La situation de la vape, après le déconfinement, ne sera pas forcément celle d’un retour à la normale comme si de rien n’était. Nous avons interrogés quelques professionnels de la vape et s’ils sont confiants, ils restent prudents.
Magasins : un an pour encaisser le choc
Un an : c’est le délai moyen qui est annoncé par beaucoup pour un retour à la normale après le déconfinement.
Pour les shops, c’est simple : « Il va nous falloir un an pour redresser la barre financièrement, explique le patron de plusieurs boutiques, et je ne suis pas certain de sauver tous mes points de vente. Ce n’est pas tellement ça qui me préoccupe : fermer un magasin pour économiser le loyer et les charges ne me pose aucun problème. Mais licencier un salarié, on va tout faire pour l’éviter. »
A ce point ? Il confirme. « L’État nous aide, les banques nous suivent. En théorie, c’est bien joli, mais en fait, tout le monde nous avance de l’argent, et il faudra bien le rendre. Le taux d’endettement de ma société était quasiment nul, là il a explosé. »
Avec des conséquences concrètes. « Pendant un an, il n’y aura aucune nouveauté en liquide, très peu en matériel, et on va même réduire la voilure sur certaines références, on ne peut juste pas se permettre d’avoir du stock qui dort ou de prendre des risques en achetant des quantités de nouveautés qui se vendront mal et qu’il faudra brader dans six mois. J’en ai parlé avec des confrères, ils sont dans la même situation. »
Les patrons de shops que nous avons interrogés ont chacun leur stratégie propre, mais globalement, tous nous ont confirmés que pendant douze mois, après la fin du confinement, ils allaient se serrer la ceinture. « Pour ceux qui vont survivre », conclut sinistrement un d’entre eux…
Fournisseurs : aucune visibilité
Chez les grossistes, même son de cloche. Il faut dire que la plupart d’entre eux sont en contact permanent avec leurs clients. Ce à quoi s’ajoute une inconnue : le temps qu’il faudra à l’industrie chinoise pour rattraper le retard.
« Là, toute la production est immédiatement absorbée par le marché mondial et ne suffit pas à combler le déficit, c’est à dire la demande immédiate de clients. Je vois bien chez certains d’entre eux : leur commande est livrée à 13h. À 14h, la référence est déjà en rupture de stock. On parle de résistances, d’atomiseurs, de box. On a été surpris par un phénomène, nous pensions que les gens allaient se précipiter sur l’essentiel, résistances et liquides, mais beaucoup de vapoteurs encore en défume se sont rués sur les box, au cas où la leur lâcherait. »
Lui pense qu’un an, c’est un peu pessimiste. « Les shops se sont endettés, et pour beaucoup d’entre eux, c’est une nouveauté. Ils veulent rembourser le plus vite possible. Mais si le déconfinement a lieu en mai, après l‘été, il y aura la rentrée, l’augmentation du prix du tabac, les fêtes de fin d’années, ça va repartir à la hausse et tout le monde se sentira plus décontracté. Ça, c’est dans un scénario idéal, évidemment. »
Et dans un scénario moins idéal ? « Aucune idée : avec ce virus, on nage en pleine inconnue. La seule chose que je sais, c’est que maintenant, dès que la Chine éternue, tout le monde tremble… »
Un an ou pas, tout le monde est unanime : le scénario d’un retour à « la vape d’avant », s’il se réalise, prendra du temps.