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Révision de la TPD : le rapport final du SCHEER reste désastreux

Mis à jour le 5/07/2021 à 17h29
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La version définitive du comité scientifique européen ne laisse rien présager de bon pour la révision prochaine de la TPD.

Des différences minimes entre brouillon et version définitive

En septembre 2020 était publiée la première mouture du rapport du Scientific Committee on Health, Environmental and Emerging Risks (SCHEER), comité missionné par l’Union européenne afin de l’aider dans ses futures décisions législatives concernant l’avenir des produits du tabac et de la vape au sein de l’UE. Ce premier brouillon était à l’époque particulièrement mal reçu par les professionnels du secteur du vapotage, notamment car ses conclusions semblaient totalement déconnectées de toute réalité scientifique, et même des données relevées par les études pourtant prises en compte dans ledit rapport. En effet, comme je l’indiquais alors dans un article d’opinion, bien que les travaux scientifiques étudiés par les auteurs du document démontraient par exemple que la cigarette électronique est un outil de sevrage tabagique efficace, le comité en arrivait aux conclusions que les preuves que le vaporisateur personnel aide à arrêter de fumer sont « faibles ». De quoi ne plus rien comprendre.

Hier, le SCHEER a finalement rendu la version définitive (format PDF) de son rapport. Mais alors, cette nouvelle édition se distingue-t-elle vraiment de la précédente ?

À propos de l’effet du vapotage sur la santé

Comme dans le rapport précédent, le comité rappelle que la nicotine représente un risque pour le système cardiovasculaire. Il note également qu’en plus de cette molécule, « un grand nombre d’autres produits chimiques, qui sont également utilisés comme additifs dans la cigarette traditionnelle et d’autres produits du tabac, sont présents dans les e-liquides et dans l’aérosol ».

Les auteurs notent ainsi qu’il existe « un niveau modéré, mais croissant » de preuves suggérant que la cigarette électronique « a des effets néfastes pour la santé ». Il se protège tout de même en indiquant que d’autres études à long terme sont nécessaires.

Le SCHEER conclut :

  • Le poids global des preuves pour le risque d’effets systémiques à long terme sur le système cardiovasculaire est modéré.
  • Le poids global des preuves du risque de cancérogénicité des voies respiratoires en raison de l’exposition cumulative à long terme aux nitrosamines et en raison de l’acétaldéhyde et le formaldéhyde est faible à modéré.
  • Le poids des preuves pour le risque d’effets nocifs des métaux dans les aérosols, spécifiquement la cancérogénicité, est faible.
  • Sur la base de l’identification des dangers et des preuves humaines, le poids global des preuves des risques d’autres effets néfastes à long terme sur la santé tels que les maladies pulmonaires, du SNC (système nerveux central) et les effets reprotoxiques, est faible, et d’autres données cohérentes sont nécessaire.
  • À ce jour, il n’y a pas de données cohérentes que des arômes spécifiques utilisés dans l’UE posent des risques pour la santé des utilisateurs de cigarettes électroniques suite à une exposition répétée.
  • Les concentrations d’aldéhydes résultant d’arômes sont jugées trop faibles pour ajouter substantiellement au risque cumulatif déjà apparent pour les voies respiratoires à partir des aldéhydes générés dans la cigarette électronique et des polyols et nicotine.
  • Le poids global des preuves d’intoxication et de blessures causées par des brûlures et des explosions est fort . Cependant, l’incidence est faible. Par conséquent, le risque devrait être faible.

Peu de changement donc, par rapport au rapport préliminaire. Si ce n’est que le risque systémique sur le système cardiovasculaire est passé de fort à modéré.

Rôle de la cigarette électronique comme passerelle vers le tabagisme

À ce sujet, le comité scientifique s’est penché sur des études menées aux États-Unis ainsi que sur les résultats de plusieurs éditions de l’Eurobaromètre, dont les résultats participent souvent à dégrader l’image de la vape auprès du grand public comme des institutions. Les auteurs du rapport notent par exemple que le nombre de mineurs qui vapotent en Europe ne fait que croître depuis 2012, passant de 7,2 % à l’époque à plus de 14 % en 2017.

Pour lui, cette augmentation est le fruit de plusieurs facteurs tels qu’une appréciation par les jeunes de « la nouveauté du produit », le fait que la cigarette électronique soit « cool et à la mode », mais également qu’il est possible de vapoter dans des lieux où il est interdit de fumer, en plus du fait que le vapotage soit moins onéreux que le tabagisme.

Le SCHEER rappelle toutefois que de nombreuses études publiées sur les jeunes et le vapotage proviennent des États-Unis, pays dont les produits peuvent « différer considérablement » de ceux vendus en Europe. Ainsi, les conclusions tirées pour les USA « peuvent ne pas être directement transférables » à l’UE. Cependant, le comité note qu’elles ne peuvent pas être ignorées.

Ainsi, le rapport cite une étude de cohorte américaine dont les conclusions étaient que 30,4 % des mineurs ayant déjà essayé le vapotage ont essayé de fumer par la suite, contre 7,9 % chez ceux qui n’avaient jamais vapoté. Il rapporte toutefois que d’autres études ont démontré une diminution de la prévalence tabagique aux États-Unis entre 2014 et 2017, période qui coïncide avec la « prolifération » des produits de la vape dans le pays.

Les arômes ont également été étudiés dans le rapport. Selon lui, il existe des preuves cohérentes qu’ils attirent à la fois les jeunes, mais également les adultes. Cependant, des divergences existeraient entre ces deux groupes. Alors que les arômes fruités seraient préférés à 75 % chez les 15-24 ans, ils ne le seraient qu’à 18 % chez les + de 55 ans. Une situation qui s’inverse pour les arômes de tabac, choisis par 56 % de la cohorte la plus âgée, contre 22 % pour les jeunes.

Le SCHEER conclut :

  • Il existe des preuves modérées que le vapotage est une porte d’entrée vers le tabagisme pour les jeunes.
  • Il existe de fortes preuves que les arômes contribuent à l’attractivité de l’utilisation d’une cigarette électronique, et à son initiation.

Lors du précédent rapport, les preuves que le vapotage est une porte d’entrée vers le tabagisme étaient considérées comme fortes.

La vape pour arrêter de fumer

Malgré le fait que la cigarette électronique soit un outil de sevrage tabagique, le SCHEER n’a jugé bon de traiter ce sujet que sur quelques lignes. Un paragraphe qui est tout simplement le plus court de l’intégralité du document.

Le SCHEER conclut :

  • Le poids des preuves que la cigarette électronique aide à arrêter de fumer est faible.
  • Concernant le fait que la vape aide à réduire le nombre de cigarettes fumées, celui-ci est faible à modéré.

Finalement, peu de choses changent entre la version précédente et cette nouvelle mouture. S’il ne fait aucun doute que la consultation publique qui avait suivi la publication du brouillon a permis de modifier le poids des preuves à certains sujets, le fond du rapport, lui, n’a pas changé. La vape n’aide pas à arrêter de fumer, les arômes attirent les jeunes, ceux qui vapotent sont plus susceptibles de commencer à fumer par la suite. Bref, la modification prochaine de la TPD devrait être sévère.

Pour l’Independent European Vape Alliance (IEVA), la commission européenne a aujourd’hui « manqué une occasion de renforcer son plan Beating Cancer et de reconnaître l’importance du vapotage dans la réduction des maladies liées au tabagisme chez les Européens ». Dustin Dahlmann, son président, parle d’un rapport qui n’est guère plus qu’une « série d’affirmations prédéterminées sans fondement ».

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