Le Brexit serait-il une chance pour la vape anglaise ? C’est la question que se pose sérieusement la Vaping Industry Association du Royaume-Uni par la voix de son président, argumentaire à l’appui. Ce qui risquerait de ne pas faire plaisir à la Commission européenne… et explique peut-être certaines choses.
Brexit ? Ils votent oui à rebours
Christian Mulcahy, président de la Vaping Industry Association du Royaume-Uni (UKVIA), est optimiste, comme il l’expliquait à The Telegraph. Selon lui, le Brexit pourrait donner un coup de pouce à l’industrie de la vape, en se dégageant de la TPD qui impose des contraintes trop importantes sur la taille des contenants, le taux de nicotine et les formalités administratives pour les commercialiser.
On a pu observer, ces derniers temps, un virage assez serré du gouvernement britannique sur la vape : alors que l’Europe en parlait à la manière dont un prêtre parle du Diable, de nombreux politiques nationaux avaient pris position en faveur de ce moyen de sevrage, allant jusqu’à financer une campagne de publicité vantant ses mérites durant le stoptober.
La Vaping Industry Association fonde ses espoirs sur le fait que, une fois le Brexit effectif, la porte serait ouverte à la suppression pure et simple de ces règles.
Panique à la Commission
Ces prises de position claires du gouvernement britannique et d’une importante association de professionnels de la vape, viennent s’ajouter à la protestation de plus en plus visible des associations européennes. Ceci peut, en partie, expliquer le recul provisoire de la Commission européenne sur le projet de TPD 3, et notamment la taxation de la vape.
Les vapoteurs ne sont pas une force politique suffisante en soi, parce qu’ils ne sont pas organisés en tant que telle. Mais la Commission européenne s’inquiète d’une accumulation de signaux défavorables. Et des groupes distincts, sans véritable doctrine ou leader, mais répondant favorablement à une offre politique diversifiée ouvertement eurosceptique, pourrait amplifier les mouvements europhobes enregistrés à travers l’Europe.
En France, lors de la dernière présidentielle, 75 % des suffrages exprimés se sont portés sur des candidats qui avaient émis des réticences sur le projet européen. En Allemagne, la chancelière Merkel n’a pu conserver le pouvoir qu’en s’alliant avec des partis moins enthousiastes sur la construction européenne.
Les élections européennes de 2019 coïncideront avec le Brexit effectif. Dès lors, décider une TPD 3 très dure juste avant serait donner un net avantage électoral aux souverainistes, dont le spectre politique, de gauche à droite, touche toutes les sensibilités. Un vapoteur taxé en Europe, confronté à la vision d’un vapoteur heureux en Angleterre, serait, pour la Commission, désastreux en terme d’influence.
Nul doute que cette dernière cherchera à se rattraper après les élections européennes de 2019. Mais l’espoir peut venir des états, dont les dirigeants, contrairement aux commissaires, sont élus. L’influence des gouvernements nationaux, appuyés par des vapoteurs unis et organisés, pourrait-elle venir à bout des mesures antivape de la TPD 3 ?
Sinon, quel choix pour les vapoteurs, hormis peut-être demander l’asile politique au Royaume-Uni ?