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Comment des études douteuses peuvent influencer les décisions de santé publique, explications du Dr Farsalinos.

Mis à jour le 21/09/2022 à 16h06
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A partir de l’exemple d’une étude récente publiée dans le journal Building and Environment, le Dr Farsalinos critique des conclusions émises sur la base d’hypothèses irréalistes et montre comment elle pourrait influencer les politiques de santé publique.

Le Docteur Farsalinos a récemment publié dans son blog des commentaires sur une étude à paraître concernant les émissions des e-cigarettes et destinée à en évaluer les risques. Ce type d’étude influence le législateur sur des décisions majeures pour les utilisateurs de cigarette électronique, telles que, par exemple, autoriser ou interdire le vapotage dans les lieux publics ou sur leur lieu de travail.

Le résumé et les conclusions de l’article ont piqué au vif l’intérêt du docteur qui a entrepris enthousiaste la lecture du manuscrit dans son entier. Pourtant, arrivé à la section méhodologie, il s’est arrêté net. La méthode employée lui est apparue si peu crédible qu’il a tout simplement renoncé à aller au bout du document. Comment des conclusions qui s’appuient sur des hypothèses si loin de la réalité pourraient elles être pertinentes ? Il a tout de même décidé d’en faire un billet, pour montrer comment le législateur et le régulateur sont informés et sur quelles bases ils peuvent prendre leurs décisions en matière de santé publique.

Nous vous livrons ici la traduction intégrale de son article.

Les vapoteurs peuvent-ils absorber et exhaler 100% de la vapeur ? D’après un chercheur californien, la réponse est … OUI !

Par le Dr Farsalinos

Aujourd’hui, j’ai reçu une étude encore sous presse que j’ai commencée à lire. Cette étude, publiée par le journal Building and Environment et dont l’auteur est un scientifique californien du Génie de l’environnement intérieur (Indoor Environmental Engineering), s’est penchée sur les émissions directes et indirectes des e-cigarettes et a effectué une évaluation des risques relatifs.

Dans le résumé, il est dit que l’exposition directe dépasse la limite de sécurité dans 7 des 9 substances chimiques testées alors que l’exposition indirecte dépasse la limite de sécurité dans 2 des 9 de ces substances analysées. L’auteur conclut que les e-cigarettes rejettent de nombreuses substances chimiques dans l’atmosphère et qu’elles doivent être réglementées de la même manière que les cigarettes de tabac.

J’étais impatient de lire le manuscrit entier et découvrir quelles étaient ces 7 substances chimiques qui dépassaient la limite de sécurité liée à l’exposition aux e-cigarettes mais je fus « forcé » d’interrompre ma lecture une fois arrivé à la section méthodologies. Cette étude n’est qu’un compte rendu des précédentes études, ce qui n’a rien de mal. Cependant, pour l’évaluation des risques, l’auteur a mentionné (je le cite, afin d’éviter tout malentendu) : « Evaluation d’une exposition directe… On suppose que l’absorption de la vapeur inhalée était de 100% pour tous les composés ». Par conséquent, l’auteur part du principe que 100% de la vapeur inhalée était absorbée par les poumons. De toute évidence ceci est faux. Toutefois, dans le paragraphe suivant, l’hypothèse étonnante suivante est émise : « Evaluation d’un exposition indirecte (passive)… Pour cette évaluation, nous sommes partis du principe que 100% de la vapeur inhalée par l’utilisateur était exhalée dans l’air ambiant et que l’absorption de l’aérosol exhalé dans l’air ambiant était de l’ordre de 100% pour tous les composés. »

De nombreuses personnes prendront cela comme une plaisanterie. Cependant, parvenir à une conclusion pertinente en émettant de telles hypothèses (qui sont toutes deux loin de la réalité) reste pour moi une énigme. Il était inutile de lire la suite de ce manuscrit ; cela étant, rédiger ce commentaire a son utilité car tout le monde doit comprendre la manière dont les régulateurs et les législateurs sont informés à travers la science et la façon dont ils prennent leurs décisions en matière de santé publique.