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Le vapotage ne conduirait pas à fumer selon cette nouvelle étude

Mis à jour le 25/11/2024 à 19h44
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Ces données américaines démontrent que l’apparition de la cigarette électronique a largement fait diminuer le taux de prévalence tabagique.

En bref

  • Les chercheurs ont souhaité étudier l’impact de l’apparition du vaporisateur personnel sur le taux de prévalence tabagique aux États-Unis.
  • Leur recherche met en lumière une diminution du tabagisme chez les adultes américains suite à l’apparition de la cigarette électronique sur le marché.
  • Les 18-34 ans étaient la population ayant le plus massivement adopté le vapotage, et celle chez qui le tabagisme a le plus diminué.
  • La théorie de la passerelle qui voudrait que vapoter conduise à fumer est une nouvelle fois contredite.

L’impact de l’apparition de la cigarette électronique sur le tabagisme

Cette étude prouve une nouvelle fois l’intérêt de la cigarette électronique au sein de l’arsenal de lutte contre le tabagisme.

L’effet passerelle est une théorie selon laquelle les utilisateurs de cigarettes électroniques deviendraient fumeurs par la suite. Souvent mise en avant par les acteurs antivape, cette théorie a été de nombreuses fois démontée par plusieurs travaux scientifiques. Il y a quelques jours, une nouvelle étude1 publiée dans la revue médicale Harm Reduction Journal a confirmé l’absence d’effet passerelle entre le vapotage et le tabagisme. 

Pour leur travail, les quatre chercheurs se sont appuyés sur les données de la grande enquête nationale de santé publique américaine (NHIS). Ils ont souhaité étudier l’impact de l’adoption du vaporisateur personnel sur la prévalence tabagique aux États-Unis. Selon eux, l’apparition de la cigarette électronique sur le marché aurait pu avoir trois effets potentiels qu’ils expliquent ci-dessous :

  • L’augmentation du tabagisme : « Si les cigarettes électroniques agissent comme une “passerelle” vers le tabagisme, alors au niveau de la population, l’augmentation de la prévalence de l’utilisation de la cigarette électronique coïnciderait avec une augmentation de la prévalence du tabagisme, ou à tout le moins, un ralentissement du taux de déclin de la prévalence du tabagisme ».
  • La diminution du tabagisme : « si les cigarettes électroniques aident les adultes qui fument des cigarettes combustibles à cesser de fumer (c’est-à-dire à passer du tabagisme au vapotage), et/ou si elles détournent les personnes qui auraient autrement commencé à fumer et choisissent de vapoter à la place (c’est-à-dire le “détournement”), alors, à l’échelle de la population, l’augmentation de la prévalence de l’utilisation de la cigarette électronique coïnciderait avec une diminution plus importante de la prévalence du tabagisme ».
  • Le statu quo : « parce que les effets suscités ne sont pas mutuellement exclusifs, les deux pourraient se produire simultanément, leur équilibre conduisant à une passerelle « nette », à un commutation/détournement ou à une annulation mutuelle ».

L’objectif de cette étude était donc de connaître l’impact de l’apparition du vaporisateur personnel sur le marché américain parmi les trois possibilités citées ci-dessus.

Méthodologie

Afin de faire leurs calculs, les scientifiques ont défini l’année 2010 comme celle durant laquelle la cigarette électronique a commencé à être adoptée aux États-Unis. Bien que le produit était disponible dans le pays dès 2007, ce n’est que trois ans plus tard qu’il a réellement commencé à être adoptée « massivement ». À noter : puisque le NHIS n’a commencé à documenter le vapotage qu’à partir de 2014, les données sur l’utilisation de la cigarette électronique entre 2010 et 2014 ont été extrapolées en imaginant que l’adoption du vaporisateur personnel a été linéaire durant ce laps de temps. 

Enfin, toutes les estimations ont été pondérées en donnant le plus de poids à celles présentant le moins d’incertitudes. 

Lorsque le vapotage augmente, le tabagisme diminue

Le graphique ci-dessus présente les résultats de l’étude pour l’intégralité de la population américaine (tous âges, sexes, et « races » confondus). Les tracés colorés ont été ajoutés par notre rédaction afin d’en simplifier la lecture. La courbe du haut représente le taux de prévalence tabagique lorsque celle du bas représente le vapotage.

Les lignes jaunes représentent les projections prévues par les scientifiques si les taux de prévalence tabagique et d’adoption de la cigarette électronique étaient restées linéaires. 

Les courbes rouges et vertes représentent les moyennes réelles du taux de prévalence tabagique et du vapotage. Enfin, les tracés orange sont une moyenne du nombre de fumeurs et de vapoteurs entre les années 2014 et 2022. 

Un fort impact du vapotage sur le taux de prévalence tabagique des jeunes adultes

Nul besoin d’être un scientifique pour observer une nette corrélation entre l’augmentation du vapotage et la baisse du tabagisme. Comme le notent les chercheurs, « une association statistiquement significative entre l’écart de prévalence du tabagisme et la prévalence de l’utilisation de la cigarette électronique (…) a été identifiée pour l’ensemble de la population adulte »

Cette corrélation était encore plus visible pour la tranche d’âge des 18-34 ans, plus susceptible d’utiliser une cigarette électronique que des populations plus âgées. « Ces écarts étaient les plus importants pour les sous-populations ayant la plus forte prévalence d’utilisation de la cigarette électronique, en particulier les jeunes adultes (18-34 ans) », soulignent ainsi les auteurs. 

La théorie de la passerelle une nouvelle fois contredite

Il serait malhonnête de dire que la diminution du tabagisme aux États-Unis n’est due qu’à l’apparition du vaporisateur personnel sur le marché. Les USA, comme beaucoup d’autres pays du monde, mettent en place diverses mesures de lutte contre le tabagisme afin d’essayer de faire diminuer le nombre de fumeurs (campagnes de prévention, relèvement de l’âge légal minimum pour pouvoir acheter des produits du tabac par le biais de la Tobacco 21 ordinnance, etc.). 

Si, pour certains détracteurs du vapotage, la diminution de la prévalence tabagique n’est d’ailleurs attribuable qu’à ces interventions, les scientifiques notent que « même les estimations très optimistes [de leurs effets] ne sont pas en mesure d’expliquer entièrement la prévalence du tabagisme observée ». À ce sujet, ils ajoutent que « les critiques selon lesquelles d’autres facteurs que l’utilisation de la cigarette électronique expliquent suffisamment les baisses observées de la prévalence du tabagisme sont contredites par ces analyses, laissant place à un effet potentiel de l’association observée entre l’augmentation de l’utilisation de la cigarette électronique et la diminution du tabagisme ».

Par ces observations, les chercheurs démontrent donc bien que l’apparition et l’utilisation du vaporisateur personnel par les Américains a conduit à une diminution du tabagisme, et non à son augmentation comme le suggère la théorie de la passerelle. Ils mettent aussi en lumière le rôle de la cigarette électronique dans le sevrage tabagique puisque les seules interventions gouvernementales de lutte contre le tabagisme ne suffisent pas à expliquer sa diminution.

Les scientifiques concluent ainsi : 

« Des données représentatives à l’échelle nationale sur l’utilisation de produits du tabac par les adultes américains continuent de soutenir l’existence d’une association entre la prévalence croissante de l’utilisation de la cigarette électronique et la diminution de la prévalence du tabagisme, c’est-à-dire la substitution possible entre les cigarettes et les cigarettes électroniques ».


1 Foxon, F., Selya, A., Gitchell, J. et al. Increased e-cigarette use prevalence is associated with decreased smoking prevalence among US adults. Harm Reduct J 21, 136 (2024). https://doi.org/10.1186/s12954-024-01056-0.

Cette étude a été financée par Pinney Associates. Ce cabinet de conseil en santé est exclusivement financé par l’industrie du tabac (British American Tobacco et Juul principalement). Pinney Associates est également un intervenant régulier du Global Tobacco and Nicotine Forum, en plus d’être membre de CORESTA, une association française dirigée par Big Tobacco.

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