Bonne nouvelle si vous êtes un activiste de la lutte anti-tabac et que vous aimez jouer aux jeux vidéo pour vous détendre : la Food and Drug Administration américaine a ce qu’il vous faut. Hélas, ils sont devenus spécialistes pour gâcher les bonnes idées…
Moi vois, moi meurs
Lorsque la FDA a une bonne idée, cela vous inspire quoi ? Une joie effrénée ou une méfiance instinctive ? Si vous avez choisi la deuxième réponse, bravo.
La Food and Drug Administration a décidé, en effet, d’aller se frotter aux plus prestigieux éditeurs de jeux vidéos avec One Lives. C’est un jeu de type survival-horror, et le principe en est simple : quatre joueurs sont enfermés dans une entrepôt lugubre, où ils devront surmonter diverses épreuves. En cas d’échec, leur corps se dégradera jusqu’à ce que mort s’ensuive pour leur personnage.
Seul un seul des joueurs pourra survivre à l’issue du jeu. L’objectif ? Être celui-là.
C’est original, et s’il faut en croire les chaînes de gaming américain, c’est même plutôt réussi. De quoi tuer le temps avant un prochain Resident Evil ou un hypothétique nouveau Silent Hill.
Ce scénario est très réfléchi. D’après les chiffres de la FDA, 75 % des adolescents qui commencent à fumer au lycée restent fumeurs une fois adultes. Soit trois sur quatre, précisément le nombre de perdants d’une partie de One Lives. Parce que toute l’essence du message est là.
Symbolique d’un fiasco
Le jeu joue d’ailleurs sur la symbolique, le décor, les épreuves et les séquelles laissées par les échecs des joueurs étant la plupart du temps inspirés par les méfaits du tabac. Bouche et dents pourries, tumeurs… On est dans le gore.
Comble du luxe, le jeu est disponible gratuitement sur PC et Xbox One. Non, pas sur la très japonaise Playstation, protectionnisme oblige… La FDA n’a pas lésiné sur les moyens : pour ce jeu qui s’inscrit dans sa campagne “The real cost”, c’est Darren Aronofsky, déjà réalisateur d’un clip à l’idéologie douteuse, qui réalise la bande publicitaire.
Alors, on pourrait applaudir chaleureusement à l’initiative de la FDA, sauf que… Sauf que, justement, l’Agence désigne aussi comme responsable du tabagisme des adolescents la vape, contre laquelle elle se livre à un acharnement inédit. Et que le taux de fumeurs chez les jeunes américains reste très haut, à 38 % selon les chiffres officiels. Un chiffre qui semble pousser la FDA à chercher des coupables plutôt que de s’interroger sur sa responsabilité dans ce fiasco.
N’hésitez pas, si vous en avez l’occasion, à jouer à One Lives. Il faut au moins lui reconnaître son rapport qualité-prix imbattable. Jouez en vapant, évidemment.