Une méta-analyse récente, menée par des chercheurs baltes, confirme que la cigarette électronique et le tabac chauffé exposent à bien moins de substances toxiques que la cigarette classique. Mais les réductions ne sont pas équivalentes, et la vape conserve l’avantage.
Une réduction marquée des composés toxiques
La recherche scientifique sur la nocivité des cigarettes électroniques et du tabac chauffé se poursuit. Il y a quelques semaines, une équipe de chercheurs originaires de Lituanie et d’Estonie a publié les résultats de sa méta-analyse1 destinée à calculer la quantité de constituants nocifs et potentiellement nocifs (Harmful and Potentially Harmful Constituents, ou HPHCs) dans les produits du vapotage et du tabac chauffé (Heated Tobacco Product, ou HTP). Pour ce faire, les auteurs ont recherché tous les travaux dont l’objectif était de quantifier ces HPHCs dans les différents produits. Afin d’obtenir les résultats les plus fiables, ils se sont uniquement concentrés sur les « études qui ont utilisé des méthodes validées » et qui « ne sont pas associées à l’industrie du tabac. » Au total, 15 recherches ont été retenues.
Les composés nocifs et potentiellement nocifs qui ont été étudiés faisaient partie des cinq grands groupes définis par l’administration américaine chargée de la surveillance des produits denrées alimentaires et des médicaments (Food and Drug Administration) :
- Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques (HAP) : composés chimiques formés par la combustion incomplète, fortement cancérigènes. Se forment principalement à haute température (500-550°C).
- Composés Organiques Volatils (COV) : substances chimiques qui s’évaporent facilement à température ambiante. Peuvent être toxiques pour le système respiratoire et nerveux.
- Composés Carbonylés : molécules contenant un groupe carbonyle (C=O), incluant formaldéhyde et acétaldéhyde. Irritants et potentiellement cancérigènes.
- Nitrosamines Spécifiques au Tabac (TSNAs) : composés cancérigènes puissants formés spécifiquement dans le tabac. Considérés comme les carcinogènes les plus dangereux des produits du tabac.
- Nicotine : alcaloïde psychoactif responsable de la dépendance au tabac. Stimulant du système nerveux central, relativement peu toxique comparé aux autres composés.
- Monoxyde de carbone (CO) : gaz incolore et inodore produit par combustion incomplète. Réduit l’oxygénation du sang en se liant à l’hémoglobine, potentiellement mortel à forte dose.
Tous les résultats des études retenues pour cette méta-analyse ont été convertis en concentrations par bouffée.
Comparaison chiffrée des émissions toxiques par rapport au tabagisme
Composés nocifs ou potentiellement nocifs | Cigarette électronique | Tabac chauffé (HTP) |
---|---|---|
Hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) | – 99 % | – 96 % |
Composés organiques volatils (COV) | – 100 % | – 99 % |
Composés carbonylés | – ≈100 % | – 65 à 95 % |
Nitrosamines spécifiques au tabac (TSNA) | – 99 % | – 89 à 94 % |
Nicotine | – 81 % | – 82 % |
Monoxyde de carbone (CO) | – 99 % | – 98 % |
Comme le montre le tableau ci-dessus, cette méta-analyse confirme une réduction nette de l’exposition aux composés toxiques avec le vapotage et le tabac chauffé, par rapport au tabagisme. La vape affichant la plus forte baisse.
« D’après notre analyse d’études indépendantes, les aérosols des produits du tabac chauffés et la vapeur des e-cigarettes contiennent des niveaux de substances toxiques nettement inférieurs – en particulier celles identifiées par la FDA et l’OMS comme prioritaires pour une réduction – par rapport à la fumée de cigarettes combustibles, avec une réduction moyenne d’environ 91 % pour les HTP et 98 % pour les e-cigarettes. », relèvent les chercheurs.
Ils rappellent toutefois que ces produits « ne sont pas dénuées de nocivité et s’adressent aux fumeurs qui ne peuvent pas arrêter. »
Les résultats de cette étude coïncident avec ceux de précédentes recherches qui indiquaient que la cigarette électronique et le tabac chauffé libèrent moins de composés nocifs que le tabagisme. En 2020, une étude2 française, menée par l’Institut National du Cancer et l’Institut de Recherche en Santé publique, concluait elle aussi que « l’IQOS (produit du tabac chauffé fabriqué par le cigarettier Philip Morris International, N.D.L.R.) pourrait être moins nocif que la cigarette de tabac, mais considérablement plus nocif que le vapotage. »
Les résultats de cette nouvelle méta-analyse s’inscrivent donc dans une convergence croissante d’études indépendantes qui documentent des réductions significatives d’exposition aux toxiques lors de l’utilisation d’une cigarette électronique ou d’un produit du tabac chauffé, comparé au tabagisme.
Les limites de cette étude
Comme tous les travaux scientifiques, cette méta-analyse présente certaines limites qu’il convient de prendre en compte.
D’abord, les comparaisons croisées entre études sont fragiles faute de protocole identique. De même, aucune des études incluses n’a directement comparé la quantité de HPHCs pour les trois produits (cigarette, vaporisateur personnel, et tabac chauffé). Ces différences méthodologiques peuvent influencer les résultats et doivent être prises en compte. Enfin, rappelons que la réduction d’émissions ne garantit pas automatiquement une réduction proportionnelle des risques sanitaires.
Sources et références
1 Sakalauskaite, S., Zdanavicius, L., Šteinmiller, J., & Istomina, N. (2025). Exposure to Toxic Compounds Using Alternative Smoking Products: Analysis of Empirical Data. International Journal of Environmental Research and Public Health, 22(7), 1010. https://doi.org/10.3390/ijerph22071010.
2 Dusautoir, Romain, et al. “Comparison of the Chemical Composition of Aerosols from Heated Tobacco Products, Electronic Cigarettes and Tobacco Cigarettes and Their Toxic Impacts on the Human Bronchial Epithelial BEAS-2B Cells.” Journal of Hazardous Materials, Elsevier, 7 July 2020, https://doi.org/10.1016/j.jhazmat.2020.123417.
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