Ceci n’est pas un article du vendredi, que les choses soient bien claires entre nous. J’avais juste envie de raconter ma vie, et il se trouve que cette envie me prend un vendredi. Le hasard a frappé, voilà tout. Bon, alors voilà : j’ai acheté une bouteille de liquide…
Insomnie, quand tu nous tiens
L’autre soir… Non, c’est trop vague, pour que vous compreniez, il faut situer plus précisément que cela. Dans la nuit de samedi à dimanche. Dimanche matin, techniquement, puisque minuit était passé et déjà reparti, j’étais, pris d’insomnie, en train de surfer sur les Internet. En vrai, je traînais sur Facebook.
Et c’est là que je le vis. LE liquide ultime, le liquide méconnu, celui que seul une poignée d’initiés avaient découvert, et l’un d’eux rompait le serment du silence qu’ils s’étaient jurés une nuit de pleine lune sur le rocher sacrificiel où gisait une vierge qui clamait à qui voulait l’entendre qu’elle ne croyait pas en l’astrologie.
Concomitamment se réveillèrent ma passion pour vaper les liquides que je ne connais pas et ma légère tendance à l’exagération. Aussitôt, je me mis en quête de la petite pépite en question. Et Google ne manqua pas de m’éclairer sur une boutique où, justement, elle était en stock.
Là, l’homme raisonnable en moi fit entendre sa voix. N’avais-je déjà pas un stock important de liquides ? Si. Ne risquais-je pas d’être déçu une énième fois, comme souvent par le passé, par une produit survendu mais finalement assez décevant ? Si. N’avais-je pas mieux à faire de cet argent durement gagné ? Certainement. Et la question cruciale : avais-je besoin de ce liquide ? Sans aucun doute non.
Après avoir chaleureusement remercié ma partie raisonnable de sa contribution au débat, je passais donc commande.
À 0 h 34, je validais donc l’achat. PayPal m’informa à 0 h 35 que mon paiement avait été accepté, tandis que simultanément la boutique m’envoyait un mail récapitulatif de la commande, rien que de très normal.
Et à 0 h 47, dans la nuit de samedi à dimanche, je reçus un autre mail de la boutique m’informant que ma commande était en cours de préparation.
Esclavage moderne
Surpris, je relus le mail. Il était dénué de toute ambiguïté. Il affirmait que quelqu’un était en train de préparer ma commande. Alors que la nuit la plus noire étendait ses ailes sur la terre épuisée, que les honnêtes gens dormaient du sommeil du juste, quelque part, dans un grand entrepôt sinistre et vide, peut-être à la lueur d’une simple chandelle, une silhouette solitaire s’avançait sans trembler entre des rayonnages dont l’armature de métal évoquait le squelette de quelque créature contrefaite toujours prompte à se saisir entre ses doigts d’acier tranchants les créatures innocentes passant à sa portés pour se repaître de leur corps meurtri.
Tout cela juste pour aller me chercheur une bouteille de liquide afin d’en faire un colis qui, de toute façon, ne partirait pas avant l’ouverture de la Poste lundi.
D’ailleurs, le colis est effectivement parti le lundi. Oui, c’est une ellipse. La Poste m’a informé qu’il avait été pris en charge à 17 h. Et là, j’ai vu rouge.
Parce que c’est honteux. Les commandes, dans cette boutique, sont manifestement traitées par deux individus très différents. L’un, consciencieux, n’hésite pas à se lever la nuit pour aller préparer avec amour la commande d’un client, et y glisser en plus l’échantillon d’un autre liquide et un Carambar. L’autre, qui pendant ce temps-là dormait à poings fermé, prend tout son temps pour aller jusqu’à la Poste déposer le précieux.
C’est honteux. J’espère qu’il lira ceci et que le rouge de la honte empourprera son front lisse de celui qui ne se fait jamais de soucis.
Je me suis ouvert de mon ire à un ami, qui m’a répondu que ce mail de préparation de commande était sans doute généré automatiquement par un programme qui n’avait pas été configuré aux heures d’ouverture de la boutique.
Ben voyons. Et pourquoi pas envoyé via la 5G par un programme inventé par Bill Gates tant qu’on y est ? Non seulement les complotistes racontent n’importe quoi, mais de surcroît, ils sont très irrespectueux de ceux qui se lèvent la nuit le week-end pour préparer un commande à 20 balles.
Sur ce, les vacances s’achèvent, la semaine prochaine, il sera temps de reprendre les articles du vendredi.
Voilà. De rien.
D’aucun se demanderont sans doute si le liquide en valait la peine. Et ma réponse sera claire et sans ambiguïté : j’en sais rien, là il steepe.