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La cigalike serait tout aussi efficace qu’un modèle rechargeable pour réduire l’envie de fumer

Mis à jour le 18/07/2024 à 12h47
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Par Lynne Dawkins, Groupe de recherche sur les drogues et les comportements addictifs, École de Psychologie, Université East London.

La grande classe s'arrête malheureusement quand on porte l'ecig à la bouche ...

La NJOY King est un exemple de cigalike …

La cigarette électronique est le sujet d’intenses débats : certains la considèrent comme la plus importante percée en matière de santé publique, capable de sauver des millions de vies menacées par les effets du tabac, alors que d’autres craignent qu’elle ne normalise à nouveau la cigarette traditionnelle, ruinant les efforts de lutte antitabac qui ont rendu le tabagisme socialement inacceptable.

Différents modèles sont disponibles sur le marché

Les e-cigarettes sont disponibles sous des formes et des tailles variables. Certaines, communément appelées dispositifs de première génération, ressemblent aux cigarettes classiques (« cigalikes ») et sont composées d’un embout orange ressemblant au filtre d’une cigarette de tabac, d’une batterie de couleur blanche et d’un voyant LED qui s’allume lorsque l’utilisateur tire une bouffée. Ces dispositifs comprennent une batterie jetable ou rechargeable de faible capacité ainsi qu’une cartouche et un atomiseur réunis dans un seul élément (cartomiseur).

Les dispositifs de deuxième génération ressemblent plus à un stylo à bille et sont composés d’une batterie et d’un réservoir plus grands (clearomizeur ou « tank »), à l’intérieur duquel est placé l’e-liquide.

Les dispositifs de troisième génération ressemblent très peu aux cigarettes classiques, utilisent une batterie dotée d’une capacité plus importante, de fils et de mèches remplaçables et chauffants pour l’atomiseur ainsi que d’une alimentation électrique ajustable et programmable.

Fumer une cigarette électronique (plus communément appelé “vapoter” ou “vaper”), mime l’action de fumer une vraie cigarette : l’utilisateur tient le dispositif et tire une bouffée comme s’il s’agissait d’une cigarette traditionnelle. La vapeur produite est inhalée et exhalée sous la forme d’une vapeur qui ressemble à de la fumée. L’arôme de tabac (ou menthol) tente d’imiter le goût que possède la vraie fumée de tabac. En outre, les cigalikes de première génération ressemblent comme deux gouttes d’eau aux cigarettes de tabac et sont souvent contenues dans des emballages qui ressemblent aux paquets de cigarettes classiques.

La cigalike : un modèle très répandu

Bien que les utilisateurs réguliers (« vapoteurs ») aient tendance à utiliser des dispositifs de deuxième et troisième génération qui s’éloignent en apparence des cigarettes classiques (Dawkins et al., 2013), la plupart des e-cigarettes que l’on trouve sur les étalages au Royaume-Uni et aux Etats-Unis (par conséquent, les plus utilisées par les fumeurs), sont de type cigalike de première génération.

Ceci a suscité un regain d’inquiétude parmi les autorités sanitaires sur le fait que les e-cigarettes et leur utilisation puissent normaliser à nouveau le tabac. Etant donné le revirement culturel progressif observé ces 50 dernières années qui a transformé le tabac d’un comportement socialement acceptable et omniprésent en une habitude désagréable et répugnante, les craintes abondent sur le fait que les e-cigarettes puissent laisser le tabac refaire son apparition aux yeux du grand public.

Ainsi, à quel point l’apparence d’une cigarette classique est–elle importante pour un fumeur en phase de transition vers la cigarette électronique ? L’apparence visuelle est-elle réellement sans importance pour autant qu’il y ait un apport efficace de nicotine ?

Si les cigalikes de première génération sont effectivement moins efficaces que les dispositifs plus récents et que peu de fumeurs les adoptent lorsqu’on leur présente une alternative rechargeable, peu de raisons justifient d’en faire la promotion.

L’importance de l’aspect visuel

Sur la base des données tirées de la littérature sur les combustibles, bien que la nicotine joue un rôle prépondérant dans la consommation de tabac, de plus en plus d’éléments pointent vers des facteurs sensorimoteurs, à savoir l’aspect et la sensation de la cigarette.

Par exemple, les fumeurs préfèrent fumer plutôt que d’autres formes de délivrance de nicotine (patch, gomme à mâcher, spray nasal) et affirment apprécier les simples gestes consistant à porter la cigarette à la bouche, le goût, l’odeur et la sensation de la fumée dans les voies respiratoires (Parrott & Craig, 1995).

Les fumeurs semblent également préférer fumer une cigarette sans nicotine (dénicotinisée) plutôt que de recevoir de la nicotine par intraveineuse (Rose et al., 2010) alors que les cigarettes sans nicotine peuvent également réduire les symptômes de désaccoutumance nicotinique et l’envie de fumer (Barrett, 2010; Perkins et al., 2010).

Entre cigalike et Ego, le choix du débutant reste clair

En vue d’établir les préférences entre les cigalikes et les dispositifs rechargeables plus récents, nous avons demandé à 100 fumeurs avec peu, voire aucune expérience des e-cigarettes de choisir entre une cigalike de première génération et une eGo de deuxième génération posées devant eux.

La moitié a choisi la cigalike en se justifiant par le fait qu’elle ressemblait à une cigarette classique.

De toute évidence, l’apparence d’une vraie cigarette joue son rôle pour de nombreux fumeurs qui pensent utiliser l’e-cigarette. Mais l’apparence d’une cigarette de tabac est-elle réellement importante lorsque l’e-cigarette est utilisée ?

Pour répondre à cette question, nous avons donné au hasard à 63 fumeurs qui s’étaient abstenus, une des deux cigarettes suivantes :

  • une cigalike de première génération composée d’une batterie blanche et d’un filtre orange (blanc : similaire à une cigarette)
  • ou une cigalike de première génération dotée d’une batterie rouge et d’un filtre orange (rouge : différent d’une cigarette).

L’arôme (tabac) et le taux de nicotine (18mg/ml) étaient identiques dans les deux cas. Les participants ont évalué leur envie de fumer et les symptômes de désaccoutumance liés à la nicotine avant, et 10 minutes après avoir utilisé la cigarette électronique.

La réduction de l’envie de fumer et des symptômes de désaccoutumance nicotinique était nettement plus importante parmi les participants du cas de figure « blanc » (similaire à la cigarette) que chez ceux du cas « rouge », en particulier chez ceux qui n’avaient jamais utilisé d’e-cigarette auparavant (Dawkins et al., en cours d’analyse).

Nous en avons conclu que l’apparence d’une vraie cigarette est importante pour les fumeurs qui commencent à utiliser l’e-cigarette, du moins après une courte période d’utilisation en laboratoire. Ceci pourrait être un effet d’espérance ou un effet secondaire cumulatif où les repères (l’apparence de la cigarette), en vertu de leur association avec l’apport de nicotine, deviennent modérément agréables, susceptibles d’alléger une partie la gêne liée au fait de ne pas fumer.

Ego vs cigalike : une efficacité relative

Quoi qu’il en soit, les vapoteurs réguliers ont tendance à délaisser les cigalikes pour les dispositifs rechargeables de deuxième et troisième génération (McQueen, Tower & Sumner, 2011) et il existe quelques preuves qui montrent que ces derniers pourraient être plus efficaces dans le sevrage tabagique (Farsalinos et al., 2013), en raison peut-être d’un apport plus efficace de nicotine (Farsalinos et al., 2014).

Par conséquent, nous nous sommes penchés sur l’efficacité éventuelle d’une eGo de deuxième génération par rapport à une cigalike jetable dans la réduction de l’envie de fumer et des symptômes de désaccoutumance nicotinique chez 100 fumeurs qui s’étaient abstenus et qui avaient utilisé une cigarette électronique pendant 10 minutes.

La réduction de l’envie de fumer et des symptômes de désaccoutumance à la nicotine était notable dans les deux groupes. En d’autres termes, la cigalike jetable était tout aussi efficace que la cigarette de deuxième génération alors que les deux groupes ont signalé avoir ressenti un « hit » dans l’utilisation de l’e-cigarette.

Quelques différences ont tout de même été relevées ; les participants ayant utilisé une cigarette de deuxième génération ont noté que la cigarette électronique était plus satisfaisante et qu’ils étaient plus enclins à l’utiliser dans leur tentative de sevrage tabagique (Dawkins et al., en cours d’analyse).

Bien qu’ils y aient des centaines de cigalikes disponibles sur le marché et que ces résultats ne peuvent pas s’appliquer à toutes les cigarettes de première génération, ils prouvent tout de même que les cigalikes ont le potentiel pour être tout aussi efficaces que les dispositifs rechargeables dans la réduction à court terme de l’envie de fumer et des symptômes de désaccoutumance nicotinique.

Peut-être que lorsque les fumeurs passeront du tabac à la cigarette électronique, l’apparence de la vraie cigarette aura moins d’importance, en parallèle avec un changement d’identité, loin de l’image du fumeur.

Conclusion

Pris ensemble, ces résultats suggèrent que les cigalikes de première génération pourraient avoir leur place parmi la pléthore de cigarettes électroniques, pour tirer les fumeurs vers l’e-cigarette dans un premier temps et loin du tabac.

Quoi qu’il en soit, ceci doit être délicatement équilibré par rapport à tout inconvénient associé à une nouvelle normalisation du tabac. En outre, les repères visuels associés à la cigarette pourraient même servir à maintenir une dépendance au tabac s’ils permettent de rappeler aux fumeurs les cigarettes, ce qui pourrait expliquer pourquoi les dispositifs de deuxième génération sont préférés dans le sevrage tabagique. Cependant, avant que des essais ne soient effectués pour comparer les cigalikes et les cigarettes rechargeables dans le processus de sevrage, il n’existe encore aucune preuve accablante qui tire un trait définitif sur les cigalikes.


Traduit d’après l’article original : Cigalike vs. refillable e-cigarettes: Don’t stub out the cigalikes just yet….