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La vape est un business ? Bonne nouvelle !

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C’est une question intéressante qui a été fortuitement soulevée sur Facebook : la vape a-t-elle besoin d’être un marché ? Les arômes sont ils nécessaires ? Loin d’être anecdotique, cette question mérite un développement plus conséquent et une clarification.

Les arômes, pour quoi faire ?

La question a été posée sous un partage de l’article traitant de l’interdiction des arômes à San Francisco. Par la question, entendons un ensemble de commentaires allant dans la sens de cette interrogation : les arômes ont été interdits dans la ville californienne, sans doute bientôt ailleurs, et alors, où est le problème ?

Ce n’est ni de la provocation, ni une question purement rhétorique. Le raisonnement est celui-ci : si la vape est destinée au sevrage tabagique, alors, les arômes neutres et tabac devraient suffire pour cet usage pratique. Les arômes tabac, uniquement pour ne pas frustrer où déstabiliser les fumeurs qui ne souhaitent pas une transition trop brutale entre le goût de leur cigarette à combustion et celui de la vape.

Des parfums agréables, expliquent-ils, ne servent à rien, puisqu’ils n’existent pas dans le monde du tabac, mais incitent au contraire les personnes à continuer de vaper pour le plaisir. La vape cesse alors d’être un outil de sevrage pour devenir un business, puisqu’elle cherche à donner à ses clients des raisons de continuer à vaper.

Certains sont peut-être tombés de leur chaise, mais, soyons honnêtes : le raisonnement se tient. Du moins, pour certaines personnes, et c’est là que le bât blesse.

Le business de la vape

Premier point, que l’on va rapidement évacuer : la vape est-elle un business ? Oui. Mais c’est normal, et même nécessaire.

Si l’on reprend l’histoire de la vape, on pourra schématiser ainsi : quelques geeks ont importé cette nouveauté de Chine, et, pour pouvoir la distribuer à plus grande échelle, au-delà de leur cercle proche, ont dû monter une société. Sinon, c’est du travail au noir, la loi est ainsi faite.

Dans le cas inverse, la vape n’aurait pas pu se développer et serait restée l’apanage d’une poignée d’initiés, qui auraient pu, effectivement, refuser de se professionnaliser pour des raisons idéologiques. Ç’aurait été laisser mourir des millions de fumeurs pour ses idées. Ce qui nous donne, en théorie, un excellent sujet de dissertation, mais en pratique, une absurdité.

Et puis, la vape aurait finie par attirer l’attention de quelqu’un de moins scrupuleux. Vaut il mieux la savoir entre les mains de passionnés qui ont commencé eux-même par arrêter de fumer grâce à elle, ou entre les mains de multinationales dont les actionnaires qui ne voient que des tableaux de chiffres, pas des vrais gens, se soucient de profit avant tout ?

A partir du moment ou ces quelques passionnés, suivis par d’autres, décidaient de faire de la vape leur métier, elle devenait un business. Comme pour tout business, il était normal que ces créateurs d’entreprises gagnent leur vie, et indispensable, comme pour tout acteurs économiques, que leurs sociétés croissent. Une société qui stagne, c’est la disparition ou l’absorption. L’économie fonctionne ainsi.

Et pour qu’une société croisse, on a beau chercher, le meilleur moyen reste de mettre son offre en adéquation avec la demande.

Le théorème du brocoli

Reste donc cette histoire d’arômes. Il n’y aurait besoin, selon certains, que d’arômes tabacs ou de liquide sans arômes.

Certains optent pour les arômes tabac pour ne pas faire une césure trop radicale avec leur cigarette de tabac. C’est une démarche, et elle fonctionne très bien… Pour eux. D’autres, au contraire, souhaitent, tant qu’à faire, faire une rupture radicale avec le tabac consumé. C’est une démarche différente, et… Elle marche aussi très bien pour eux. Et c’est là qu’on voit la limite de l’exercice.

Les cigarettes tabac faussent le goût : le grand nombre d’agents et produits qu’elles contiennent neutralisent les papilles gustatives. Lorsqu’on arrête de fumer, par la vape ou par toute autre méthode, ces papilles se réveillent, et le goût revient. C’est là que beaucoup de fumeur font le constat : le tabac, c’est pas bon.

Et nombre de vapoteurs qui ont quitté la cigarette à combustion grâce à un arôme tabac, surtout les très prononcés, s’en détournent souvent, plus ou moins rapidement, lorsque leur sens du goût revient. C’est à ce moment là que les autres arômes interviennent. Et puisqu’en vape, théoriquement, tout est possible, pourquoi s’en priver ?

Bien entendu, on pourra toujours arguer que les liquides sans arômes, uniquement chargés en nicotine, mais sans goût, suffisent. Sauf que… Cela enlève finalement un point qui fait l’efficacité de la vape : son charme.

Une bonne partie de l’efficacité de la vape, selon les témoignages de vapoteurs, vient du fait que, grâce à elle, arrêter de fumer est une démarche agréable. Enlever les arômes serait la transformer en une expérience juste technique, pharmaceutique. Or, même avec le support de la vape, il arrive que le manque de cigarette tabac se fasse sentir. Et dans ce cas, il est plus facile de se souvenir qu’arrêter de fumer avec un goût de tarte au citron est quand même beaucoup plus sympathique qu’arrêter de fumer avec des brocolis. Ceci étant valable pour ceux que la fadeur de ce légume insupporte.

Sans compter qu’il y en a, justement, que la fadeur ou l’absence de goût exaspère. La vape doit aussi être une chance pour eux.

Tous ne s’en sortiront pas

Enfin, il reste le cas des profils addictifs. Certaines personnes présentent une addiction, non pas à un produit, mais à l’addiction elle-même. Le processus est simple : la libération d’une addiction correspond à la chute dans une autre addiction. Par exemple, arrêter le tabac et devenir alcoolique.

Ceci n’est pas, à ma connaissance, médicalement documenté, mais ressort néanmoins dans divers articles consacrés à la psychiatrie. En dehors de la science, des témoignages de consommateurs qui, tous, expliquent que si ils se libèrent d’une addiction, c’est pour tomber dans une autre.

Dès lors, le choix est simple : si on est incapable de se libérer d’une addiction, mais que l’on arrive à maîtriser son choix, alors, pour laquelle opter. Entre toutes, la vape semble, non pas la plus anodine, mais la moins dangereuse. Comme pour les défumeurs « classiques », il faut néanmoins maintenir leur intérêt pour la vape, par l’intermédiaire d’arômes.

Et le reste…

Il existe encore des dizaines d’arguments en faveur de la vape. Notamment celui-ci : le business de la vape n’a pas besoin, contrairement à d’autres, de cibler de nouveaux consommateurs. Son fond de commerce, ce sont les fumeurs qui souhaitent arrêter, et si, en ce domaine, ses succès sont considérables, le vivier de futurs clients reste conséquent… Et s’agrandit chaque jour.

D’autre part, la vape est un secteur très controversé, donc très scruté. Une boutique de vape qui s’amuserait à vendre des produits nicotinés à des mineurs aurait très rapidement des problèmes. D’ailleurs, on voit très peu de jeunes avec une vape, qui, généralement, leur a été donnée par leurs parents. En revanche, il suffit d’aller faire un tour à proximité d’un lycée pour s’apercevoir que les cendriers sont pleins.

Mais l’essentiel, quand on voit un vapoteur rempli d’extase parce qu’il est en train de savourer un liquide à la fraise sur son nouvel atomiseur à la mode, qu’est-ce que c’est : qu’il consomme de la vape, ou qu’il ait arrêté de consommer du tabac ? 

Bref : oui, la vape est devenue un business, et les arômes sont là pour la rendre attractive. C’est incontestable. Mais c’est aussi heureux.

Cet article d’opinion n’engage que le point de vue de son auteur et ne représente pas forcément l’avis de la rédaction.