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Vous ne devinerez jamais qui veut arrêter la cigarette

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Oui, je sais, cet article a un titre putaclic plus gros que ça on peut pas, mais, une fois n’est pas coutume, il n’est pas exagéré. Vous ne devinerez en effet jamais qui a fait savoir publiquement, en Angleterre, qu’il allait arrêter la clope. Bon, évidemment, au Vaping Post, on est d’indécrottables rabat-joie. 

Bonté divine

Ca a été certainement une surprise, et une grosse, pour de nombreux britanniques. En effet, en ouvrant leur journal, le 2 janvier dernier, les sujets de sa très gracieuse Majesté ont pu découvrir un encart publicitaire qu’une grande société avait acheté pour présenter ses vœux, une coutume relativement répandue.

Sauf que cette publicité a causé une certaine surprise et certainement une grande vague de stupéfaction. On imagine ce dialogue entre conjoints, pour celles et ceux, qui, du moins, disposaient à la fois d’un journal et d’un conjoint.

« – Bonté Divine, darling, tu ne devineras jamais qui arrête la cigarette !
– Je ne sais pas, euh… Robbie Williams ?
– Non, darling ! Phillip Morris !
– Qui est-ce ? Un candidat de Britain’s got talent ?
– Mais non, le fabricant de cigarettes.
– Damn ! »

Grosso modo. La société annonçait, plus précisément : « Chaque année, de nombreux fumeurs arrêtent (le tabac). Maintenant, c’est notre tour. » avant de poursuivre « Notre ambition est d’arrêter de vendre du tabac au Royaume-uni. Ce ne sera pas facile. ». Tu m’Elton, John !

Le monde du tabac sous le choc

Le Monde du Tabac (l’équivalent du Vaping Post pour les fumeurs) ont, eux aussi, pris connaissance de la nouvelle, et, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’ils semblent en avoir perdu, non seulement leur latin, mais aussi leur anglais. Le texte est présenté avec moult précautions, et il est bien stipulé qu’il est « traduit sous notre responsabilité ».

On imagine la scène : ils lisent le texte. Puis, ils le relisent. Puis ils reniflent leur cigarette pour voir si, au réveillon, leur beau-frère Bébert, spécialiste de l’humour trash, n’y a pas subrepticement glissé des substances psychoactives. Puis ils passent le texte à tous les traducteurs qu’ils connaissent, Google Translate, Reverso, et Jean-Kevin, le neveu agrégé d’anglais.

Enfin, ils décident de le publier, tout en le faisant jouxter avec l’image originale du texte britannique, au cas fort improbable où un contresens qui leur aurait échappé saute aux yeux d’un lecteur.

Message amical à la rédaction du Monde du Tabac : non, les gars, je confirme, vous avez bien lu.

Phillip Morris écrase la cigarette ?

Il faut les comprendre. Phillip Morris qui félicite indirectement ceux qui arrêtent de fumer et qui annonce qu’ils veulent arrêter de vendre des clopes aux anglais, c’est un peu comme… Ah, damn, je ne sais pas. Comme la Corée du Nord qui demanderait à devenir le cinquante-et-unième état des USA, comme Anish Kapoor qui s’excuserait d’avoir répandu ses immondices à Versailles et reconnaîtrai que si les artistes contemporains font n’importe quoi, c’est parce qu’aucun d’entre eux n’aurait assez de talent pour peindre un nouveau « Radeau de la Méduse », comme… Non, j’allais dire comme un film sur Batman qui serait meilleur que ceux de Christopher Nolan, mais il faut rester dans les limites du plausible.

Vous voyez l’idée.

Bref, c’est quelque chose d’incroyable, d’extraordinaire, et, en apprenant la nouvelle, au Vaping Post, nous avons tout naturellement… Cherché l’arnaque. Parce que, bon, on s’en doute, le PDG de Phillip Morris ne s’est pas rendu devant les actionnaires pour leur dire « Ce que nous faisons, c’est pas bien, on arrête ». Si vous l’avez cru, c’est que votre liquide au CBD est dosé beaucoup trop fort.

Recentrage

La mauvaise nouvelle, parce qu’il y en a une, c’est que si Phillip Morris veut cesser de vendre des cigarettes aux anglais, la société ne renonce pas pour autant à essayer de leur fourguer des trucs. Par trucs, entendez la vape et le tabac chauffé, pour lesquels ils ont, disent-ils « investi 2,5 milliards de livres en recherche et développement ». Bien entendu, le fait que la société dégage beaucoup plus de marge sur les produits de la vape et le tabac chauffé que sur la cigarette n’entre absolument pas en ligne de compte.

Enfin, eux, ils disent « alternative saine au tabac », comme nous, sauf que nous, on le dit depuis beaucoup plus longtemps qu’eux, et puis surtout, on ne parle que de la vape.

La méthode qu’ils se proposent d’adopter, c’est de promouvoir un site internet, « Smokefreefuture », destiné à aider les fumeurs désireux d’arrêter où de se tourner vers des « alternatives plus sûres ». Des alternatives plus sûres, comme, je ne sais pas, un T18 de chez Innokin monté sur une iStick Pico ? Non ? Ah, bon.

Également prévu au programme, demander l’autorisation aux autorités d’insérer dans les paquets de cigarettes un petit dépliant pour arrêter le tabac, et de l’aide aux administrations locales qui n’auraient pas les moyens de faire de la prévention. On ne fera pas de mauvais esprit en soupçonnant ce grand symbole du capitalisme de vouloir appliquer la stratégie trotskyste de l’entrisme.

Après tout, pourquoi ne pas laisser le bénéfice du doute à Phillip Morris, et considérer avec bienveillance leur intention de proposer des produits plus sains ?

Même si ça commence mal : on apprend que les urgences anglaises ont été submergées par des britanniques étouffés par leur thé, avalé de travers tandis qu’ils lisaient le journal.
Mais, me demanderez-vous, pourquoi d’abord le Royaume-uni ? Je ne sais pas. Peut être que Phillip Morris a considéré qu’un pays dont les citoyens étaient condamnés à se nourrir de bœuf bouilli à la menthe et de haggis avait déjà suffisamment souffert.