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Sensibilité, délicatesse, poésie, fragilité et crochet du droit

Mis à jour le 25/11/2022 à 12h05
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A l’issue des grandes périodes de la vie, il est toujours bon de faire un point, de jeter un regard en arrière. Bref, de fixer le passé dans les yeux jusqu’à ce que son image s’estompe et qu’il laisse enfin voir le futur. C’est beau, dis donc, on se croirait vendredi. Et je vous jure, on va parler de vape. Vers la fin.

Vendredi inspiré

Je suis en panne d’inspiration. Ça arrive, mettez-vous un peu à ma place : tous les vendredis, aux alentours de 17h, je dois vous arracher un sourire, sans que l’usage de la coercition et d’une plume ne soit autorisé. Alors, parfois, forcément, ça veut pas.

C’est la vie : des fois, j’arrive pas à trouver une idée pour le vendredi, comme parfois, je me loupe complètement sur la résistance d’un atomiseur que pourtant je pourrais démonter et remonter les yeux fermés avec une main attachée dans le dos.

Enfin, je suppose, je n’ai jamais essayé. Qui voudrait faire un truc pareil ?

Et puis, sous mes dehors de métalleux bas du front doublé d’une brute épaisse fan de boxe anglaise, il y a un petit cœur qui bas, une étincelle de sensibilité qui parfois se manifeste à plus ou moins bon escient.

Par exemple, j’ai versé une petite larme de joie devant la vidéo de Mike Tyson. Ne me dites pas que vous l’avez loupée ! On y voit Iron Mike à l’entrainement, il travaille un peu son explosivité, et, bref, il met une dérouillée sévère à son sparring partner avant de se tourner vers la caméra et d’annoncer « I’m back ».

Mise à jour 2022 : la vidéo n’est malheureusement plus disponible.

Boxeurs sensibles, sortez vos mouchoirs. Non, parce que, à 53 ans, après une vie d’excès (« Bel euphémisme, bravo ! » – Oh, merci, c’est gentil de l’avoir remarqué), Tyson boxe à l’entrainement comme aucun pro ne boxera jamais sur un ring, même pour aller chercher une ceinture. Du coup, j’étais émouvé ? Emouvationné ? Euh… Ben j’étais comme si j’étais triste, mais en fait j’étais content, quoi. La boxe sans Mike Tyson, c’est un peu comme… L’art de faire croire qu’on est le meilleur mais en fait non sans Mohamed Ali.

Mais cette fragilité, ces blessures, cette sensibilité d’homme doux mais fort qui cherche à se reconstruire (oui, j’essaie de parler comme un acteur français. Pas très réussi, hein ?) s’est trouvée encore plus mise à l’épreuve par la nouvelle tragique que j’ai appris : des milliers de livres vont être mis au pilon.

Parce que derrière le boxeur sensible, derrière le clown triste du vendredi, il y a aussi l’auteur de livres pour lesquels jamais je ne céderai à la facilité d’en faire de la publicité sur le Vaping Post.

Et figurez-vous que, confinement, et donc fermeture des libraires oblige, de nombreuses sorties de livres ont été décalées. Pendant ces 55 jours, le livre ne s’est pas vendu. Et le cycle du livre est ainsi fait : un bouquin, quand il sort, a trois semaines, pas une de plus. Si, trois semaines après sa sortie, il ne se vend pas, il est retiré des rayons et mis au pilon pour faire de la place aux autres.

Ce qui veut dire, techniquement, qu’il y a des milliers de bouquins qui dorment depuis des semaines dans des entrepôts, et qui seront détruits pour laisser la place aux sorties qui arrivent sans jamais avoir eu leur chance au présentoir d’une librairie.

Bon, je vois que pas un muscle de votre visage n’a frémi. Okay.

Remplacez dans la description d’avant « livres » par « e-liquide ». Ce qui donnerait par exemple : « Des milliers de litres vont être mis au pilon ». Imaginez qu’un fabricant ait trois semaines pour faire en sorte que son liquide soit un best-seller, sinon, il dégage des boutiques et il laisse sa place au suivant.

C’est de suite plus compliqué pour se trouver un all day, n’est-ce pas ? Songez au nombre assez extraordinaire de petites pépites qui vous avez dénichées dans une petite boutique au fin fond d’une petite rue et qui vous ont apporté un grand bonheur de vape.

Tenez, si vous voulez, il me reste un Kleenex.

Bon, maintenant que je vous aie émus et que j’ai démontré à quel point j’étais un être subtil, délicat, sensible, doux et tendre, je vais enfin pouvoir aller tabasser mon sac de sable. Il l’a bien cherché. Vous devriez essayer. Ça défoule.

Voilà. De rien.

Cet article d’humour a été rédigé avec des gants de boxe.