La cigarette électronique en Suède

Premier pays du monde sans tabac ?

La Suède fait partie des pays du monde où l’on fume le moins. En 2022, une étude concluait que le pays pourrait atteindre un taux de fumeur inférieur à 5 %, soit l’objectif européen, 18 ans plus tôt que ses voisins.

Peu de vape, beaucoup de snus

Si la Suède compte si peu de fumeurs, c’est en grande partie grâce à l’utilisation du snus, une poudre de tabac vendue en petits sachets que l’on place entre la gencive et les dents. La Suède est le seul pays d’Europe à avoir l’autorisation de vendre ce produit, considéré comme traditionnel.

Le vapotage tombe sous le coup de la TPD, bien que la Suède possède également quelques lois qui lui sont propres. Ainsi, le taux de nicotine maximal autorisé dans les e-liquides est de 17 mg/ml, contre 20 mg/ml dans le reste de l’Europe. Une taxe a également été mise en place au cours de l’année 2018, qui se chiffre à 20 centimes d’euros par millilitre.

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La Suède : Un modèle mondial dans la lutte contre le tabagisme

La Suède s’impose aujourd’hui comme le champion européen de la lutte antitabac, avec des résultats qui forcent l’admiration. En novembre 2024, le pays a franchi un cap historique en passant sous le seuil symbolique des 5 % de fumeurs quotidiens, un taux reconnu mondialement pour qualifier une nation de « sans tabac ». Cette performance place la Suède 16 ans en avance sur l’objectif fixé par l’Union européenne dans son plan « Vaincre le cancer » pour 2040.

Une réduction spectaculaire du tabagisme

L’évolution du taux de tabagisme en Suède témoigne d’une transformation remarquable de la société suédoise. Dans les années 1980, environ 35 % de la population fumait régulièrement. Aujourd’hui, selon les dernières statistiques publiées par l’Agence de Santé Publique suédoise, ce taux est tombé à 5,3 % pour l’ensemble de la population, avec des variations selon les groupes : 4,9 % chez les hommes et 5,7 % chez les femmes. Chez les personnes nées en Suède, le taux atteint même seulement 4,5 %.

Cette baisse spectaculaire contraste fortement avec la situation dans le reste de l’Europe. Alors que la Suède affiche le taux de tabagisme le plus bas du continent, la moyenne européenne stagne autour de 23 à 24 % selon les données Eurobaromètre de 2025. À titre de comparaison, la Bulgarie compte 37 % de fumeurs, la Grèce 36 % et la Croatie 35 %, soit sept fois plus qu’en Suède.

Les conséquences positives sur la santé publique

Cette réussite dans la lutte contre le tabagisme se traduit par des bénéfices sanitaires considérables. La Suède détient aujourd’hui le taux de mortalité lié au tabac le plus faible d’Europe, ainsi que le plus faible taux de cancer du poumon chez les hommes du continent. Le tabagisme reste néanmoins la cause de la plupart des cancers évitables dans le pays, ce qui justifie la poursuite des efforts de prévention.

Toutefois, il convient de noter que le tabagisme demeure un marqueur social en Suède. Comme ailleurs en Europe, les inégalités face au tabac persistent : le taux de tabagisme quotidien est de seulement 3 % chez les personnes diplômées de l’enseignement supérieur, contre 11 % chez celles qui se sont arrêtées à la fin du cursus scolaire obligatoire.

Le rôle des alternatives au tabac fumé

Le snus, une spécificité suédoise

Le succès suédois s’explique en partie par l’adoption massive du snus, une poudre de tabac humide que l’on place entre la gencive et la lèvre supérieure. Contrairement à la cigarette, le snus ne nécessite aucune combustion, ce qui élimine l’exposition au goudron, au monoxyde de carbone et aux autres substances issues de la combustion du tabac. Environ 12 à 16 % de la population suédoise consomme aujourd’hui du snus quotidiennement, une proportion en augmentation ces dernières années, notamment chez les femmes.

La Suède est le seul pays de l’Union européenne autorisé à commercialiser le snus, grâce à une dérogation obtenue lors de son adhésion à l’UE en 1995. Le produit reste interdit dans le reste de l’Europe depuis 1992. Cette particularité suédoise fait l’objet de débats : certains experts attribuent le faible taux de tabagisme au snus, tandis que d’autres soulignent plutôt l’importance de la réglementation stricte et cohérente mise en place par les autorités suédoises.

Une politique de santé publique ambitieuse

Au-delà du snus, la Suède a mis en œuvre une politique de lutte contre le tabagisme particulièrement rigoureuse et constante. Depuis 2005, il est strictement interdit de fumer dans les bars et restaurants. Cette interdiction s’est progressivement étendue à de nombreux espaces extérieurs : terrasses de cafés et restaurants, zones d’accès aux bâtiments publics, aires de jeux, stades, arrêts de bus et quais de gare.

La Suède applique également une politique fiscale différenciée qui reflète le risque relatif de chaque produit nicotiné. Les taxes sur les cigarettes sont élevées et en constante augmentation, tandis que les produits alternatifs sans combustion bénéficient d’une fiscalité plus avantageuse. En 1998, le pays a proposé un remboursement total de l’aide au sevrage tabagique pour les fumeurs. L’interdiction de la publicité et du marketing pour le tabac a été instaurée en 2005, lors de la ratification de la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac.

La cigarette électronique en Suède

Un cadre réglementaire en évolution

Longtemps interdite en Suède, la cigarette électronique a connu un parcours réglementaire mouvementé. Jusqu’en 2019, le vapotage était purement et simplement interdit sur le territoire suédois. C’est la Cour d’appel de Stockholm qui a tranché en faveur de l’autorisation de la e-cigarette, reconnaissant son utilité dans une démarche de sevrage tabagique.

Depuis juillet 2017, la Suède applique la directive européenne sur les produits du tabac et le vapotage, tout en conservant certaines spécificités nationales. Le taux de nicotine maximal autorisé dans les e-liquides est fixé à 17 mg/ml, contre 20 mg/ml dans le reste de l’Europe. Une taxe de 20 centimes d’euro par millilitre d’e-liquide a été instaurée en 2018.

Une approche favorable à la réduction des risques

Contrairement à plusieurs pays européens qui durcissent leur réglementation sur le vapotage, la Suède a maintenu une approche relativement ouverte. En avril 2023, le Parlement suédois a rejeté un projet gouvernemental visant à interdire les e-liquides aromatisés. Cette décision importante a été votée par 177 voix contre, 126 pour et 46 abstentions, les législateurs ayant suivi les recommandations de la commission des affaires sociales qui préconisait de ne pas adopter cette interdiction.

Cette position s’inscrit dans la logique de réduction des risques adoptée par la Suède. Les autorités suédoises encouragent les fumeurs à se tourner vers des alternatives moins nocives que la cigarette traditionnelle, qu’il s’agisse du snus, de la cigarette électronique ou d’autres produits nicotinés sans combustion. La promotion de ces alternatives est autorisée, seule la publicité pour les cigarettes à combustion étant interdite.

Les restrictions d’usage

Malgré cette approche favorable, l’usage de la cigarette électronique reste encadré. Comme dans de nombreux pays européens, il est interdit de vapoter dans les espaces publics fermés tels que les bars, restaurants, centres commerciaux et transports en commun. L’interdiction s’étend également à certains lieux extérieurs : terrasses des bars et restaurants, aires de jeux, stades, arrêts de bus et quais de gare. Ces restrictions placent le vapotage au même niveau que le tabac fumé en termes de lieux d’usage, bien que les produits présentent des profils de risque différents.

Un modèle qui inspire le débat

Le cas suédois suscite un intérêt croissant dans le monde entier. En mai 2024, le collectif Smoke Free Sweden a publié un rapport intitulé « No Smoke Less Harm » démontrant comment les alternatives à la nicotine sans combustion, incluant le vapotage, peuvent accélérer la réduction du tabagisme et améliorer la santé publique. La Suède est désormais citée en exemple aux côtés du Royaume-Uni et de la Nouvelle-Zélande comme pays ayant réussi à réduire rapidement et efficacement les taux de tabagisme grâce à une approche de réduction des risques.

Avec son statut de premier pays au monde à franchir le seuil des 5 % de fumeurs, la Suède démontre qu’une politique de santé publique basée sur la réduction des risques et l’encouragement aux alternatives moins nocives peut produire des résultats exceptionnels. Cette réussite historique place le pays scandinave au cœur des débats sur les stratégies de lutte contre le tabagisme à adopter dans le reste de l’Europe et dans le monde.

Sources