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Grand froid sur le DIY : un professionnel sonne l’alarme

Mis à jour le 15/11/2019 à 11h10
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Si la TPD a imposé des règles strictes au monde du vapotage en Europe, certains moyens de la contourner existent. Les grands flacons à booster, bien entendu, et le DIY, qui permet de produire de grandes quantités d’e-liquide à faible coût. Un professionnel français a récemment pris position contre cette pratique sur les réseaux sociaux.

E-liquide 10 ml versus DIY ?

Depuis mai 2016, le marché de la cigarette électronique est soumis au cadre réglementaire imposé par l’Union européenne et les e-liquides ont particulièrement été touchés par la restriction du volume des fioles (10 ml). Afin de répondre à une demande évidente des consommateurs pour de plus grandes contenances, les fabricants ont su trouver des astuces pour contourner cette règle en proposant notamment des grands flacons dans lesquels on rajoute des boosters de nicotine, ou la possibilité de fabriquer soi-même son liquide. Appelé DIY pour Do it Yourself, cette catégorie de produit a depuis connu un développement fulgurant.

Les avantages ? Des volumes plus importants pour vapoter sans avoir à changer souvent de fiole, de nouvelles saveurs plus fréquentes et un coût très réduit.

Les inconvénients ? Ces fioles grand format sans nicotine sont exemptes d’une notification sur le marché (dont les délais sont d’environ 6 mois pour chaque nouveau produit) et échappe ainsi à certaines exigences réglementaires sur leur composition.

Et cela ne plait pas à certains pros du secteur. C’est le cas de Norbert Neuvy, fabricant d’e-liquide en France et fondateur de la société D’lice, qui explique cette semaine sur les réseaux les raisons de son mécontentement.

La position du fabricant

Le post original. Cliquez sur l’image pour agrandir.

Ce que reproche Norbert Neuvy au DIY et aux flacons à « nicotiner », c’est une course à l’extravagance hors de tout contrôle. Les liquides se verraient selon lui additionnés de sucralose, de colorants, voire de diacetyle, sans aucun contrôle, puisque les liquides sans nicotine, comme les concentrés d’arômes pour le DIY, ne font pas l’objet d’une déclaration de mise sur le marché en respect de la Directive européenne.

Le fabricant Corrézien explique ainsi que l’usage de ces substances dans les e-liquides, qui ne sont pas destinées à être inhalées, pourrait discréditer la vape dans son ensemble, et ruiner les efforts de professionnels qui s’évertuent comme lui à proposer les produits les plus sains possibles, tout en effrayant les fumeurs, ce qui serait contre-productif.

Norbert Neuvy fait d’ailleurs observer que la norme AFNOR [CF notre article] a été volontairement mise en place en complément de la réglementation actuelle, afin d’offrir aux vapoteurs une garantie supplémentaire, exemptant les produits certifiés de composés jugés « exotiques ». Certaines entreprises jouent le jeu en collaborant avec l’AFNOR estime D’lice, mais l’entreprise dénonce cette semaine sur les réseaux sociaux, les fabricants qui s’affranchissent de ces mesures pour « gagner de l’argent ».

Norbert Neuvy s’exprime à la fois en tant que producteur d’e-liquide, mais aussi comme consommateur. Ancien fumeur de deux paquets de cigarettes par jour, il rappelle lors d’un entretien téléphonique à notre rédaction que la vape est avant tout un outil qui a permis à de nombreux fumeurs comme lui de s’en sortir.

Une vape qui sauve des vies, et non qui fait courir des risques, explique-t-il. La composition exacte des e-liquide DIY et formules « à booster » n’étant pas connue, ce professionnel, historiquement troisième du secteur sur le territoire, craint que des « problèmes » puissent en conséquence survenir. Un retard d’intervention du centre antipoison faute d’informations en cas d’ingestion par un enfant, une allergie à un composant non indiqué … 

Lien : La page Facebook de D’lice. 

Réactions contrastées

Nous avons soumis cette prise de position à quelques professionnels du secteur et utilisateurs, et les réactions se sont avérées contrastées, aussi bien auprès des fabricants, des revendeurs ou des clients. Les pratiques du DIY et de l’utilisation de flacons à booster ne font en effet pas l’unanimité, pour des raisons similaires à celles exprimées par Norbert Neuvy.

En boutique, les clients qui utilisent ces produits sont très majoritairement motivés par le coût très réduit au millilitre. Aucun en revanche, parmi ceux observés, ne se pose la question de savoir si les liquides ainsi proposés sont identiques à ceux vendus en flacon de 10 ml nicotinés et faisant l’objet d’une déclaration.

Pour aller plus loin : Notre guide sur le DIY 

La TPD a rendu obligatoire une notification préalable à la commercialisation de produits nicotinés en flacon de 10 ml, avec dépôt de composition et analyses, mais n’étend pas ces obligations aux produits non nicotinés ainsi qu’aux concentrés d’arômes. Il n’est ainsi pas inexact d’affirmer que ces produits n’offrent pas le même niveau de garanties que les produits nicotinés. Partant de ce constat, faut-il jeter le bébé avec l’eau du bain ? La question mérite d’être posée.

Le vapotage est une activité encore jeune. Une pratique qui se cherche, se découvre, et ne demande qu’à s’améliorer, pour offrir le meilleur rapport plaisir/sécurité dans la consommation de nicotine. Ce qui n’a pas été sans anicroche : le scandale du diacétyle reste un souvenir douloureux.

Cela peut-il se reproduire ? Pensez-vous que le DIY et les flacons non nicotinés en grand format peuvent, à terme, poser problème ? Nous avons trouvé plus simple de vous poser la question, à travers ce sondage.


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