Issu du groupe Les Vapoteurs créé lors du Mois Sans Tabac 2017, le groupe Vape Info Service continue sa vie sur Facebook en aidant quotidiennement des milliers de nouveaux vapoteurs à réussir leur sevrage tabagique. Retour sur son épopée.
Pour remonter aux racines du groupe Vape Info Service, qui compte aujourd’hui plus de 2 100 membres actifs sur Facebook, il faut remonter le temps en janvier 2017. Une réunion du Groupe de travail Vapotage est organisée dans les bureaux du ministère de la Santé avec la Direction générale de la santé et toutes les associations de réduction des risques et antitabac. Le but est de faire le point sur le Mois Sans Tabac qui s’est déroulé un mois plus tôt. Les responsables de l’opération s’y félicitent du nombre de participants et chacun y va de son commentaire. Sébastien Béziau est également présent en tant que vice-président de Sovape. Il intervient dans le débat pour dire qu’il regrette que la cigarette électronique ait été mise de côté.
Qui composait le Groupe de travail Vapotage ?
Sous la direction de Benoît Vallet, le directeur général de la Santé, on retrouvait : Santé Publique France, qui gère Tabac Info Service, la Haute Autorité de Santé, la Mildeca, la Société Française de Tabacologie, l’Institut National du Cancer, les associations antitabac, Droits des Non-Fumeurs et Alliance Contre le Tabac, la réduction des risques avec SOS Addictions, Fédération Addiction, RESPADD et, bien entendu, celles qui défendent la vape : Aiduce, Sovape, Fivape et Vape du cœur.
2016 : le Mois Sans Tabac ignore la vape
En effet, à l’époque, le Mois Sans Tabac ne laisse que très peu de place à la vape, elle est seulement classée parmi les alternatives. “C’est vraiment regrettable parce que les vapoteurs constituent une population d’anciens fumeurs qui sont prêts à aider les autres à arrêter de fumer. Il y a là une énergie disponible et dont vous avez tort de ne pas vous servir”, explique-t-il à l’assemblée. Le message est appuyé par Jean-Pierre Couteron, président de la Fédération Addiction, et d’autres personnes, culturellement orientées auto-support. Mais, l’histoire en reste là…
Quelques mois plus tard, en juin 2017, Sébastien Béziau reçoit un coup de fil d’Olivier Smadja, à l’époque responsable de Tabac Info Service, qui lui dit : “Voilà, pour le prochain Mois Sans Tabac, on a prévu de monter un dispositif sur les réseaux sociaux et donc de créer des groupes Facebook par thématiques. Il y aura des groupes par région et des groupes par thématiques comme J’arrête de fumer pour mes enfants, J’arrête de fumer en faisant du sport, etc. Il y aura aussi des groupes avec différentes formes d’aide à l’arrêt comme Les Patchés, et donc il y a un groupe Les Vapoteurs. On a pensé à vous, à titre personnel, pour [animer] ce groupe.”
2017 : naissance du groupe Les Vapoteurs #MoisSansTabac
Sébastien Béziau accepte la proposition, mais à une seule condition. Pressentant la masse de travail, il ne veut pas le faire tout seul et souhaite pouvoir être épaulé par d’autres personnes. Deal accepté, il contacte alors Françoise Gaudel, du groupe Facebook Je ne fume plus, qui a une grande expérience en matière de réseaux sociaux. Son groupe existe depuis cinq ans maintenant. Elle est OK pour participer à l’aventure. Sébastien en parle aussi à des amies sérieuses et habituées des groupes Facebook : Nathalie Grille-Alex et Émilie Rebel ; de son côté, Françoise contacte Fabien Jarry.
Tabac Info Service leur laisse carte blanche, en imposant toutefois l’absence de publicité pour du matériel ou du liquide (réglementation). Le groupe Vapoteurs Mois Sans Tabac est créé et commence à accueillir les internautes le 10 octobre 2017. “Ils sont arrivés petit à petit, c’étaient des fumeurs qui avaient vu la communication du Mois Sans Tabac via le site officiel. Et rapidement, des vapoteurs sont arrivés pour aider. Exactement le mécanisme dont j’avais parlé lors de la réunion à la DGS”, se rappelle Sébastien Béziau.
L’équipe d’admin accueille les gens, fait de l’information, crée des documents, fait de l’assistance 24h/24 et 7 jours/7, c’est le principe des groupes Facebook. La sauce prend et le groupe compte jusqu’à 5 000 personnes inscrites. Avec le groupe J’arrête de fumer pour mes enfants, le groupe Vapoteurs est le plus important. “Il y a eu beaucoup d’entraide. Plusieurs personnes sont intervenues pour faire des vidéos interactives en direct : Jacques Le Houezec sur la nicotine, Jean-Pierre Couteron sur la motivation d’arrêter de fumer, William Lowenstein sur les addictions en général, etc. Ça durait une heure : une demi-heure où l’invité faisait une présentation sur le sujet et pendant une demi-heure il y avait un jeu de questions-réponses. Ça a très bien marché, d’ailleurs on a récupéré ces vidéos et on s’en sert toujours.”
80 % de femmes
L’équipe crée des “teams” en fonction de la semaine où les personnes s’inscrivent pour créer des dynamiques de groupes. Elle alimente la page avec des informations sur des thématiques autour de l’arrêt du tabac et du démarrage de la vape. En plus des personnes qui viennent pour arrêter de fumer, Sébastien Béziau estime qu’il y avait 500 vapoteurs inscrits pour aider ces primovapoteurs. “C’était un beau mouvement exactement comme on souhaitait. On avait là un groupe vape essentiellement dédié aux débutants, pas du tout orienté ‘passion’, on avait d’ailleurs interdit les ‘hand check’ (photos de matériel). On avait un post spécial pour ça. On était vraiment dans l’accompagnement pour arrêter la cigarette. Concernant la typologie, on estime à vue de nez qu’il y avait 80 % de femmes, c’est-à-dire à l’inverse de ce qu’on trouve sur un groupe de vape classique, ça a été une surprise. Toutes les générations étaient représentées”, se félicite-t-il.
Le mois de novembre passe vite et l’équipe anticipe la fin de l’opération Mois sans Tabac. Pendant tout le mois de novembre, Sébastien demande à Tabac Info Service de laisser le groupe ouvert après novembre pour ne pas laisser tomber les gens. “À la fin, ceux qui vapaient depuis un mois commençaient déjà à conseiller ceux qui arrivaient, ça c’était génial. Les débutants ont de supers conseils parce qu’ils viennent de passer par là. On a créé une vraie dynamique d’auto-support”, confie Sébastien Béziau. Finalement, le couperet tombe, Tabac Info Service refuse de laisser le groupe ouvert au prétexte que s’il laisse celui-ci ouvert, il doit faire de même pour les autres et qu’il n’en a pas les “moyens”.
Vape Info Service prend le relais
Fin novembre, l’équipe annonce au groupe que la page va fermer et après discussion avec l’équipe, Sébastien Béziau propose de monter un autre groupe pour faire une “transhumance” et créer un nouvel espace pour tous ces gens afin d’assurer la continuité du soutien. Ce sera Vape Info Service. Au final, le gros des actifs, soit 1 700 personnes, suit dès l’ouverture du nouveau groupe.
Aujourd’hui, soit six mois après, il y a plus de 2 100 personnes inscrites. Le groupe continue de vivre tranquillement et il est bien sûr ouvert aux gens qui souhaitent y entrer. L’équipe d’admin s’est renforcée (Vanessa, Daniel, Titan, Nath, Ludovic, Véronique, Thierry, Tony…) pour faire vivre l’état d’esprit originel. “Ça n’a rien à voir avec les groupes de vape ‘passionnés’, c’est un peu comme le groupe Je Ne Fume Plus, mais uniquement dédié à la vape. Il y a d’ailleurs beaucoup de gens qui sont sur les deux groupes. C’est une ambiance très calme, très cool, très joyeuse. Maintenant, ce sont des gens qui sont arrivés lors du Mois Sans Tabac qui sont les premiers à aider les nouveaux arrivants. Ça, c’est vraiment génial, et donc nos interventions sont très dosées”, raconte Sébastien Béziau. Les administrateurs restent néanmoins très attentifs, ils sont là pour vérifier et consolider certaines choses et renforcer les informations.
Concernant la typologie du groupe, le profil est très grand public, avec toujours une majorité de femmes. Ici, les gens ne montrent pas leur matériel, le dernier liquide ou le dernier coil à la mode et il n’y a pas de publicité pour les produits. L’ambiance est clairement à l’entraide sur la pratique de la vape et sur l’arrêt du tabac. Les gens posent des questions très pratiques du type “J’ai des aphtes, à quoi c’est dû ?” “C’est une expérience d’auto-support formidable, et qui complète le rôle des boutiques, avec une présence h24 mais rien à ‘vendre’. On renvoie d’ailleurs très régulièrement sur les commerçants, on n’arrête pas de dire qu’il faut trouver une bonne boutique, pour tester, se faire expliquer les matériels, goûter les liquides. Le groupe est là pour répondre à des questions, par exemple un samedi soir quand les boutiques sont fermées. C’est très complémentaire. Quand les gens posent des questions très techniques et expertes, on leur indique si nécessaire d’autres groupes de passionnés ou des forums. Finalement, on renseigne essentiellement sur les questions de débutants et beaucoup, aussi, sur les effets du sevrage et les taux de nicotine”, conclut Sébastien Béziau.
Concernant le prochain Mois Sans Tabac, Sébastien Béziau n’a pas encore été contacté par Tabac Info Service. Mais il se déclare totalement ouvert pour partager l’expérience acquise, voire renouveler l’opération.
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