Robert Proctor, historien des sciences à l’université Standford aux Etats-Unis a passé des années à décortiquer la sombre chronologie des méthodes employées par l’industrie du tabac pour vendre leurs cigarettes, qualifiées par l’auteur d’invention « la plus dangereuse de l’histoire ».
Interviewé par le philosophe Mathias Girel qui a préfacé la version française du livre, Robert Proctor aborde les grandes lignes de son ouvrage dans un article publié sur le site du CNRS. Il y décrit l’industrie du tabac comme « un univers obscur, où règne le complot et une corruption sans précédent ».
Qui savait quoi et quand ? Qui a menti, quand et pourquoi ? L’axe d’analyse de l’historien américain est net et son travail le mène régulièrement à venir témoigner dans les tribunaux américains. Lui qui connaît mieux que quiconque les tactiques de cette industrie, le sujet de la cigarette électronique le fait immédiatement réagir.
La vape doit restée indépendante
Il note comme tout le monde que la vape indépendante perd du terrain et que les grands cigarettiers ont investi le marché en semant derrière eux la crainte de voir un produit se corrompre. Proctor attire l’attention du lecteur sur le fait que la fabrication de e-liquides est encore très mal encadrée aujourd’hui et laisse la liberté aux industriels de mettre ce qu’ils veulent dedans.
Il soulève ensuite le problème de la distraction ou de la confusion créée par le vaporisateur aujourd’hui. Mise côte à côte, la cigarette s’offre une seconde virginité en s’associant à des produits à nocivité réduite, comme les vaporisateurs de tabac ou les cigarettes électroniques. Favoriser la passerelle entre les différents produits est clairement pour lui une stratégie que Big T essaie de suivre.
Proctor pense qu’il est encore temps pour les fabricants de cigarettes électroniques de faire front et de s’unir pour s’opposer au tabac mais s’inquiète de voir la frontière entre les deux mondes (ecig / tabac) se rétrécir de jours en jours.