6 professionnels de santé sur 10 continuent de penser, à tort, que vapoter est aussi nocif que fumer.
Des patients pourtant intéressés par le vapotage
Malgré les attaques incessantes subies par la cigarette électronique aux États-Unis, une équipe de chercheurs a souhaité faire un état des lieux de la position des médecins dans le pays, par rapport à l’utilisation d’un vaporisateur personnel dans le cadre du sevrage tabagique. Si, jusqu’à présent, les rares études à ce sujet étaient bien souvent cantonnées à peu de professionnels, souvent exerçant la même spécialité, une nouvelle recherche (1), publiée la semaine dernière dans la revue médicale JAMA Network Open, s’est penchée sur l’opinion de plus de 2 000 praticiens, répartis parmi 6 spécialités (médecine familiale, obstétrique/gynécologie, médecine interne, pneumologie, cardiologie et oncologie), entre les années 2018 et 2019. Les résultats de ce travail sont intéressants pour plusieurs raisons.
D’abord, ils mettent en lumière que 60,1 % des professionnels de santé interrogés continuent de penser, à tort, que tous les produits du tabac sont aussi nocifs. Autrement dit, 6 médecins sur 10 jugent que la cigarette électronique est aussi dangereuse que le tabagisme. Les 39,9 % restants estiment quant à eux que l’objectif principal doit être d’amener les patients à arrêter de fumer, « même si cela implique de passer à des formes de tabac moins nocives » (N.D.L.R. Aux États-Unis, le vapotage est considéré comme un produit du tabac, et donc une forme de tabagisme).
Ensuite, les patients américains semblent intéressés par la cigarette électronique puisque 69,8 % des médecins ont indiqué avoir été interrogés, lors de leurs consultations, sur le vaporisateur personnel. En outre, 27,1 % des professionnels indiquent avoir déjà recommandé le vapotage. Les chiffres de la recherche soulignent également un lien clair et le fait d’être interrogé par son patient sur la vape, et le fait de la prescrire comme outil de sevrage tabagique. Ce que souligne d’ailleurs Cris Delnevo, auteure principale de l’étude.
Patient prompting was important- being asked about e-cigarettes by their patients was by far the most common factor associated with physicians recommending e-cigarettes
— Cris Delnevo (@CrisDelnevo) April 15, 2022
Parmi les différentes spécialités, les médecins de famille et les pneumologues étaient plus susceptibles d’avoir été interrogés par leurs patients sur la cigarette électronique. La pneumologie était d’ailleurs la spécialité qui recommandait le plus souvent le vapotage, suivie de la cardiologie.
De plus, les données auraient montré que l’association entre les croyances des médecins en matière de réduction des risques et leurs pratiques de recommandation des e-cigarettes était significative. Ainsi, les professionnels qui pensaient que la cigarette de tabac était la forme de tabagisme la plus dangereuse étaient « beaucoup plus susceptibles de recommander les e-cigarettes ». Une donnée qui démontre bien une méconnaissance de la réduction des risques offerte par l’e-cigarette, pour les médecins qui ne la recommandent pas à leurs patients.
Pour les auteurs de l’étude, ces résultats suggèrent que « certains médecins pensent que les e-cigarettes pourraient aider leurs patients à arrêter de fumer dans certaines circonstances, mais qu’ils ont besoin de plus de preuves concernant leur sécurité et leur efficacité ».
(1) Delnevo CD, Jeong M, Teotia A, et al. Communication Between US Physicians and Patients Regarding Electronic Cigarette Use. JAMA Netw Open. 2022;5(4):e226692. doi:10.1001/jamanetworkopen.2022.6692
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