La pandémie de COVID qui fait rage depuis maintenant bientôt un an et demi a eu des impacts négatifs sur bien des domaines scientifiques. Directement et indirectement, elle risque de coûter cher au secteur de la vape, et lui ôter des arguments précieux à un moment crucial.
Les études en berne
Premier impact de la pandémie de COVID, c’est la baisse du nombre d’études sur la vape. Même s’il en reste, force est de constater que de nombreux chercheurs dont les domaines d’activités pouvaient enrichir les connaissances globales sur le vapotage se sont tournés, à raison, vers le plus urgent.
Mais au-delà de ceux dont les connaissances sont directement liées à des domaines utiles à la lutte contre la COVID, d’autres chercheurs moins concernés se sont également trouvés impactés. En cause, les crédits.
Même si le financement de la recherche a pu augmenter (provisoirement), la mobilisation des moyens pour la lutte contre la pandémie a, de toute façon, provoqué une nouvelle distribution des financements. Et clairement, le vapotage (parmi des centaines d’autres sujets) n’est pas une urgence.
Ensuite, pour ceux qui ont pu bénéficier de crédits, il y a un autre problème : la pénurie de matériel. Principalement dans le domaine de la biologie moléculaire, tout manque : réactifs, consommables, toutes les études un peu pointues sont bridées par les difficultés à se procurer le nécessaire.
Enfin, ajoutons à cela que les médecins et chercheurs ont, souvent, une double activité : la recherche et la pratique médicale. Et, actuellement, ils sont occupés à soigner les patients atteints de la COVID.
Tout ceci pourrait paraître anodin et secondaire, face à la lutte contre la pandémie. Ça l’est d’ailleurs d’un certain angle de vue. Mais d’un autre, cela va ôter un solide argument à la défense du vapotage lorsque viendra, en Europe, l’examen de la future TPD. Les études prospectives d’impact sur ses conséquences ? Annulées faute de moyens. L’empilement des études démontrant sa faible dangerosité et son impact bénéfique sur le sevrage tabagique ? Il faudra se contenter des anciennes.
Le consensus aux oubliettes
Ce qui est dommage, c’est que cela survient à un moment où, justement, la communauté scientifique dispose d’assez de matériau pour proposer des méta-analyses, c’est-à-dire des études d’études.
Parce que cent études sur le fait que la vape ne provoque pas d’infarctus, contre une qui affirme l’inverse retirée pour fraude, ce sont cent études et une retirée, mais dont on parle pourtant encore. Cent études compilées en méta-analyse, c’est le préalable à un consensus scientifique.
Le consensus scientifique, c’est la base de tout. La vaccination, la théorie de la relativité (les deux théories de la relativité, en réalité), la physique quantique, toutes ces théories font l’objet d’un consensus, qui est toujours parti d’une affirmation (appuyée sur une base solide), une étape de vérification, et parfois de controverse, avant d’aboutir au consensus.
Une parenthèse : il ne faut pas entendre consensus scientifique comme LA vérité inébranlable derrière laquelle tout le monde se range. C’est la vérité à l’instant T, qui a apporté plus de preuves qu’elle était vraie que ses opposants n’ont apporté de preuves qu’elle était fausse, et qui peut être remplacée par une autre le jour où cette autre s’avère meilleure.
Mais surtout, l’intérêt d’un consensus, c’est qu’il est plus difficile de prendre une mesure politique contraire. Quand le sujet est dans la phase de débat et de controverse, comme la vape actuellement, il est facile de prendre une décision « par précaution », voire même de brider ensuite la recherche pour retarder le consensus, mais quand le consensus scientifique est là, cela demande des explications supplémentaires difficiles à fournir.
La COVID, donc, est apparue au pire moment pour rebattre les cartes, celui où la vape avait un bon jeu en main et s’apprêtait à l’abattre.