Qui mieux qu’un expert toxicologue peut passer au peigne fin une étude de toxicologie ? Sollicité par le Vaping Post, Le Dr Eric Blouin [1], a analysé l’étude américaine [2] qui a défrayé la chronique cette semaine. Si beaucoup a déjà été dit, il nous révèle encore quelques surprises et dénonce une méthodologie malhonnête. Ni plus. Ni moins.
Episode 1 : les caractéristiques de l’étude
Des souris, des cellules humaines, de la nicotine et de la nitrosamine cancérigène plein pot, ne pas oublier le formaldéhyde. Résultat ? Un ADN modifié et des cellules incapables de le réparer. Conclusion ? La “fumée” de cigarette électronique peut contribuer au cancer du poumon, de la vessie et aux pathologies cardiovasculaires.
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Episode 2 : les méthodologies utilisées
Le choix de souris qui développent spontanément des cancers pulmonaires, l’absence de contrôle du voltage et son incidence sur la formation de formaldéhyde, l’exposition à des doses massives de nicotine et de nitrosamine ketone trouvable au mieux sous forme de traces dans la vapeur de la cigarette électronique.
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Episode 3 : L’interprétation des résultats
Etude in vivo chez la souris FVB/N
Il n’est pas possible de conclure sur l’impact éventuel de l’exposition à la vapeur d’e-cigarette des souris FVB/N pour plusieurs raisons :
- Le modèle animal utilisé n’est pas bon, car il développe spontanément des tumeurs bronchiques. De plus, les études de toxicité aigüe menées avec la nicotine ont montré une sensibilité plus grande de la souris aux effets toxiques de la nicotine versus le rat ou le lapin.
- L’âge des animaux utilisés n’est pas précisé dans la publication.
- Le nombre de bouffées auxquelles les animaux ont été exposés est très élevé : 360 bouffées/jour d’exposition, soit 21 600 bouffées sur l’ensemble de la durée de l’étude.
- La dose de formaldéhyde formé n’a pas été contrôlée, or si l’e-cigarette a été mal utilisée et que le voltage a été trop important, les animaux ont pu être exposés pendant plusieurs semaines à des doses élevées de formaldéhyde qui est un cancérigène connu.
Etude in vitro sur les lignées cellulaires humaines
Là non plus, il n’est pas possible de conclure sur l’impact éventuel de l’exposition in vitro des lignées cellulaires humaines à la nicotine et à la nitrosamine ketone :
- Les doses de nicotine utilisées sont trop élevées, correspondant à des doses toxiques.
- Les doses de nitrosamine ketone utilisées sont également trop élevées, de l’ordre de mille fois supérieures à ce qui est mesuré dans les études publiées qui retrouve la nitrosamine ketone dans les vapeurs d’e-cigarette.
Conclusion
Les doses de nicotine et nitrosamine ketone utilisées sont trop élevées, toxiques et non conformes avec la réalité de l’utilisation et de l’exposition à la vapeur d’e-cigarette dans le cadre d’un usage habituel conformément aux préconisations des fabricants.
Le modèle animal utilisé n’est pas pertinent, il développe spontanément des tumeurs. De plus, les animaux ont potentiellement été exposés à des doses toxiques de formaldéhyde, là aussi, non conformes avec la réalité de l’utilisation et de l’exposition à la vapeur d’e-cigarette.
Il n’est donc pas possible de conclure sur la base de ces résultats à un risque éventuel pour l’homme lors de l’exposition aux vapeurs d’e-cigarette.
[1] Dr. Eric BLOUIN, Expert Toxicologue EUROTOX, Cabinet PHYSIOTOX
[2] HW Lee et al. E-cigarette smoke damages DNA and reduces repair activity in mouse lung, heart, and bladder as well as in human lung and bladder cells. PNAS 2018; published ahead of print January 29, 2018, https://doi.org/10.1073/pnas.1718185115