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Tabac de contrebande : l’Etat protège-t-il la santé publique ou son portefeuille ?

Mis à jour le 19/04/2023 à 14h48
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Dans un récent communiqué, Bercy se félicite de l’augmentation des saisies de tabac de contrebande réalisées par le service des douanes françaises. Un point important semble toutefois manquer au document. Pas un mot sur les problèmes de santé engendrés par les cigarettes de contrefaçons, mais des chiffres, des chiffres, et encore des chiffres. Les fumeurs ne sont-ils plus qu’un moyen de gagner de l’argent pour l’Etat ?

Une augmentation des saisies de tabac de contrebande

En France, comme dans tous les pays du monde, la contrebande de tabac est une réalité. Mais s’il est vrai que le trafic de cigarettes a toujours existé, les récentes augmentations du prix du paquet, particulièrement marquées ces dernières années, semblent avoir donné un réel coup de fouet à cette activité.

En 2015, à l’occasion de la journée mondiale sans tabac, plusieurs associations françaises de lutte contre le tabac et le cancer révélaient que « 10 à 12 % des 600 milliards de cigarettes, vendues chaque année dans le monde, proviendraient du commerce illicite ». Pour la France, les experts interrogés à l’époque indiquaient estimer que 6 % des achats de cigarettes dans le pays, se faisaient en dehors du circuit officiel.

L’Etat contre-attaque

Afin de lutter contre cette activité illégale, Gerald Darmanin, Ministre de l’Action et des Comptes publiques, avait demandé en 2018 aux services des douanes d’ériger « la lutte contre la contrebande en priorité pour les années à venir et de mettre en œuvre un plan de mobilisation contre tous les trafics de tabac ».

Une consigne qui semble avoir été respectée par les services concernés puisque les résultats de l’année 2018, présentés en mars 2019, montraient déjà une « progression par rapport à 2017 ».

Mais si l’on en croit le dernier bilan des douanes présenté il y a quelques jours, cette année 2019 marquerait une nouvelle progression dans le nombre de saisies de cigarettes de contrebande, par rapport à la même période l’année précédente.

Ainsi, à la mi-année 2019, il y aurait eu une augmentation des missions douanières consacrées à la lutte contre la contrebande de tabac, de 56 %. Une plus grande présence des autorités sur le terrain qui aurait ainsi permis d’augmenter le nombre de saisies de pas moins de 142 %. Des résultats que l’on observe dans les quantités de tabac saisies puisque si la douane n’avait confisqué « que » 83 tonnes de tabac en juin 2018, elle en aurait déjà saisi plus de 197 tonnes cette année.

Des chiffres dont le ministre se félicite. Pour lui, ils traduisent la « très forte mobilisation de la douane sur cette mission prioritaire qu’est la lutte contre les trafics de tabacs », et rappelle que « le réseau des buralistes est le seul réseau légal de vente du tabac en France ». Une phrase qui conclut d’ailleurs le document.

Pas un mot sur la santé publique ?

Si l’on peut se réjouir de ces excellents chiffres, le communiqué de Bercy soulève tout de même une question. Pourquoi, en cette période d’autoglorification, ne pas également avoir parlé des méfaits sur la santé des cigarettes de contrefaçons, souvent plus nocives que les cigarettes traditionnelles ?

Les fumeurs ne représentent-ils plus qu’une manne financière pour un Etat qui ne semble même plus s’occuper de leur santé ?

Même British American Tobacco, cigarettier ayant eu vent de ces chiffres, a indiqué dans son communiqué que « favoriser le basculement des fumeurs vers les produits du vapotage à travers une politique basée sur la réduction des risques serait également un moyen efficace pour décourager, à la source, la consommation de tabac, peu importe sa provenance ».

Alors oui, il était probablement inutile de s’attendre à voir le ministère des comptes publics parler du vapotage ou d’une quelconque réduction des risques dans son communiqué. Mais quand même, un mot sur la santé, aurait-ce été si hors propos ?

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