Le dernier rapport de l’OFDT confirme une baisse du tabagisme en France. Mais les inégalités sociales persistent. Face à un tabac de plus en plus cantonné aux classes populaires, la cigarette électronique pourrait bien changer la donne.
Résumé des chiffres principaux
Il y a quelques jours, l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) a publié un nouveau rapport faisant le point sur l’état du tabagisme et du vapotage en France. Pour ce travail, l’organisme public s’est basé sur les données de l’enquête téléphonique, EROPP (Enquête sur les Représentations, Opinions et Perceptions sur les Psychotropes), menée entre le 22 mars et le 29 juillet 2023. Réalisée auprès de 14 984 adultes, cette enquête permet de dresser un bilan précis de l’évolution des habitudes des Français.
Indicateur | 2022 | 2023 |
---|---|---|
Tabagisme total | 31,8 % | 31,1 % ↓ |
Tabagisme quotidien | 24,5 % | 23,1 % ↓ |
Tabagisme occasionnel | 7,3 % | 8,0 % ↑ |
Vapotage total | 7,3 % | 8,3 % ↑ |
Vapotage quotidien | 5,5 % | 6,1 % ↑ |
Vapotage occasionnel | 1,8 % | 2,2 % ↑ |
Un tabagisme qui recule… mais reste socialement ancré
Comme le montre ce rapport de l’OFDT, le taux de prévalence tabagique continue de diminuer en France. En 2023, le nombre de fumeurs quotidiens s’élevait à 23,1 %, soit une diminution de 1,4 % par rapport à l’année précédente. De manière générale, le tabagisme ne cesse de diminuer en France depuis de nombreuses années. Il s’établissait par exemple à 29,9 % en 2013.
Ce qui ne change pas, en revanche, c’est que le tabagisme continue de toucher majoritairement les classes les plus populaires. Ainsi, 30,3 % des actifs touchant moins de 1 160 €/mois fument, contre 17 % pour ceux dont le salaire mensuel est supérieur à 2 510 €. Le taux de prévalence tabagique grimpe même à 35,7 % chez les personnes en recherche d’emploi.
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En parallèle de cette diminution du nombre de fumeurs, le nombre de vapoteurs augmente. En 2023, le vapotage quotidien s’établissait à 6,1 %, soit une augmentation de 0,6 % par rapport à 2022. Depuis 2016, première année durant laquelle l’OFDT a commencé à suivre ces chiffres, le nombre de vapoteurs quotidiens a fortement augmenté dans l’Hexagone, puisqu’il s’établissait alors à 2,5 %.
Le vaporisateur personnel est également beaucoup moins discriminant que le tabagisme, puisque, chez les vapoteurs quotidiens, il s’établit à 5,9 % pour ceux dont le revenu est inférieur à 1 160 €/mois, et 5,1 % chez ceux dont il est supérieur à 2 510 €.
Une quasi-égalité qui contraste fortement avec les écarts observés chez les fumeurs. Des écarts qui sont loin d’être anecdotiques puisqu’ils suggèrent que la cigarette électronique traverse plus facilement les barrières sociales, là où le tabac les renforce.
La vape, un outil plus égalitaire ?
La littérature en santé publique a bien documenté le fait que le tabagisme touche principalement les personnes à faible revenu, ou sans-emploi. Chez ces dernières, fumer une cigarette est souvent perçu comme un moyen de gérer l’anxiété et le stress d’un quotidien contraint. Chez les chômeurs, le tabagisme peut même, parfois, devenir un rituel, voire un repère, au milieu de journées vides de toute structure.
De leur côté, les politiques antitabac classiques ne suffisent pas à corriger ces déséquilibres. Pire, elles tendent parfois à les accentuer. Qu’il s’agisse du paquet neutre, des messages de prévention ou de la hausse des prix, ces mesures sont souvent mieux entendues et intégrées par les fumeurs appartenant à une classe sociale favorisée. En disposant d’un meilleur accès au soin, de ressources psychologiques et sociales plus importantes, et, bien souvent, d’un entourage non-fumeurs, l’arrêt du tabagisme est facilité.
Au contraire, chez les personnes les plus précaires, ces mesures sont souvent perçues comme abstraites, voire totalement déconnectées de la réalité. Dans ces milieux, les hausses des prix, par exemple, ont pu aggraver la charge financière sans provoquer d’arrêt pour autant, faute de solutions accessibles, de soutien, ou de conditions de vie favorables à un sevrage tabagique.
C’est peut-être là que se joue l’avenir de la lutte contre le tabagisme : dans la capacité à proposer des alternatives qui parlent à tous, sans distinction de classe. Ce que la cigarette électronique semble réussir à accomplir.
En France, l’association La Vape Du Coeur lutte chaque jour pour améliorer les conditions d’accès au vapotage pour les personnes les plus précaires. Si vous êtes un professionnel, vous pouvez la soutenir en lui envoyant, par exemple, le matériel et/ou les e-liquides que vous ne vendez plus.
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