Le Dr Farsalinos et son équipe viennent de publier une étude analysant les risques inhérents à la présence de 13 métaux dans la vapeur des e-cigarettes. Ils ont comparé pour chacun d’eux les quantités mesurées dans la vapeur à différentes limites d’exposition reconnues. Dans tous les cas, les quantités détectées sont inférieures aux limites acceptées. Nous vous livrons ici une traduction de l’article du Dr Farsalinos paru sur le site e-cigarette research présentant les principaux résultats de ces travaux.
Etablir une analyse comparative des risques liés à 13 métaux détectés dans la vapeur des e-cigarettes
Une nouvelle étude a été publiée aujourd’hui dans le « Journal international de recherche environnementale et de santé publique » par notre équipe de recherches. Nous avons conduit une analyse comparative des risques concernant les taux de métaux détectés dans les aérosols de cigarettes électroniques au cours de deux précédentes études (effectuées par Goniewicz et Williams et al). Ces études sont les seules publications dans lesquelles des métaux furent détectées (d’autres études ont détecté certaines émissions mais n’ont pas été prises en compte dans notre analyse car ces émissions sont par définition minimes et sans risque pour la santé publique).
Nous avons décidé d’effectuer ces analyses en raison de la mauvaise présentation et interprétation des résultats, en particulier dans l’étude conduite par Williams et al. Alors que Goniewicz et al. ont analysé 13 cigarettes de première génération et n’ont trouvé que du cadmium, du nickel et du plomb à des taux similaires aux inhalateurs de nicotine, l’étude menée par Williams et al. a détecté la présence de plus de 10 métaux et présenta les résultats dans un tableau où les motifs d’inquiétude pour la santé suite à la présence de ces métaux furent également mentionnés. Cependant, nos analyses préliminaires révélèrent que ces motifs d’inquiétude pour la santé étaient associés à une forte exposition, généralement observée dans l’industrie minière ou de transformation métallurgique et non pas à des niveaux comme ceux relevés dans les aérosols d’e-cigarettes. Par conséquent, nous avons décidé de préparer une analyse comparative complète et détaillée des risques.
Les taux mesurés sont de 2,6 à 77.500 fois inférieurs aux limites d’exposition acceptées
Afin de rendre notre analyse plus rigoureuse, nous avons surestimé la consommation quotidienne d’e-cigarettes en supposant qu’un vapoteur tirait 1200 bouffées par jour (plus du double de la moyenne quotidienne). Pour cette analyse, nous avons fixé des limites réglementaires actuellement en vigueur. Nous avons commencé par la limite d’exposition quotidienne admissible de produits inhalés, comme définie par la Pharmacopée américaine. Nous avons établi que pour le cadmium, le chrome, le cuivre, le plomb et le nickel, le niveau moyen d’exposition quotidienne aux e-cigarettes était 2.6-37.4 fois moins élevé que la dose acceptable de produits inhalés. Pour le manganèse, nous avons utilisé un niveau de risque minimum (MRL) comme défini par l’Agence pour le Registre des Substances Toxiques et Maladies (ATSDR), qui a montré que l’exposition aux cigarettes électroniques était 325 fois moins élevée que le MRL. En ce qui concerne l’aluminium, le baryum, le fer, l’étain, le titane, le zinc et le zirconium, nous avons utilisé la limite d’exposition recommandée (REL) comme définie par l’Institut national pour la santé et la sécurité au travail (NIOSH). L’exposition liée à l’utilisation d’e-cigarettes était 665-77,500 moins élevée que la REL.
Avec l’utilisation de plus en plus répandue d’acier inoxydable et de verres en pyrex les e-cigarettes devraient en théorie émettre moins de métaux
Il faut noter que les études analysées se sont penchées sur des atomiseurs de première génération. Il est important d’élargir les recherches aux dispositifs de nouvelle génération. Les derniers développements incluent l’utilisation d’acier inoxydable et des verres en pyrex qui devraient, en théorie, générer moins d’émissions de métaux. Malheureusement, aucune étude de ce type n’a encore été publiée et les fabricants de ces atomiseurs n’ont pas investi en recherches afin de déterminer si ces nouveaux produits réduisaient encore davantage les émissions de métaux. Autre point important, les fortes disparités observées entre les émissions de métaux selon le dispositif utilisé, ce qui signifie qu’il existe une marge d’amélioration considérable.
Pour les fumeurs, l’exposition aux métaux présents dans la vapeur ne devrait avoir aucun impact majeur sur la santé
Les résultats de notre analyse comparative des risques montrent clairement que l’exposition aux métaux des e-cigarettes ne devrait avoir aucun impact majeur sur la santé des fumeurs qui passent des cigarettes classiques aux cigarettes électroniques. Cependant, il existe un besoin d’améliorer la qualité des produits afin de réduire davantage toute exposition inutile. Enfin, il n’existe aucune raison pour que les non-fumeurs soient exposés à ces métaux, peu importe la dose ; par conséquent, nous ne recommandons pas l’utilisation de cigarettes électroniques par des personnes n’ayant jamais fumé.
Traduit de l’anglais d’après l’article original “Metals emitted from e-cigarettes are NOT a reason for health concern, e-cigarette research, Dr Farsalinos, 15 mai 2015
Pour aller plus loin :
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