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Un député veut faire supporter le fardeau financier du tabac aux cigarettiers

Mis à jour le 17/10/2017 à 20h46
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Un député de la majorité va prochainement présenter devant ses pairs des propositions visant à renforcer la lutte anti-tabac. Il veut s’attaquer aux intérêts financiers des cigarettiers plutôt que cibler les fumeurs ou les buralistes.

“Les mesures anti-tabac ciblent trop souvent les fumeurs” (sic)

François-Michel Lambert, député En Marche des Bouches-du-Rhône, a énoncé dans Challenges cinq mesures qu’il prévoit d’exposer lors des prochaines discussions du Projet de loi de finances (PLF) et du Projet de loi de financement de la Sécurité Sociale (PLFSS). 

Ces mesures sont inspirées par l’association Pour Une Nouvelle Politique Anti-Tabac fondée Pauline Delpech qui veut que “lefficacité des nouvelles politiques anti-tabac soit désormais jugée à l’aune de l’évolution du cours de bourse des cigarettiers”. La mesure de la prévalence tabagique, qui stagne désespérément en France, est reléguée au rayon des accessoires et qu’importe qu’elle stagne ou qu’elle monte, si le cours de bourse décroit, la politique sera efficace.

“Rendre l’argent du tabac aux français”

Traçabilité … des e-liquides aussi

Pour débuter, le député Lambert préconise la mise en oeuvre de la traçabilité des produits du tabac, indépendamment des cigarettiers mais financée avec l’argent de ces industriels. Cette proposition devrait permettre à l’Etat de limiter l’activité du commerce parallèle qu’il leur reproche d’organiser en grande partie, et de récupérer dans ses caisses 3 milliards d’euros par an. 

Il souhaite qu’elle concerne aussi les produits du tabac chauffé tels que l’iQos, la Ploom, ou autre Glo et reprend la proposition du rapport Barbier de tracer également les produits de la vape.

Délit de mensonge

Ensuite, François-Michel Lambert exhorte les députés à voter la création d’un nouveau délit à l’encontre des cigarettiers. Selon lui, ces derniers doivent être condamnés pour “pour divulgation volontaires de fausses informations, de faux chiffres” lorsqu’ils diffusent des chiffres ou des statistiques erronées dans le seul but d’empêcher tout changement réglementaire en leur défaveur.

Les cigarettiers pollueurs-payeurs 

Sa troisième proposition s’inspire du principe pollueur payeur. Ainsi, il souhaite la création d’une contribution environnementale payable par les seuls cigarettiers, d’un montant à définir par le Parlement.

Financement du fonds de prévention contre tabagisme 

En outre, le député d’En Marche propose que les cigarettiers financent de manière exclusive le fonds de prévention contre le tabagisme. Il estime en effet que “les contribuables et assurés sociaux, et notamment les non-fumeurs, n’ont pas à financer les conséquences d’un produit aussi addictif que le tabac“.

“Libérer les buralistes du joug des cigarettiers”

Dernière proposition du député, augmenter la rémunération des 25 000 buralistes, “victimes des cigarettiers qui les utilisent comme porte-voix ou chair à canon” en prenant sur la part qui revient aux industriels.

Les fumeurs au coeur du moteur

Une mesure anti-tabac est utile si elle fait chuter le cours de bourse des cigarettiers” explique le député. Et en effet, celles qu’ils proposent relèvent davantage d’un “plan anti-cigarettier” que d’un “plan anti-tabac” ou “anti-fumeur” et tout le dispositif tient … tant que les fumeurs continuent d’acheter des cigarettes.

Une mesure anti-tabac qui préviendrait l’entrée des jeunes en addiction, faciliterait l’arrêt du tabac, diminuerait la prévalence tabagique serait-elle finalement inutile ?

Promis, nous poserons la question au Royaume-Uni où le déclin du tabagisme s’accélère et à la Suède en bonne place pour être le premier pays à en avoir fini avec ce fléau. Loin devant la France, pour réussir l’Angleterre s’est accommodée d’un indicateur bien plus traditionnel : la prévalence tabagique mensuelle.