Une étude américaine récemment publiée appelle à une réglementation plus stricte de la nicotine sous sa forme liquide. Elle recommande notamment la mise en place d’un limiteur de débit aux bouteilles de nicotine liquide, ainsi que des “réservoirs” de cigarettes électroniques, à l’épreuve des enfants.
Pour la protection des plus jeunes
Une récente étude [1] publiée il y a quelques jours par le magazine de santé Pediatrics, et menée par le Center for Injury Research and Policy et le Central Ohio Poison Center du Nationwide Children’s Hospital, a révélé qu’entre les mois de janvier 2012 et avril 2017, plus de 8 200 appels à des centres antipoisons américains avaient été passés concernant une exposition à de la nicotine liquide, représentant ainsi une moyenne de 129 appels par mois, soit plus de 4 par jour.
L’étude montre que sur ces 8 200 appels, 84 % d’entre eux concernaient des enfants de moins de 3 ans et que dans 93 % des cas, le problème venait d’une ingestion de nicotine. Les enfants touchés étaient admis à l’hôpital dans 1.4 % des cas pour des problèmes pouvant aller jusqu’à des crises épileptiques, des arrêts cardiaques ou respiratoires, et dans certains cas, un coma.
L’étude révèle également qu’entre les années 2012 et 2015, le nombre d’appels concernant des problèmes liés à une exposition à la nicotine de jeunes enfants, avait augmenté de 1 400 %, avant d’enregistrer une baisse de 20 % entre 2015 et 2016.
Pour Henry Spiller, MS, D.ABAT, auteur de l’étude et directeur du Central Ohio Poison Center, “ces expositions sont préoccupantes parce qu’une très petite quantité de solution concentrée de nicotine pourrait facilement administrer une dose létale à un jeune enfant”.
Gary Smith, quant à lui, MD, DrPH, coauteur principal de l’étude et directeur du Center for Injury Research and Policy au Nationwide Children’s Hospital, déclare que “la diminution observée de l’exposition ces dernières années est encourageante, mais que le nombre de jeunes enfants encore exposés à la nicotine liquide reste inacceptable”. Pour lui, “une réglementation supplémentaire est nécessaire”.
Diverses mesures sont proposées
Ainsi, afin de tenter de diminuer ces chiffres, les chercheurs ayant réalisé l’étude proposent la mise en place de différentes choses telles que :
- L’ajout de limiteurs de débit aux bouteilles de recharge de nicotine,
- que les réservoirs des e-cigarettes soient à “l’épreuve des enfants”
- la limitation de la concentration de nicotine liquide dans les “bouteilles de recharge” à une dose sublétale pour un jeune enfant.
- l’interdiction de l’utilisation d’arômes et d’étiquettes attrayantes pour la nicotine liquide. Proposition qu’ils ont soumise à la FDA.
Des résultats à relativiser
Selon l’article de Brad Rodu, professeur à l’université de Louisville, et impliqué dans la recherche et le développement en matière de politiques de réduction des méfaits du tabac depuis plus de 20 ans, ces résultats sont à mettre en perspective.
Ainsi, il explique que bien que les chiffres mis en lumière par cette étude semblent impressionnants, ils sont à tempérer. En effet, d’après le professeur qui cite le rapport [2] annuel de l’American Association of Poison Control Centers, sur les 500 000 expositions d’enfants de moins de 6 ans à des produits nocifs, enregistrées en 2016, 45.8 % concernaient des produits cosmétiques, de soins personnels, ou des produits ménagers, alors que celles concernant un produit de la vape ne représentaient que 0.4 %.
[1] E-Cigarette and Liquid Nicotine Exposures Among Young Children (également disponible en téléchargement au format PDF)
[2] 2016 Annual Report of the American Association of Poison Control Centers’ National Poison Data System (NPDS): 34th Annual Report (au format PDF)