Publiés le mois dernier sur le site de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), quatre documents scientifiques préparés en vue de la COP7 sont désormais disponibles au grand public. Il s’agit d’analyses bibliographiques commandées par l’organisation quelques mois plus tôt afin d’appuyer les discussions qui ont eu lieu lors de la fameuse COP7, la Conférence des Parties de la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac (CCLAT).
Conflits d’intérêt
Nous vous proposons ici les conclusions de l’un de ces rapports (PDF), préparé en décembre 2015 par l’épidémiologiste Charlotta Pisinger, du Centre de recherche pour la prévention et la santé des Centres hospitaliers de Glostrup, au Danemark. Les conclusions de cette scientifique permettent en partie de comprendre comment le point de vue l’OMS, très critique à l’égard de la cigarette électronique, s’est construit.
En dehors des conclusions très négatives, on notera que les travaux de Konstantinos Farsalinos sont cités à dix reprises sur 175 références bibliographiques au total. Jean-François Etter six fois, Riccardo Polosa cinq fois. Mais ces trois scientifiques, très connus dans le monde de la vape pour leurs prises de position en faveur de la réduction des risques, sont étiquetés par l’épidémiologiste danoise comme présentant des conflits d’intérêt, et notamment avec l’industrie de la cigarette électronique.
Manque de preuve et double usage
–Début de la traduction– Même si aucune conclusion ferme ne peut être dressée sur la sécurité des cigarettes électroniques, il y a un ensemble croissant d’évidences indiquant un risque pour la santé.
2. À cause de nombreux problèmes méthodologiques, des nombreuses études présentant des conflits d’intérêt, des inconsistances et des contradictions dans les résultats, de la relative faible quantité d’études de qualité, du rapide changement technique du produit et du manque de suivi sur le long terme, il parait très prématuré de procéder à des calculs comparant les dangers de la vape face au tabac fumé, et beaucoup de choses restent sujettes à interprétation subjective.
3. Il n’est pas cohérent de parler des risques associés à la vape pour un produit en particulier, car les risques ne semblent pas seulement dépendre d’une marque ou d’un lot, mais aussi par exemple d’une préférence de saveur, de la chauffe de la cigarette électronique, du vaporisateur, de l’état de propreté ou de vetusté de l’appareil, de la manière de vaper, et d’autres facteurs encore inconnus.
4. Dans une simple comparaison de produit à produit, la plupart des cigarettes électroniques sont moins, et certaines encore moins, risquées pour la santé que les cigarettes conventionnelles, mais puisque la grande majorité des vapoteurs continue à fumer, les risques pour la santé du double usage doivent être pris en considération dans l’évaluation du risque de la vape.
5. Nous n’avons presque aucune évidence des conséquences pour la santé du double usage cigarettes conventionnelles/e-cigarettes.
6. Pour les ex-fumeurs ou les non-fumeurs, l’utilisation des e-cigarettes augmentera le risque pour la santé.
7. Des effets négatifs sur la santé doivent être attendus sur le système pulmonaire mais les effets néfastes sur le système cardiovasculaire, par exemple, et un effet cancérigène ne peuvent pas non plus être établis.
8. Les e-cigarettes sont hautement addictives et il n’existe pas assez de preuves sur la sécurité de la consommation de nicotine à long terme.
9. Comparer le risque de la vape avec le risque de boire du café, par exemple, est trompeur.
10. Une recherche systématique de qualité est urgemment nécessaire, particulièrement sur les effets du double usage. –Fin de la traduction–
La liste des autres rapports est consultable sur le site de l’OMS.
Pour approfondir votre lecture sur le sujet de l’OMS :
Réduction des risques du tabagisme : naissance du premier réseau mondial d’assos de consommateurs