Si le CBD fait l’objet, au niveau européen, de vagues de légalisation, volontaires ou non, le THC reste très généralement interdit. Pourtant, c’est bien l’ensemble de ces deux molécules, et non uniquement le CBD, qui est considéré comme « cannabis médical ».
(Crédit image : Bloom)
Un THC vous manque et tout est à soigner
Le cannabis, tel qu’on l’entend, c’est à dire issu de Cannabis sativa, version domestique du chanvre, a des effets qui sont dus principalement à deux molécules : le cannabidiol, appelé CBD, et le Tétrahydrocannabinol, abrégé THC.
Si les deux molécules ont des effets, seul le THC est psychotrope, ce qui lui vaut, dans la plupart des pays européens, une interdiction. Le CBD en revanche est largement légalisé dans l’UE, avec plus ou moins d’enthousiasme, comme le montre l’exemple français.
Le CBD est utilisé pour ses propriétés relaxantes, qui en font un anti-douleur assez efficace selon ses usagers. Même si la science n’est pas parvenue à un consensus à ce sujet.
En revanche, le THC souffre d’une mauvaise réputation. Pour faire bref : selon bon nombre de législateurs, c’est de la drogue, un stupéfiant, et, par conséquents, interdit.
La situation semble donc simple, le CBD détend, favorise le sommeil, calme la douleur, déstresse, le THC fait voir des éléphants roses au plafond, chacun est dans on rôle d’imagerie populaire. Voilà pourquoi il est assez fréquent de voir, sur des forums généralistes, voire sur des sites spécialisés en « médecines douces », une confusion qui fait penser que le cannabis médical, c’est le CBD. C’est une erreur.
Les vertus supposées du THC
En effet, le CBD est du CBD, avec ses vertus, ce qui n’est déjà pas si mal. Mais ce qui est appelé le « cannabis médical » est la combinaison des deux molécules, CBD et THC.
Le THC aurait, en effet, également des propriétés intéressantes. Les consommateurs de cannabis récréatif le disent régulièrement : « un joint, ça donne faim ». Et il s’avère que c’est un effet qui intéresse beaucoup la médecine. Il est testé dans des médicaments destinés à lutter contre les troubles de l’appétit, notamment chez des patients à un stade avancé du SIDA.
Pour les patients atteint du cancer et suivant des chimiothérapies lourdes, la combinaison CBD et THC intéresse aussi l’industrie pharmaceutique. Le CBD pour lutter contre les douleurs chroniques et alléger les traitements médicamenteux, et le THC parce qu’il possède des vertus anti-vomitives, qui sont un effet secondaire très fréquent des chimios.
Enfin, le THC a des effets vasodilatateurs, ce qui l’indiquerait dans le traitement de certains glaucomes et offrirait une piste intéressante pour lutter contre certaines migraines.
Aujourd’hui, les traitements qui exploitent les propriétés du THC la dosent avec précision (Bedrocan, Sativex), voire en proposent une version de synthèse (Marinol, Cesamet).
Une réserve subsiste néanmoins : l’immense majorité des études qui affirment des effets constatables du THC sont issues de laboratoires qui ont sollicité une autorisation de mise sur le marché pour un produit en contenant. A ce jour, il n’existe pas de consensus scientifique autour d’études indépendantes, voire une franche opposition de toute une partie de la communauté scientifique.
Mais ce qui est entendu lorsqu’il est question de cannabis médical, c’est soit la combinaison de CBD et de THC, soit le THC seul.
Sources :
Cannabidiol in Anxiety and Sleep: A Large Case Series (eétude publiée dans The Permanente Journal)
An Epidemiologic Review of Marijuana and Cancer (dans le Cancer Epidemiology, Biomarkers and prevention)
Cannabinoid Receptor 2 (CB2) Signals via G-alpha-s and Induces IL-6 and IL-10 Cytokine Secretion in Human Primary Leukocytes (étude du Cold Spring Harbor Laboratory)
Δ-9-Tetrahydrocannabinol Inhibits Antitumor Immunity by a CB2 Receptor-Mediated, Cytokine-Dependent Pathway (étude publiée dans le Journal of Immunology)