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Visite du vendredi au bureau de… Tabac, je suppose

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L’article du vendredi commence parfois par des choses simples. Par exemple, une pièce d’un euro. Ce qui permettra de dire sans risque d’être contredit « ce n’est même pas un article à deux balles ».

Voyage dans le temps

C’était par une froide et grise journée d’hiver, de celles où Maîtresse Sévère aime à prendre la pluie sur sa terrasse, et votre serviteur déambulait dans la rue, gelé, lorsque je m’avisais que mettre les mains dans mes poches m’aiderait sans doute à avoir moins froid. Les idées de génie frappent comme elles peuvent.

Il se trouve que ma main droite que j’avais plongée dans ma poche, droite également, par commodité, rencontra un objet métallique et rond, de taille contenue. Je l’en sortis et l’examinai, la mémoire me revenant peu à peu : c’était une pièce de monnaie. Il est vrai que, dans une société dominée par le sans contact, où il était possible de payer avec son téléphone, l’échange d’un bien ou d’un service contre une matérialisation fiduciaire existait encore.

Concomitamment, tournant au coin de la rue, j’avisai la carotte signalant un type de commerce bien connu. Et là, je me dis « bon sang, ça fait des années que tu n’as pas mis les pieds dans un bureau de tabac, ni gratté un jeu, fais donc d’une pierre deux coups ! ». Deuxième coup de génie d’une journée décidément très productive.

Mais un pli de doute apparu sur mon front pourtant étonnamment lisse pour mon âge : il était de coutume pour ces jeux à gratter de le faire avec une pièce. Mais si je me servais de la pièce pour acheter le jeu, alors, avec quoi allais-je le gratter ? Finalement, je haussai les épaules : chaque problème en son temps.

Retour vers le passé 

Le tabac avait manifestement bénéficié du fond de transformation des buralistes : il était high tech. D’ailleurs, en vitrine, un écran Oled diffusait une publicité pour une offre de téléphone portable. La devanture était propre et moderne, de même que l’intérieur, revêtu d’un linoléum « grand passage » de fort bon goût. Le chauffage était efficace et la température était parfaite. Je soupirai d’aise, constatant que mes impôts avaient été bien employés.

À ma droite, le magasin proposait des rayonnages de magazines, et la presse quotidienne sur un présentoir, rien de surprenant jusque là. Mais, derrière, un espace librairie proposait les livres du moment, ce qui était moins commun. Il y avait là le dernier best-seller de Marc Levy, celui d’un politicien à la mode, et même, constatais-je, des volumes d’auteurs qui écrivaient eux-mêmes leurs livres.

À ma gauche, par contre, plus surprenamment, il y avait des plats préparés en conserves. Curieux, je décidai de flâner de ce côté-là. Un peu plus loin, un grand réfrigérateur proposait d’autres plats préparés en barquettes, et, tout autour, des rayonnages offraient au client des boîtes pour chiens, de la litière pour chats, et plus loin de la lessive. Un dernier rayon était dédié aux produits d’hygiène et de beauté, finissant par une vitrine où étaient exposés des parfums hors de prix.

« On dirait mon supermarché en plus petit », me dis-je in petto, avant de me diriger vers la caisse. Celle-ci, immense comptoir vitré, présentait des téléphones portables, des tablettes, des liseuses et des couteaux Opinel. Un corner proposait de parier sur des courses de chevaux, un autre de faire son Loto, et un troisième d’ouvrir un compte en banque.

Il vous reste des champignons ?

« Et sinon, vous n’avez pas besoin de champignons en conserve ? J’en ai reçu des entiers et des émincés, au choix, dites moi ce qui vous ferait plaisir ! J’ai aussi reçu des vers et des hameçons, si vous voulez profiter de la marée pour aller pêcher » me proposa la patronne, tenant en main la tablette tactile qui, visiblement, remplaçait la caisse.

Je refusai poliment, demandai mon jeu à gratter, payai dans la borne automatique, puis, avant de partir, l’idée qui me turlupinait depuis mon arrivée et sur laquelle je ne parvenais pas à mettre la main explosa dans mon cerveau : « excusez-moi, mais, juste par curiosité, où sont vos cigarettes ? ».

« Là » m’expliqua la patronne, montrant l’étagère derrière elle, que je n’avais même pas vue, bien qu’elle fut immense tant mon regard était saturé d’informations.

Un peu perplexe, je me rendis chez l’interlocutrice la plus terre à terre que je connaisse. Et en plus, elle aurait sûrement quelque chose dans son donjon qui pourrait me servir à gratter mon jeu. 

« Et donc, Madame Sévère, ils vendent tellement de choses que je n’avais même pas vu les clopes. Je m’étais toujours demandé, depuis le temps que j’ai arrêté, quel effet ça me ferait de me retrouver devant un présentoir de tabac, et bien, je ne l’ai même pas vu, je suppose que c’est une réponse ».

Mais la dominatrice semblait songeuse : « Tout ce que vous me dites, là, ça me semble tellement hors sujet. Un tabac où on a presque honte de vendre du tabac. Je me demande qui est la personne qui a conçu cet espace, et ce qu’il fait maintenant ».

Un éclair de génie me frappa : bon sang, mais c’était bien sûr ! « Qui c’est, je ne sais pas. Mais ce qu’elle fait maintenant, j’ai ma petite idée » comme Maîtresse Sévère m’invitait à poursuivre, je conclus « je pense qu’il s’est reconverti et qu’il est à présent en charge de la programmation du Hellfest ».