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États-Unis : La vape en prison soulève des questions

Mis à jour le 6/04/2020 à 11h45
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Le journal Tobacco Control publie les travaux [1] de trois chercheurs américains du RTI, un institut de recherche indépendant, qui se sont penchés sur la question de la cigarette électronique en milieu carcéral.

Une réduction des risques compliquée

Les prisons : une nouvelle niche pour les vendeurs d'e-cigarettes aux États-Unis ?

Les prisons : une nouvelle niche pour les vendeurs d’e-cigarettes aux États-Unis ?

Les Etats-Unis ont le taux d’incarcération le plus élevé au monde (751 pour 100.000 habitants). Le pourcentage de détenus qui fument est de l’ordre de 60 à 80%, soit quatre fois plus que la population générale. Bien que la majorité des prisons du pays interdit la consommation de cigarettes traditionnelles pour diverses raisons, certaines expérimentent la vente d’e-cigarettes auprès de leurs détenus.

D’après les administrateurs pénitentiaires, la vente d’e-cigarettes renfloue les caisses finançant les programmes des prisons, permet de compenser les frais du personnel et réduit le problème de la contrebande, tout en améliorant le moral de la population carcérale. Les distributeurs de cigarettes électroniques s’immisceraient ainsi dans les réunions des autorités locales et certaines sociétés déposeraient même des échantillons de leurs produits dans les diverses prisons des comtés.

Exemple d'une e-cigarette transformée en arme.

Exemple d’une e-cigarette transformée en arme.

Cependant, autoriser la vente d’e-cigarettes dans les prisons comprendrait également des risques selon les chercheurs. En effet, les détenus pourraient utiliser certaines parties de la cigarette électronique comme arme ou cacher de la drogue ou d’autres substances illicites. Pour faire face à ces risques, trois nouvelles marques d’e-cigarettes américaines, Crossbar, Lock-ups et Precision Vapor ont développé un produit à l’attention exclusive du monde pénitentiaire.

La marque Crossbar (littéralement passe-barreaux) propose des e-cigarettes transparentes.

La marque Crossbar (littéralement “passe-barreaux”) propose des e-cigarettes transparentes afin d’éviter que les détenus n’y cachent quelque chose à l’intérieur.

Afin d’éviter que les détenus ne se servent donc des e-cigarettes comme arme, Crossbar a créé une e-cigarette en “plastique souple” plutôt qu’en métal. D’après ce fabricant, cette nouvelle e-cigarette permettrait de réduire la contrebande étant donné que les détenus ne doivent plus faire entrer illégalement du tabac.

De son côté, Lock-up mise sur les caractéristiques de son produit pour concurrencer Crossbar, à savoir une e-cigarette transparente qui limite les risques de dissimuler des substances illicites dans le dispositif. Lock-up a meme tourné une vidéo promotionnelle qui montre comment cacher des substances dans une e-cigarette Crossbar. En réponse, Crossbar a également conçu une e-cigarette transparente.

Les détenus ne bénéficiant généralement pas d’une aide pour arrêter de fumer, l’introduction de cigarettes électroniques dans les prisons permettra de changer la donne selon le RTI.

“Il sera important de suivre l’impact des systèmes électroniques de délivrance de nicotine (electronic nicotine delivery systems – ENDS) sur la population carcérale à travers divers facteurs comme l’exposition passive aux aérosols, la mise en place d’interdiction du fumer dans les prisons, le marché noir des cigarettes dans celles-ci, le comportement tabagique pendant la période d’incarcération des détenus mais aussi après leur sortie, l’utilisation des ENDS dans l’administration d’autres drogues et le transport de contrebande, sans oublier la capacité des détenus à fabriquer une arme à partir d’une e-cigarette”.


[1] E-cigarettes made especially for inmates – Laurel Curry, Youn Ok Lee, Todd Rogers. Tob Control 2014;23:e87-e88 doi:10.1136/tobaccocontrol-2013-051535

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