Les électeurs de San Francisco étaient appelés, hier, à voter pour ou contre l’interdiction des saveurs dans le tabac et la vape. Le résultat vient de tomber : l’interdiction a été votée. C’est un coup dur pour la vape aux USA, et sans doute un coup fatal pour les shops de San Francisco. D’autres villes envisagent de suivre le mouvement.
C’est une maison bleue qui tombe en ruine
Mardi, les habitants de San Francisco ont voté à une écrasante majorité, près de 69 %, en faveur de l’interdiction des produits du tabac aromatisés, y compris les cigarettes menthol et les liquides de vape, ce qui est considéré à l’échelle nationale comme un coup porté à l’industrie du tabac. Les partisans à la mesure ont axé toute la campagne sur le fait que les fabricants de cigarettes utilisaient ces parfums pour cible les enfants.
L’inclusion dans l’interdiction des e-liquides aromatisés, qui contiennent de la nicotine mais pas de tabac, a suscité un débat.
Les défenseurs de leur inclusion dans l’interdiction ont prétendu que la recherche a révélé que les jeunes qui fument des e-cigarettes sont plus susceptibles de prendre l’habitude de fumer une cigarette. Le Center for Tobacco Control Research and Education de l’Université de Californie, à San Francisco, affirme que la probabilité est multipliée par trois ou quatre.
Mais ceux qui s’opposent à une interdiction aussi large ont dit que les e-cigarettes aromatisées encouragent les fumeurs conventionnels à passer à l’option sans tabac, qui est perçue comme étant plus sûre.
Les opposants à l’e-cigarette ont mis tout leur poids dans la bataille pour faire pencher l’opinion publique, n’hésitant pas à affirmer des faits invérifiés.
Les boutiques de vape de San Francisco ne pourront donc plus, dans les prochains jours, vendre de e-liquides aromatisés, ce qui revient à mettre la clef sous la porte. Le combat ne fait que commencer, d’autres villes ayant annoncé leur intention d’organiser des référendums similaires, avec les mêmes opposants et les mêmes arguments sournois et biaisés.
Les opposants à la vape se satisfont d’une victoire d’autant plus grande que les forces en présence n’étaient pas à l’équilibre. Là ou les militants favorables à la mesure ont dépensé trois millions de dollars en propagande, le cigarettier R.J. Reynolds en a injecté 12 pour s’opposer au projet. Et c’est là que le bât blesse.
Parce que le dispositif était un piège parfaitement tendu. En mélangeant ainsi vape et tabac au sein d’une même proposition, ses défenseurs pouvaient prétendre que les vapoteurs défendaient le tabac, et que l’industrie du tabac défendait la vape à grand coups de millions.
Ainsi, l’argument massue devenait : « regardez, tabac et vape marchent main dans la main, en réalité, ce sont les mêmes, et ils veulent juste faire fumer nos enfants ».
L’américain moyen n’avait pas besoin de plus : la mentalité puritaine où consommer de la nicotine fait de vous un marginal light, avec la crainte de voir les enfants fumer, et le tour était joué. Ajoutez à cela quelques appuis hauts placés, comme celui du Surgeon Général, grand chef du système de santé américain, et les antivape triomphaient sans coup férir.
Le véritable enjeu de cette élection, finalement, n’était pas de savoir qui avait les meilleurs arguments pour convaincre le grand public, mais ce que ce grand public croit, et, par extenso, ce qu’il est possible de lui faire croire. Un véritable jeu de dupes.