Les chaînes de vulgarisation scientifique sur YouTube remportent un certain succès. Parmi elles, Stardust, menée par le sympathique Vincent, alias Vicnet, s’est faite une spécialité de l’astronautique et de l’aéronautique. Rencontre avec un passionné qui vient juste de décider de passer pro.
Vaping Post (VP) : Vincent, bonjour, et merci de répondre aux questions du Vaping Post.
Tu es le créateur de la chaîne Stardust, sur YouTube, spécialisée dans l’aéronautique et le spatial. Récemment, tu as annoncé que tu allais te consacrer à temps plein à ta chaîne. Ca a été une décision difficile à prendre ?
Vincent Stardust (VS) : Oui, car quitter un travail avec une certaine sécurité de l’emploi pour un travail qui dépend d’autant de choses, c’est un gros risque. Cela fait un an que j’y réfléchissais, et j’ai donc attendu une année complète avant de vraiment y aller. C’est aussi pas mal de travail de préparer cette transition, surtout avec les projets que je prépare. Croisons les doigts.
VP : On trouve sur ta chaîne des sujets connus, le Concorde, les navettes américaines ou les lancements de fusées Falcon, mais aussi des choses moins connues, comme la vraie soucoupe volante de l’Air Force, le Skylab etc. Avec toujours des informations complètes et un travail de documentation impressionnant derrière. Ou trouves-tu tes sources ? Comment tu travailles ?
VS : En général, je vais chercher dans les sources les plus proches possibles du sujet. Pour le Concorde, j’ai lu des livres écrits par des pilotes de Concorde, des ingénieurs, et dans le cas du spatial, les archives de la NASA et les livres écrits par les astronautes et contrôleurs de vol sont mes sources principales. En général, le travail d’écriture me prend une quinzaine/vingtaine d’heures mais ça dépend de l’ampleur du sujet. Après il y a l’enregistrement, rapide, et le montage avec la recherche de sources vidéo et photo, qui peut prendre une dizaine d’heures. Et le montage. En moyenne, j’ai calculé qu’une vidéo de 30 minutes me prend 35 à 40 heures à faire.
VP : Le 26 novembre, tu as animé en direct l’atterrissage, pardon, l’amarsisage, euh… Enfin, la sonde InSight s’est posée sur Mars, et tu as commenté en direct l’événement depuis le CNES. Comment as-tu été choisi, comment t’es tu préparé à ça ? Tu peux nous raconter les coulisses, un peu ?
VS : Le CNES m’a contacté en aout avec l’idée de faire ce live. Ils voulaient vraiment travailler avec moi et étaient prêts à déployer des moyens techniques impressionnants. On a fait des réunions téléphoniques hebdomadaires pour décider des invités, des lieux, des besoins… Et ils m’ont vraiment laissé une liberté totale. On s’est réunis à Paris également dans les locaux du CNES pour mettre en place le déroulé du live. Je voulais vraiment avoir des scientifiques et spécialistes de la mission, et j’ai insisté sur l’interaction avec les internautes avec les questions du chat. La difficulté, c’est de revenir aux bases et parler de la planète, de la mission et aussi couvrir le live dans un temps extrêmement court. Mais je voulais vraiment que l’émission soit accessible au public non averti, qu’il puisse comprendre clairement ce qui se passe et les enjeux. Je voulais aussi qu’on sorte de l’institutionnel des lives habituels qu’on peut voir avec la Cité des Sciences par exemple. Le CNES était très emballé par tout ça. Pour moi, travailler avec une équipe en live, une régie, c’était une première. J’avais une oreillette avec une personne qui jouait le « maître du temps ». On me disait s’il fallait passer à une autre séquence, s’il fallait laisser du temps, ou si un événement se passait et qu’il fallait passer des images de Californie. C’était très intense.
VP : Il y a prescription maintenant, mais admettons que la sonde se soit vautrée, en direct… C’était une hypothèse à laquelle vous aviez pensé ? Tu t’étais préparé un plan en cas d’échec de la mission ?
VS : Oui, lors de notre réunion à Paris, le CNES a préparé une communication de crise au cas où. Vu qu’on restait sur un événement officiel, en cas de crash, il fallait que j’attende l’annonce officielle de la NASA puis des officiels du CNES. C’est normal je pense.
VP : Et, au fait, on dit atterrissage ou amarsisage ? Parce qu’on dit bien alunissage, non ?
VS : Atterrissage. Alunissage est admis mais officiellement, on dit atterrissage peu importe le lieu. C’est « terre » dans le sens « sol », comme l’anglais « landing »
VP : Tu es dans le top trois du « game » spatial français sur YouTube, avec Astronogeek et Hugo Lisoir. D’ailleurs, vous vous connaissez (et au passage, votre collab sur l’éclipse de lune chez Astronogeek reste la plus grosse barre de rire de 2018). Même si chacun a ses spécificités, comment vous faites pour ne pas piétiner vos plates-bandes respectives ? (question subsidiaire : c’est quoi l’histoire avec Hugo, cette rumeur selon laquelle vous l’aimez pas ?)
VS : Arnaud fait de l’astronomie et du debunk. Il fait en fait assez peu d’astronautique. Hugo, lui, fait beaucoup dans l’exploration au niveau sondes, et parle beaucoup des projets futurs. Moi, je fais du narratif sur les missions passées et des interviews de spécialistes des missions en cours. On est complémentaires, même quand on fait des vidéos sur les mêmes sujets, parce que nos formats sont différents !
VP : Pour toi, quels seront les trois événement aéronautiques ou astronautiques les plus importants en 2019 ?
VS : Le Bourget bien entendu, le premier vol Crew Dragon, et Chang’e 4. Cette année est un peu plus « pauvre » en évènements que 2018, où on avait Insight, Parker Solar Probe, la Falcon Heavy, la fin de la Delta II, etc.
VP : On parle beaucoup d’Elon Musk, de la BFR, de Mars… Selon toi, quelle est la proportion de comm et de réalisme dans ses déclarations ? Et si il y avait une société à suivre de près dans le New Space, ce serait qui en dehors de SpaceX ?
VS : Je pense que SpaceX fait beaucoup de comm. Oui, ils réalisent beaucoup de choses, mais sont tout aussi intéressants que Blue Origin, Rocket Labs, United Launch Alliance, Copenhagen Suborbitals ou Virgin Galactic. C’est un peu dommage qu’on se concentre uniquement sur SpaceX et qu’on les met en concurrence avec la NASA. C’est absurde. La NASA est un client de SpaceX. SpaceX fait du transport, la NASA fait avant tout de la science. Ce n’est pas concurrentiel. Pour Elon Musk, on a tendance à trop personnifier les choses. La PDG de SpaceX est d’ailleurs Gwynne Shotwell, pas Elon Musk. Je prends le spatial du collectif et impersonnel. Je ne suis pas trop du genre à me concentrer sur une personne.
VP : Maintenant que tu es à temps plein sur la chaîne, on peut s’attendre à quoi pour le futur proche et lointain ? (synchronisons nos montres : je veux dire dans un contexte d’espace-temps en gravité terrestre).
VS : Je ne suis pas encore à plein temps. Je dois d’abord terminer mon contrat dans mon emploi actuel. Je démarre donc mon activité Youtube à plein temps le 11 mars. Au programme, un format court promis depuis un moment, de l’airsoft et gaming sur les chaines secondaires, des lives, et des voyages dans des centres et musées spatiaux avec des rencontres d’astronautes. Ca, c’est 2019, et encore je dis pas tout.
VP : Le Vaping Post parle essentiellement de vape et de réduction des risques liés au tabagisme. La vape, c’est un sujet qui t’inspire ? Tu as une opinion dessus ?
VS : Pas vraiment, mais si ça peut aider les fumeurs à arrêter le tabac, why not ! En revanche, pas fan de voir les gens vaper en milieu professionnel à l’intérieur.
VP : Je t’ai pas posé plein de questions, parce que sinon on y serait encore… Mais si tu aurais voulu que je t’en pose une, c’est laquelle ? (Et accessoirement, tu aurais répondu quoi ?)
VS : Est-ce que je suis heureux ? Pas encore. J’y travaille.
VP : Vincent, Merci beaucoup !
VS : Merci à toi 😉