Vous êtes ici : Vaping Post » Communauté » Partie en fumée

Partie en fumée

Mis à jour le 10/07/2024 à 21h05
    Annonce
  • Calumette
  • le petit vapoteur
  • Pulp
  • Vaporesso
  • Innokin
  • Vincent
  • Voopoo

“Vous avez repris”, dis-je. C’est un constat, et je ne cherche même pas à cacher ma déception.

“J’ai préféré reprendre la cigarette”

“Madame Chombier* ?” L’exclamation a fusé, en pleine rue. J’ai parlé un peu fort, sous le coup de la surprise. Elle me regarde, un peu gênée, recrache la fumée de sa cigarette, essaie de la dissimuler. 

Madame Chombier est cliente depuis que je travaille à la boutique. Tous les samedis matin, à onze heures précises, elle entre pour acheter cinq flacons de menthe fraîche en 12 mg/ml et une résistance pour Zénith. Une femme d’habitude, Madame Chombier, mais celle de fumer, c’est moi qui la lui avais fait perdre, huit mois plus tôt.

Elle me regarde, un peu distante, un peu gênée, et elle explique “Oui, ben j’ai vu que ça tuait, il y a des morts en Amérique, vous savez, j’ai préféré reprendre la cigarette”. Je lui explique que non, tout cela est une affreuse méprise, je lui raconte le THC, l’huile de vitamine E, mais rien n’y fait. Madame Chombier me regarde sans aménité. Il y avait une certaine forme de bienveillance, avant, dans ces yeux-là, il faut dire, j’ai l’âge de son fils, comme elle me l’avait expliqué, mais il ne reste rien de tout cela.

“Oui, évidemment, c’est votre métier, il faut bien que vous défendiez votre bifteck”. À nouveau dans ses yeux, je vois qu’elle se croit trahie. Elle s’imagine peut-être que je rentre tous les soirs dans mon manoir, et que, en descendant de ma voiture de sport, j’enjambe les cadavres de mes victimes du jour.

Ballade pour un sauveur déchu

À ses yeux, je ne sauve plus les vies, je les prends. Et si j’en juge par la fréquentation du magasin depuis un mois, elle n’est pas la seule. Je finis par prendre congé, poliment. C’est peine perdue.

À l’origine, je voulais juste acheter du pain. Marchant vers la boulangerie, je passe devant le bureau local du journal. Celui que je lis tous les matins depuis trente ans. Celui que mes parents lisaient, et leurs parents avant eux. Celui qui avait annoncé la libération de la ville et le premier pas de l’homme sur la Lune. Mû par une impulsion, j’entre.

À l’intérieur du bureau, la chargée d’accueil s’enquiert du motif de ma visite. Le regard et le ton froid, imitant sans m’en rendre compte Madame Chombier, je dis simplement : “Je suis venu résilier mon abonnement.”

* Madame Chombier ne s’appelle évidemment pas comme ça.

Les commentaires sont fermés.