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Avec ou sans nicotine, la cigarette électronique aide les fumeurs à réduire durablement leur consommation de tabac

Mis à jour le 24/04/2023 à 13h59
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Efficacité et sécurité d’une cigarette électronique comme substitut aux cigarettes de tabac: une étude prospective de 12 mois par Ricardo Polosa et son équipe

 

Cela peut vous paraitre évident si vous êtes vapoteur, mais en science chaque affirmation doit respecter des fondements bien précis et pour affirmer que la cigarette électronique aide bel et bien les fumeurs à arrêter de fumer ou réduire leur consommation de tabac, et bien il faut le prouver par des essais cliniques.

La cigarette électronique, en tant que produit de consommation, ne peut prétendre aujourd’hui au sevrage tabagique, terme exclusivement réservé aux médicaments ayant démontré leur efficacité dans l’arrêt du tabac.

Médicament ou pas, à l’heure où les débats politiques s’intensifient pour savoir quoi faire de ce produit, il est important de comprendre scientifiquement ses effets sur le comportement tabagique afin de le règlementer correctement.

Le docteur Riccardo Polosa est directeur de l’Institut de médecine interne et d’immunologie clinique de l’Université de Catane en Italie. Il est également en charge du Centre de l’Université pour la recherche sur le tabac (CPCT), et professeur honoraire de médecine à l’Université de Southampton (Royaume-Uni). Il est l’auteur de plus de 200 articles revus par des pairs et de livres couvrant principalement la médecine respiratoire, immunologie clinique et la dépendance au tabac.

L’étude de Polosa a récolté des données sur les niveaux de monoxyde de carbone (ECO) mesurés chez des sujets fumeurs (ne souhaitant pas arrêter) qui ont utilisés la cigarette électronique sur une période définie (12 mois). Les taux de réduction dans la consommation de tabac et d’abstinence des fumeurs ont été calculés. Les effets indésirables et les préférences de produits ont également été examinés.

Il est important de noter que le modèle de cigarette utilisé date de 2009 (type mini) et ne correspond pas aux standards actuels (à priori plus efficaces).

Conclusion de l’étude

L’étude de Polosa est intitulée “Efficacité et sécurité d’une cigarette électronique comme substitut aux cigarettes de tabac: une étude prospective de 12 mois” et voici la conclusion :

Chez les fumeurs ne désirant pas arrêter de fumer, l’utilisation des cigarettes électroniques, avec ou sans nicotine, a fait baisser leur consommation de cigarettes et maintenu leur abstinence sans causer d’effets secondaires notables.

La réduction du tabagisme a été observée dans 22,3% et 10,3% des cas respectivement à 12ième semaine et la 52ième semaine. L’abstinence complète de la consommation de tabac a été documentée dans 10,7% et 8,7% respectivement à la 12ième semaine et la 52ième semaine. Une diminution substantielle des effets indésirables entre le début et la fin de l’étude a été observée et des symptômes de sevrage ont été rarement rapportés au cours de l’étude. La perception et l’acceptation des participants au produit visé par l’enquête ont été jugées satisfaisantes.

Quelques commentaires issus de l’interview de Ricardo Polosa par Paul Bergen

Plus l’expérience comportementale et sensorielle du tabagisme est reproduit par le vapotage, plus les fumeurs sont susceptibles d’adopter les e-cigarettes à long terme. Il est intéressant de noter comment le développement de ces produits et l’évolution de la santé publique vont dans ce sens. Ceci est également corroboré par le fait que les taux d’abstinence observés dans cette étude restent assez stables tout au long de la période de 52 semaines d’observation. C’est quelque chose que vous n’observez pas fréquemment dans une étude sur le sevrage tabagique typique, où les taux d’abandon ont tendance à diminuer progressivement au cours des premiers mois qui ont précédé le plafonnement.

A propos des taux d’arrêt de la vapote

Dans notre étude, le passage à l’e-cig a abouti à l’abstinence totale de fumer pour environ 10% des fumeurs n’ayant pas eu l’intention de cesser de fumer, parmi eux seulement 26,9% vapotaient encore à la fin de la période d’observation. Ainsi, 73,1% des vapoteurs réguliers ont fini par arrêter la vapote (et arrêter le tabac). Probablement, le fait que les participants n’ont pas été fournis en ecig au-delà de la phase d’intervention de 12 semaines de l’étude, et que sa disponibilité commerciale au cours de la phase d’extension était pauvre, a produit un effet inattendu.

A propos de la prédisposition inconsciente à arrêter de fumer

Nous ne pouvons pas exclure la possibilité dans cette étude que des sujets étaient prédisposés à arrêter de fumer involontairement. Pour ces personnes, la cigarette électronique aurait pu faciliter un besoin persistant en faveur d’un changement de comportement. L’e-cig a pu stimulé inconsciemment une progression vers des étapes du changement (de la pré-contemplation à la contemplation, de la détermination à l’action – à savoir l’abandon).

A propos de différents types d’e-cigarette pour différents types de profils

Les taux d’abandon étaient systématiquement plus faibles pour le groupe de sujets “sans nicotine”, sans différence notable entre les groupes nicotine aux doses élevées ou moyennes (ce qui est également soutenu par le constat que les niveaux de cotinine salivaire étaient similaires dans les deux groupes).

Un problème dans l’étude était le mauvais goût dans e-liquides sans nicotine (nous n’étions pas au courant de cela quand nous avons commencé l’étude). Nous croyons que les facteurs sensoriels plutôt que l’absence de nicotine ont entraîné une baisse des taux de réussite dans ce sous-groupe. Comme toujours, la vérité se trouve au milieu.

Il y a des phénotypes différents de fumeurs, ceux qui sont accros à la nicotine («médicamenteux» par la nicotine) d’un côté, et d’un autre ceux qui fument pour le plaisir de fumer (besoin sensoriel, comportemental, facteurs sociaux …), avec une variété de phénotypes mixtes entre les deux. Pour ceux qui ont besoin de leur dose quotidienne de nicotine, il est préférable d’investir sur des produits de haute performance qui sont en mesure de satisfaire leur besoin personnel en nicotine. Pour ceux qui aiment fumer, la meilleure solution est d’assurer un produit qui répond à leurs composantes psycho-sensorielles, en particulier celles liées au goût.

Nous avons conçu des protocoles d’étude qui comprennent une phase de “rodage” dans laquelle les participants ont pu essayer différentes marques / modèles / arôme afin qu’ils puissent adopter celui qu’ils considéraient comme étant le meilleur, avant d’être officiellement inclus dans l’étude. C’est ce que j’appelle “la médecine personnalisée” appliquée à la recherche clinique pour l’e-cig.

A propos du sentiment de ne pas arrêter de fumer avec l’e-cigarette

Paul Bergen : si je vous comprends bien vous dites que les e-cigarettes sont efficaces pour aider les gens à cesser de fumer, précisément parce qu’elles ne donnent pas l’impression d’arrêter. Une mauvaise expérience dans une tentative d’arrêt pourrait alors empêcher le fumeur à vouloir réessayer. Là encore, cela pourrait être un argument pour rendre les produits contenants de la nicotine aussi attrayants que possible.

Ricardo Polosa : Bien vu ! La cigarette électronique encourage les fumeurs à faire spontanément quelque chose de bon pour leur santé. Un prix adéquat pour un produit largement disponible le rendra efficace, attrayant, et aura le potentiel de devenir une arme stratégique majeure pour le succès dans la lutte mondiale contre le tabac.

Retrouvez d’autres informations similaires dans la liste (non exhaustive) des études sur la cigarette électronique