C’est l’article du vendredi, et, je ne sais pas pourquoi, est-ce le froid piquant, la nuit plus longue, les illuminations dans les rues, l’ambiance, somme toutes, de Noël, mais j’ai envie d’accrocher des boules et des guirlandes sur des pierres tombales.
L’esprit de Noël
Quand je travaillais aux pompes funèbres, dans ma vie d’avant, le dilemme, c’était « on fait quoi pour Noël ? ».
Soit on ne faisait rien, parce qu’on était les pompes funèbres, et on prenait des réflexions des autres commerçants et des passants, sur le fait que notre vitrine faisait tâche au milieu de la rue commerçante joliment décorée. Il faut dire que notre exposition de pierres tombales avait tendance à trancher un peu dans la frénésie bucolique ambiante.
Soit on faisait une jolie vitrine, et on prenait des réflexions des familles sur le fait que « ça faisait un peu bizarre, on n’a pas trop à cœur de fêter Noël quand on a besoin de venir chez vous ».
Les deux avaient raison, évidemment, de leur point de vue, et quand j’ai quitté le monde du funéraire pour celui de la vape, j’étais bien content d’être débarrassé de ce problème insoluble.
Vous voyez que l’on peut encore être naïf arrivé à un certain âge.
Ma collègue a fait une très jolie vitrine, cette année, pour Noël, dans la boutique de vape où je vais donner un petit coup de main sur mon temps libre.
Elle a très bon goût, et, dans notre petite ville, la vitrine d’Halloween, qui exploitait judicieusement la décoration du magasin, avait eu un vif succès. Par exemple, nous avons une partie du sol qui est vitrée (oui, rien que ça, c’est original) et donne sur la cave, elle y avait crucifié un squelette vêtu de haillons. Les enfants ont adoré. Un peu moins quand ils ont dû veiller toute la nuit sur leurs parents qui faisaient des cauchemars.
Pour Noël, sa « touch » est de retour, et nombreux sont les passants qui s’arrêtent pour admirer sa décoration à base d’ours polaires bien plus joviaux que d’ordinaire. La vérité, c’est que nombreux sont les passants qui s’arrêtent pour que leurs enfants aient le temps de l’admirer.
Patate surprise
Pour l’instant, nous n’avons eu aucune réflexion. J’ai tout de même entendu quelques parents dire à leurs enfants qui voulaient entrer voir l’intérieur « non, tu n’entrera certainement pas là ».
Parce qu’en cette période difficile de laquelle nous sortons, les détracteurs de la vape ont bien noté que les victimes sont principalement des jeunes, et en ont profité pour exhumer la théorie de la passerelle et exploiter la crainte des parents pour leurs enfants.
Et les enfants sont les plus sensibles à l’esprit de Noël. De là à ce qu’on nous accuse d’instrumentaliser les guirlandes et les ours en peluche pour attirer les gamins… Stupide ? Attendez, on parle des antivape sectaire, là. Ils n’ont peur de rien.
Si les gens laissaient parler la science plutôt que la peur, ils verraient bien que la théorie de la passerelle ne repose sur rien, et qu’on pourrait organiser des concours de Lego ou de Playmobil dans le magasin sans donner envie de vaper aux enfants. Mais non, les gens écoutent les oiseaux de malheur et je flippe à cause d’une jolie vitrine de Noël.
Alors que celle d’Halloween, j’ai même pas eu peur.
Pourtant, il suffit d’observer. Des parents viennent dans la boutique avec leurs enfants, pour acheter leur vape. Pendant qu’on s’occupe d’eux, les bambins vaguent à leur guise.
On a des jolis mods colorés, on a des liquides avec des étiquettes bariolées.
On a tous les clichés étalés sous leurs yeux.
Et vous savez ce qui fascine les gamins ? Ce qui les attire tous comme un aimant ? La fontaine à eau.