La vape est-elle moins nocive que le tabac ? La question, lancinante, est loin d’être tranchée dans l’esprit de certains. Dominique Rodriguez en est fermement convaincu et il en est, si besoin, la preuve vivante. Pour lui, gravir des montagnes pour convaincre, ce n’est pas une image. Il s’est attaqué aux plus hautes randonnées du monde pour la vape.
L’ignorance atteint des sommets
“Les hoax me mettent les poils à chaque fois ! Ma motivation, c’est lutter contre la désinformation, parce que quand j’entends que la vape est aussi dangereuse que le tabac, je vois bien que ce n’est pas vrai”. Et Dominique Rodriguez sait de quoi il parle. Il a randonné en haute montagne et en a fait une vidéo pour montrer que non, la vape n’est pas nocive. Mais reprenons au début.
Le cogérant de la boutique Cigaverte de Toulouse est, comme la plupart des vapoteurs, un ancien fumeur. Et un sévère “Je fumais environ 30 cigarettes par jour, parfois jusqu’à deux paquets, explique-t-il, et comme, dans le même temps, je ne faisais pas beaucoup d’activité physique, peu d’exercice et pas d’efforts, j’étais très diminué”.
Après 20 ans de tabagisme, Dominique Rodriguez découvre la vape et c’est une révélation “J’ai arrêté de fumer. Ça fait 7 ans, maintenant”.
Un nouveau souffle
Les résultats se font ressentir, comme il l’explique : “mon souffle est revenu très rapidement. Presque aussitôt, j’ai recommencé la randonnée, parce que j’aime ça et que mes capacités respiratoires me le permettaient à nouveau”.
“J’aime beaucoup la montagne, explique-t-il, et j’ai commencé à faire des randonnées plus intensives, il y a 3 ans, qui combinent ma passion pour cet environnement et ces paysage magnifiques, et une activité sportive. Au fur et à mesure, j’ai été de plus en plus haut, et j’ai continué de me fixer des objectifs de plus en plus importants en termes d’altitude.”
Et c’est ainsi que Dominique Rodriguez est passé sans presque s’en rendre compte de la randonnée à la randonnée alpine, un changement de catégorie très net. Les randonneurs de haute montagne empruntent des sentiers escarpés et difficiles et montent à des altitudes importantes où l’oxygène se raréfie.
Randonnée alpine : même chose mais avec des vêtements plus chauds en haute altitude et plus difficile.
Alpinisme : ascension et marche sur glaciers avec des passages d’escalade nécessitant du matériel adapté (Crampons, piolet, casques, cordes et baudriers et vêtements adaptés).
Mont Blanc, Kilimandjaro, Everest
Il a ainsi grimpé quelques montagnes célèbres, le camp de base de l’Everest, le mont Blanc, le Kilimandjaro. “Quand je me suis aperçu que je pouvais atteindre de pareilles altitudes en étant en surpoids et en ayant arrêté de fumer, je me suis missionné à l’époque de perdre 15 kg et de tenter l’ascension du mont Blanc. Quelques mois plus tard, en août 2017 et toujours en surpoids, j’ai tenté une première fois l’ascension du pic d’Aneto, le plus haut sommet des Pyrénées à 3400 mètres, qui est du niveau alpinisme, mais je me suis arrêté à 25 mètres du sommet, figé devant ce passage périlleux appelé “Le pas de Mahomet”. Entre septembre et novembre 2017, j’ai perdu 15 kg pour commencer à me préparer à l’ascension du mont Blanc.”
Le camp de base de l’Everest, celui d’où s’élancent les alpinistes, est à 5400 mètres de haut, soit plus haut que le sommet du Mont Blanc. Pour l’atteindre, 12 jours de marche sont nécessaires, dans un environnement où l’oxygène se raréfie. Clairement, Dominique en a bavé. “J’étais épuisé, j’avais le mal de l’altitude, des maux de tête constants. Mais j’ai voulu aller jusqu’au bout, et, arrivé sur place, ça a été une fierté extraordinaire. À ce moment-là, je me suis dit que le mont Blanc, plus difficile techniquement, était à ma portée, et je me suis missionné de perdre du poids et de tenter l’ascension du toit de l’Europe.”
Pas mal pour quelqu’un qui, sept ans auparavant, s’essoufflait dans des escaliers, et qui aujourd’hui vape. Et pas qu’un peu. “Je descends 20 ml de liquide par jour, je suis un gros vapoteur. Et pourtant, mes capacités respiratoires sont identiques à celles des non-fumeurs que j’ai pu croiser sur ce type d’activités”.
“D’ailleurs, souligne Dominique, c’est assez simple : parmi ceux qui s’attaquent à l’Everest, on ne trouve pas de fumeurs”. Ou à peine : “certains s’accordent une à trois cigarettes par jour, mais ils sont rares, et ce sont des grimpeurs surentraînés, leur niveau est tellement haut que la perte qu’entraîne le tabac se remarque à peine”.
La preuve en photo
Dominique Rodriguez décide alors de mettre sa passion au service de la vape. Il fabrique une banderole “La vape sauve des vies” et entreprend en 2018 l’ascension de trois sommets, toujours en randonnée, “le pic d’Aneto pour la deuxième fois, 17 juin 2018, plus haut sommet des Pyrénées (3400 m), tentative réussie, niveau alpinisme, le mont Blanc, 7 juillet 2018, plus haut sommet d’Europe (4810 m), ascension périlleuse et dangereuse mais tentative réussie, niveau alpinisme. Et enfin, le Kilimandjaro, 15 juillet 2018, plus haut sommet d’Afrique (5895 m), tentative réussie, niveau randonnée alpine” détaille-t-il. À chaque fois, il se prend en photo avec la banderole, pour le défi.
Donc, Dominique Rodriguez, on récapitule : vous fumiez comme un pompier au point de vous essouffler au moindre effort, et maintenant, vous vapez 20 ml de liquide par jour et vous faites des randos en altitudes qui laisseraient le sédentaire moyen sur le carreau, c’est ça ? “C’est ça.”
Dominique Rodriguez explique sa démarche : “Les randonnées, au début, c’était pour mon plaisir personnel. Mais j’ai trop entendu que la vape, c’était comme le tabac. C’est alors que j’ai décidé de faire des randonnées et de les documenter juste pour prouver que non, la vape n’est pas aussi dangereuse que la cigarette, même avec une consommation aussi importante que la mienne“. Dominique Rodriguez ne dit pas qu’il faut vaper 20 ml par jour, attention, ce n’est pas son propos : il se prend juste comme un exemple extrême.
Dominique Rodriguez ne veut, au final, qu’une seule chose. “Mon but, c’est de répondre aux détracteurs de la vape qui affirment que c’est aussi nocif que le tabac sans base sérieuse. Ma réponse, c’est de leur demander si la vape est aussi dangereuse que vous le prétendez, expliquez-moi comment je peux arriver à faire ça ?”
Il convient ici, néanmoins, de rassurer les athlètes de la sieste sur canapé : non, passer à la vape n’oblige en rien à grimper l’Everest, ni même à faire du sport. “Et pourtant, ça fait un bien fou, souligne Dominique Rodriguez, rien que de se rendre compte qu’on en est capables”.