Vous êtes ici : Vaping Post » Etudes sur la cigarette électronique » Etude : manger gras fait grossir, c’est la faute à la vape

Etude : manger gras fait grossir, c’est la faute à la vape

    Annonce

Une étude hostile à la vape – encore – relayée sans contrôle par un journal de la presse quotidienne régionale – encore – et nous voilà à débunker – encore. Il y a comme un air de déjà-vu dans ces répétitions, qui engendre une certaine forme de lassitude. C’est peut être le but ?

Quand on mange, on grossit

Prenez des souris. Ne le faites pas chez vous, contentez-vous de procéder à l’expérience dans votre tête, inutile de faire souffrir plus que de raison ces pauvres bêtes. Donc, supprimez à ces sympathiques petits rongeurs leur apolipoproteine E, un gène qui sert à la dégradation des graisses dans l’organisme. Ensuite, gavez les d’aliments hyper gras et bourrés de cholestérol, et bombardez-les de nicotine. Tuez-les et autopsiez-les.

Voilà : vous avez prouvé que sur des souris bourrées de graisses et privées du moyen de l’éliminer, la vape crée la maladie du “foie gras” et 433 modifications génétiques qui y sont liées. Facile, non ?

Prenez une souris. Privez-là de l’enzyme qui lui permet de digérer le gras, bourrez-là de cholestérol, tuez là et autopsiez-là. Vous aurez ainsi démontré que vous n’aimez pas les souris et que vous avez des tendances sadiques.

C’est du moins la façon dont La Dépêche.fr présente les choses. Après les avoir introduites bien comme il faut “Les risques potentiels de la cigarette électronique sur la santé à long-terme -chez les adolescents et les jeunes adultes notamment- sont encore flous”.

Et oui : risques, adolescents, flou, comment en une phrase placer les dangers putatifs de ce machin qu’on ne connaît pas (et ignorer au passage les études sérieuses qui démontent les unes après les autres la dangerosité de la vape), entretenir l’idée qu’on ne sait pas (alors que la vape est sans doute bien placée dans le classement des sujets les plus scientifiquement étudiés ces derniers temps) et appuyer discrètement la théorie de la passerelle (largement démontée, elle aussi), tout en jouant sur la corde sensible “vos enfants sont en danger”.

Bien entendu, l’étude est tellement énorme, et rencontre pourtant si peu d’écho, que l’on peut dores et déjà se dire qu’elle est sujette à caution (oui, c’est assez indulgent, “sujette à caution”, mais j’étais de bonne humeur). D’ailleurs, nous n’allons pas nous casser la tête, nous ferons des mises à jour en ajoutant des liens en bas du présent article au fur et à mesure que les gens compétents s’exprimeront.

Péripatéticiens du bouton gauche

Et puis, nous ne pouvons pas le faire nous-même. La Dépêche.fr met deux liens, pour cette étude. Le premier lien envoie vers la liste des études présentées au colloque SRNT de Baltimore, menu dont celle qui nous intéresse fait partie. Le second renvoie vers… Un flyer pour ce même colloque SRNT. Nous n‘avons pas trouvé l’étude en elle-même.

De cela, nous pouvons déduire qu’il y a deux solutions : soit le journaliste de La Dépêche qui a écrit l’article n’a pas non plus lu l’étude. C’est problématique, vu son ton affirmatif sur les conclusions. Soit il l’a lue et n’a pas jugé pertinent de donner la possibilité à ses lecteurs d’aller la consulter eux-même et de se faire leur propre opinion. Et là, je ne dirai rien, mais l’absence de commentaire est déjà un commentaire.

Donc, on ne sait rien d’autre que ce que consent à dire La Dépêche, qui au passage ne parle pas, par exemple, des méthodes utilisées pour fournir la nicotine aux souris, ni des résultats du groupe test, celui auquel on n’a pas fourni de nicotine, pour comparer… Si ce groupe existe, ce qui n’est pas certain. Juste des résultats curieux d’une étude dont on ne sait rien.

Ça a un nom : putaclic. C’est une méthode largement éprouvée par des geeks soucieux de se faire rapidement et sans scrupules le maximum d’argent sur internet. C’est un peu plus décevant venant d’un journal, La Dépêche du Midi, comportant en son sein des journalistes munis de cartes de presse leur donnant droit à 7500 euros de réduction d’impôts, et subventionné à hauteur de 1 290 000 euros d’argent public (source : Ministère de la Culture, chiffres pour 2016 publiés en 2018).

Les commentaires sont fermés.