D’ici quelques mois, tous les paquets de cigarettes achetés en France seront dotés de nouveaux moyens de traçabilité. Une mesure mise en place dans le cadre du respect d’un protocole de l’OMS, visant à lutter contre les cigarettes de contrebande.
Un code unique, et de nouveaux signes d’identification
La mesure est désormais officielle. Depuis hier, lundi 20 mai 2019, tous les paquets de cigarettes fabriqués pour la France sont désormais dotés d’un identifiant unique composé d’une série de codes. Ils sont également habillés d’une vignette s’apparentant à un « timbre fiscal », sur laquelle apparaissent pas moins de 5 « signes d’identification » : le premier est visible, trois autres ne le sont qu’à moitié, et enfin le dernier est totalement invisible, et ne peut être révélé qu’à l’aide de matériel spécialisé en laboratoire.
Cette nouvelle mesure est mise en application suite à l’entrée en vigueur du protocole pour éliminer le commerce illicite des produits du tabac (au format PDF), mis en place par l’OMS et ratifié par 52 pays du monde.
Financé par l’industrie du tabac elle-même, ce nouvel étiquetage est réalisé par l’imprimerie nationale, organisme désigné par l’Etat « en raison de son impartialité vis-à-vis de l’industrie du tabac, une exigence imposée par le protocole ».
Les nouveaux paquets devraient faire leur apparition chez les buralistes dans les mois à venir.
Un coup d’épée dans l’eau ?
Difficile de dire si cette mesure sera réellement utile afin de combattre les cigarettes de contrebande.
Si l’on en croit le reportage réalisé par Investigations et Enquêtes, la grande majorité des fausses cigarettes serait produite en Chine, et plus particulièrement dans l’une des 200 usines souterraines (et clandestines) que compte la ville de Yunxiao. Une ville dont l’économie entière reposerait sur ce commerce, qui représenterait plus de 100 milliards de cigarettes chaque année.
Toutes seraient ensuite dispatchées à travers le monde, le plus souvent par bateau, puis se retrouveraient ensuite dans les rues des différents pays, proposées à des tarifs défiant toute concurrence.
Et puisque les cigarettes de contrebande actuelles, lorsque contrôlées par la douane, sont d’ores et déjà parfaitement reconnaissables, la mise en place de ce nouveau protocole de l’OMS, bien qu’améliorant la traçabilité des produits du tabac, ne devrait en aucun cas permettre d’augmenter le nombre des saisies.
Le seul élément de la chaîne ayant réellement le pouvoir de faire changer les choses, semble être une nouvelle fois le consommateur. Un consommateur qui, bien souvent excédé par les taxes, continuera probablement de souhaiter se procurer ses cigarettes à des tarifs avantageux. Et continuera ainsi de se diriger vers ces produits, généralement, encore plus dangereux que les cigarettes « originales ». Une problématique sur laquelle il est difficile de voir comment ce nouveau protocole pourrait agir…
Les derniers articles traitant du tabagisme