La vape est sujette à des tendances. Il suffit de regarder les sorties pour s’en rendre compte. Et la dernière tendance en date, c’est le grand retour de la vape indirecte, dite mouth-to-lung, un peu abandonnée ces derniers temps. Une bonne nouvelle ? Oui. A condition que le marché des liquides suive, ce qui n’est pas forcément gagné.
La routourne a tourné
La course au tirage aérien et au sub ohms semble pourtant bel et bien s’achever après un règne sans partage ces deux dernières années. Une tendance semble se confirmer vers un retour aux sources, parce que la vape est faite de tendances. Les amateurs de tanks, et, dans une moindre mesure d’atomiseurs drippers, assistent à un retour en force de la vape serrée bouche-poumon, dite indirecte, dite mouth-to-lung (MTL). Une vape orientée « hit » et « saveurs », mais, surtout, avec des résistances plus hautes et des wattages plus bas.
Un phénomène que nombre de vapoteurs applaudissent : la vape MTL n’exige pas du vapoteur d’efforts spéciaux pour une consommation plus saine et raisonnée, elle l’impose quasiment d’elle-même. Une puissance modérée avec des montages adéquats, et donc une consommation de liquide plus faible, un besoin d’arômes moindres, MTL peut presque se dire « sain » dans toutes les langues.
Siren 2, Kayfun Prime, Berserker, Ares (l’ato conçu par les reviewers Phil Busardo et Dimitri), Hastur, sont autant d’atomiseurs au tirage serré, auxquels on peut ajouter le Squape E-Motion et le Skyline, qui offrent cette possibilité avec des réducteurs d’air flow. C’est presque un retour parfait.
Presque, parce que le problème, c’est que le choix de liquides se restreint drastiquement.
Des liquides sur démesure
La tendance du marché, ces dernières années, a été à la vape aérienne sub-ohm. Beaucoup d’air, énormément de puissance, pour, je cite une phrase souvent vue sur les réseaux sociaux « de gros nuages savoureux ».
Le problème, c’est que la recette pour obtenir d’énormes nuages sans perdre en saveurs est simple et claire : plus d’arômes. Beaucoup, beaucoup plus d’arômes. Parce que la glycérine végétale n’est pas le meilleur vaisseau pour transporter des saveurs, loin de là, il va falloir les amplifier, et, pour les amplifier, il n’y a pas le choix : il faut doubler, parfois tripler, les doses.
Des arômes également plus simples : les fortes puissances les dénaturent assez rapidement, et il est donc inutile d’introduire trop de subtilité dans les liquides : à partir de 40 watts, il n’en reste rien. La preuve ? Un fabricant de liquides complexes et recherchés, Manabush, averti que ses liquides sont conçus pour une vape serrée jusqu’à 16 watts maximum, parce qu’au delà, ça dénature dramatiquement son travail.
Enfin, la vape aérienne sub ohm vaporisant beaucoup plus de liquide à chaque bouffée, il convient de réduire le taux de nicotine. Essayez, pour voir, de dénicher un e-liquide à la mode en plus de six milligrammes de nicotine : bon courage.
Ajoutons à cela que les liquides « nuages » sont épais et peu adaptés aux canaux d’alimentation plus étroits des atomiseurs MTL, et vous aurez un panorama complet de la situation.
Le retour des grands anciens ?
Est-ce le retour des Grand Anciens ? Les liquides les plus adaptés à un usage « tirage serré » sont ceux qui offrent une gamme plus élevée en propylène glycol, un choix de taux de nicotine qui va au-delà du 6 milligramme, et des concentrations d’arômes moindres (même si vous ne constatez pas la différence). Bref, des liquides considérés, à tort, pour un usage « débutant ».
Mais force est de constater que la plupart des liquides à destination des vapoteurs confirmés qui sortent aujourd’hui sont basés sur la même recette, saturation en arômes et consistance épaisse pour faire des nuages. Totalement inadaptés aux tirages serrés, du moins dans de bonnes conditions.
Reste à voir ce qui va se passer. Ce retour du tirage serré va-t-il pousser les fabricants de liquides à développer de nouvelles gammes ? Les vapoteurs vont ils faire preuve une fois de plus de leur sens aigu de la débrouillardise pour s’adapter ? Les prochains mois vont être passionnants à observer.