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Allégations thérapeutiques : le point sur le CBD

Mis à jour le 5/08/2024 à 18h37
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La légalisation du Cannabis sur le continent américain entraîne une véritable folie commerciale : le succès des revendeurs et des fabricants est au rendez-vous, avec ce que ça implique de belles histoires… Mais aussi d’allégations folles. Philippe Demmerle, dirigeant de Smok’In et co-gérant de E-liquide-cbd.info, analyse la situation pour le Vaping Post.

On lit ici et là que le cannabis a été légalisé aux USA. Est-ce si simple que cela ? Que dit la législation sur place ?

Philippe Demmerle : La consommation de cannabis pour raison médicale est légale dans 33 des 50 états américains ainsi qu’à Washington, et dans 10 états et la capitale fédérale pour un usage récréatif. Malgré le fait que le cannabis (avec plus de 0,3 % de THC) soit illégal et considéré comme une drogue au niveau fédéral, plusieurs états l’ont légalisé ces dernières années.

Mais le principal changement vient de la Farm Bill 2018 : avec cette loi, le chanvre a été légalisé au niveau fédéral et le chanvre avec moins de 0,3 % de THC n’est plus considéré comme une drogue classé en catégorie 1 parmi les plus dures comme l’héroïne ou l’ecstasy… La Législation de 2018 autorise la culture commerciale du chanvre à grande échelle et supprime les restrictions relatives au transport des produits dérivés du chanvre, y compris le CBD, entre les différents états, tant que ces derniers se conforment à un ensemble de restrictions très simple.

Tout cela permet d’envisager un avenir plus serein pour les cultivateurs et la recherche sur les différents cannabinoïdes et leurs effets, dont le CBD.

Toutefois, la législation est encore floue et peut prêter à interprétation surtout avec les différentes lois au niveau fédéral et au niveau des états. Un article de Newsfeed le précise d’ailleurs très bien : “Les Etats-Unis ont légalisé le chanvre au début de cette année ouvrant ainsi la porte à un marché unifié des produits au CBD. Cependant, peu après cette légalisation, la Food and Drug Administration précisait que certains produits comme les compléments alimentaires n’étaient toujours pas commercialisables au niveau fédéral, faute de régulations. A l’heure actuelle, la situation américaine en la matière est celle d’un patchwork de législations étatiques différentes dans lequel les acteurs économiques naviguent à l’aveugle.”

La FDA se concentre donc sur les variations alimentaires des produits dérivés du cannabis ?

Philippe Demmerle : Après l’adoption du Farm Bill 2018, la FDA a déclaré que les produits alimentaires ne pouvaient contenir de CBD que si ils étaient approuvées par son autorité, surtout lorsque des allégations thérapeutiques sont utilisées pour vendre ces mêmes produits. Avec un certain nombre de conséquences : embargo sur les produits qui ne peuvent plus être vendus, impossibilité de présenter un produit au CBD comme complément alimentaire. Au final, on se retrouve avec un environnement très flou sur les produits alimentaires au CBD légaux et ceux qui ne le sont pas.

On peut faire le parallèle avec ce qu’il se passe en Europe, et les nouvelles régulations européennes sur les innovations alimentaires (NOVEL FOOD) entrées en vigueur le 1er janvier 2019.

Les allégations thérapeutiques sur le cannabis font florès aux USA, et nous laissent un peu pantois, en Europe, tant cela semble représenter un gouffre avec ce qui est autorisé ici. Comment l’expliquer ?

Philippe Demmerle : Aux USA, le cannabis et les cannabinoïdes sont entrés dans la consommation quotidienne et légale depuis maintenant plusieurs années dans certains états ; avec une utilisation médicinale approuvée dans plusieurs états, on comprend que les allégations sur les vertus thérapeutiques soient répandues.

Culturellement, c’est très différent de la France et on voit aux USA des célébrités, des personnalités publiques ainsi que de nombreux sportifs que ce soit en M.M.A., cyclisme, triathlon, N.B.A., etc… avouer leur consommation de cannabis, et plus largement de CBD pour ses propriétés Anti-inflammatoire, décontractant, anxiolytique, etc. (En effet, l’Agence Mondiale Antidopage a retiré le CBD de la liste des substances interdites) 

Ville de San Francisco. Depuis le 1er janvier 2018, il est par exemple possible de fumer légalement du cannabis en Californie. Le CBD est un marché connexe en plein développement, mais reste un sujet toujours controversé.

Avec cette légalisation, sont apparus les consommateurs et les témoignages accordant au cannabis des vertus thérapeutiques avérées. C’est en partie pour cela que les cannabinoïdes au sens large sont appréciés et utilisés en masse aux USA.

Mais il y a eu des effets concrets et mesurables sur la santé publique ?

Philippe Demmerle : Il y en a au moins un qui n’est pas négligeable, l’utilisation de cannabis médical a permis de faire reculer la consommation d’opioïdes, véritable fléau, entraînant des milliers de morts par overdose chaque année (là où il n’y a eu aucun cas d’overdose lié à l’utilisation de cannabis).

Pour vous expliquer concrètement ce dont il est question : les opioïdes sont devenus la principale cause de mortalité accidentelle aux USA, devant les armes à feux et les accidents de la route ! En 2017, cela représentait 71 000 morts par overdose d’opioïdes.

D’ailleurs, nous ne sommes pas épargnés : en France, les opioïdes sont devenus la première cause de mort par overdose avec environ 3 décès par jour et un millier par année.

D’ailleurs, en France, serait-il possible de voir de telles allégations thérapeutiques apparaître en cas de légalisation ?

Philippe Demmerle : Culturellement parlant, il est encore interdit et mal perçu en France de parler de vertus thérapeutiques pour le CBD et les cannabinoïdes en général car on fait souvent et encore l’amalgame entre cannabis, chanvre, THC et CBD. En France on a donc encore une image très négative du chanvre et des composés qu’il contient, les cannabinoïdes, car ils sont généralement associés au THC considéré comme une substance illégale. Ce frein culturel tend à diminuer avec le développement de l’information et le nombre grandissant de pays qui font désormais la différence entre le cannabis des autres drogues.

De plus, et comparativement à d’autres pays, tels que les États-Unis, la Suisse, Israël, la Turquie, le Canada, etc.  la France, bien qu’ayant été l’un des plus gros pays consommateur d’anxiolytiques en Europe, qu’étant le plus grand consommateur de cannabis et le premier pays producteur de chanvre en Europe, considère encore les sujets liés au cannabis comme “tabou”, et a déjà pris énormément de retard sur les développements possibles de la culture, de la transformation et de l’utilisation du chanvre, tant sur le plan médical, que sur les retombés économiques que cela pourrait engendrer !

Pour y voir plus clair, qui est qui parmi ces différentes substances ?

Philippe Demmerle : Le cannabis (sativa L), est le nom latin d’une plante, le chanvre. Le chanvre textile ou agricole est cultivé en France depuis très longtemps et en grande quantité. Ce chanvre ne contient que tes taux insignifiants de THC, mais il est riche en cannabidiol (CBD), une molécule à la propriété apaisante, non stupéfiante, et légale.

Chanvre : nom commun donné au cannabis sativa L. contenant moins de 0.3 % de THC aux U.SA. et moins de 0.2 % en Europe.

Marijuana : nom commun de tout cannabis indica contenant des quantités de THC supérieur à 0.3 % aux U.S.A

Le CBD est souvent associé à l’image récréative du cannabis, et est fréquemment confondu avec le THC qui est psychotrope et addictif, là où le CBD n’est ni psychotrope, ni addictif.

Et maintenant, LA grande question : sur les allégations thérapeutiques, qu’est-ce qui est vrai, avéré scientifiquement, qu’est ce qui est supposé, qu’est ce que relève du fantasme ?

Philippe Demmerle : Pour la réalité scientifique, il y a déjà deux excellents articles à lire, un qui vient du LFEL, et un autre sur… Le Vaping Post. Et plus, spécifiquement, le L.F.E.L à publié un autre dossier, très intéressant sur les propriétés pharmacologique du CBD (page 7 et 8), avec notamment des références bibliographique avérées

Par contre, toutes les allégations proposant le CBD comme un remède miracle pouvant soigner des maladies complexes et graves et remplacer tout traitement médical conventionnel sont dangereuses et peuvent amener certains consommateurs à délaisser totalement la médecine conventionnelle.

Les molécules uniques, prises indépendamment les unes des autres, donc, sont considérées comme utilisables par les agences sanitaires, comme la FDA. Pourtant, les cannabinoïdes utilisés ensemble semblent avoir de meilleurs résultats, selon des études récentes.

Alors, le CBD, on l’utilise pour quoi et comment ?

Philippe Demmerle : Le CBD existe sous forme de cristaux, de capsules ou de liquide huileux que l’on peut placer sous la langue (absorption sublinguale), en spray buccal en ce qui concerne le Sativex, et aussi maintenant en liquide à vaper.

Cette dernière étant une forme très intéressante grâce à sa biodisponibilité, et le fait que l’absorption pulmonaire est plus rapide est nécessite de plus faibles doses. Je vous recommande un excellent article de Jacques Le Houezec à ce propos (CF sources). Le CBD dans les e-liquides permet une “réduction des risques” (on peut faire un parallèle avec l’aide à l’arrêt du tabac), et permet une grande biodisponibilité et donc une assimilation optimale.

La vape d’e-liquides au CBD est destinée à ceux qui utilisent déjà une cigarette électronique et à ceux qui fument ou qui souhaitent se tourner vers la vape en vue d’un arrêt de la cigarette : les non-fumeurs et non-vapoteurs peuvent se tourner vers un autre mode de consommation.

J’avais également prévu de parler de l’utilisation du CBD dans les huiles (huiles sublinguales) destiné à une consommation par voie orale, mais avec l’adoption des nouvelles régulations européennes (NOVEL FOOD), et en attendant plus de clarification de la part des instances gouvernante, je pense qu’il ne faut pas aborder le sujet.

Pour conclure, j’ajouterai que les cannabinoides, n’en sont encore qu’aux balbutiements, et d’énormes possibilités s’ouvrent quant au développement de l’utilisation de ces derniers, tant sur le plan thérapeutique, bien-être et économique, avec un champ d’utilisation et de possibilités, qui pour le moment ne sont freiner que par nos instances gouvernantes.

Sources :

Farm Bill 2018 :

https://www.cbdforlife.us/blogs/blog/is-cbd-legal-in-the-usa/

https://www.analyticalcannabis.com/articles/the-2018-farm-bill-what-this-means-for-hemp-311394

Les sportifs et le cannabis :

https://www.hexagonevert.fr/cbd-et-sport-les-athletes-remplacent-libuprofene-et-les-opioides/

http://cannabis-cbd-chanvre-information.com/2018/06/le-cbd-dans-le-sport-de-haut-niveau.html

https://www.hexagonevert.fr/cbd-officiellement-autorise-agence-mondiale-anti-dopage/

Opioïdes et cannabis :

https://www.newsweed.fr/illinois-prescriptions-opioides-cannabis/

Le marché du cannabis :

https://www.forbes.fr/business/les-revendeurs-de-cannabis-bien-etre-ne-sont-plus-des-dealers/

https://www.challenges.fr/economie/le-cannabis-pourrait-representer-jusqu-a-1-5-milliard_643400

Etude sur les molécules seules et les cannabinoïdes utilisés ensemble :

https://www.projectcbd.org/science/single-compound-vs-whole-plant-cbd

L’article de Jacques Le Houezec :

http://jlhamzer.over-blog.com/