxicité potentielle de certaines solutions, laquelle est préoccupante pour les femmes enceintes qui utilisent des inhalateurs électroniques de nicotine ou qui sont exposées passivement à l’aérosol qu’ils produisent. La cytotoxicité est liée à la concentration et au nombre d’aromatisants utilisés dans le liquide”
[ndlr : on notera qu’aucune étude de Farsalinos n’est citée dans les références scientifiques de l’OMS. En revanche on retrouve des études de Goniewicz et Schripp.]
“L’aérosol contient généralement certains composés cancérogènes et d’autres substances toxiques présents dans la fumée du tabac à des concentrations inférieures de un à deux ordres de grandeur à celle mesurée dans la fumée du tabac, mais plus élevées que dans un inhalateur de nicotine. Pour certaines marques, la concentration de certains de ces agents cancérogènes, tels que le formaldéhyde et d’autres substances toxiques comme l’acroléine, est aussi élevée que dans la fumée produite par certaines cigarettes.”
“La fourchette granulométrique des particules produites par les inhalateurs électroniques de nicotine est semblable à celle des cigarettes classiques, la plupart des particules étant ultrafines (modes de 100 à 200 nm environ) par rapport aux particules de plus grosse taille présentes dans la fumée de cigarette. Toutefois, les inhalateurs électroniques de nicotine dégagent une quantité moindre de particules que les cigarettes.”
La sixième session de la Conférence des Parties pour la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac se tiendra à Moscou entre le 13 et le 18 octobre 2014.