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Règlements de comptes entre trafiquants de cigarettes

Mis à jour le 5/01/2018 à 9h35
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Un règlement de compte dans le milieu marseillais, c’est presque un cliché. Et pourtant… Pour la première fois, la semaine de Noël, deux règlements de compte ont eu lieu en France sur fond, d’après les éléments de l’enquête, de trafic de cigarettes, conséquence inattendue du futur paquet à dix euros.

L’esprit de Noël

Il y a quelques jours, nous vous parlions de prohibition. Concomitance troublante, deux affaires de règlement de comptes ont touché le milieu des trafiquants de cigarettes à Marseille. Bon, on est encore loin de la mitrailleuse Thompson qui arrose depuis une conduite intérieure noire, mais c’est l’intention qui compte.

Un vendeur de cigarettes à la sauvette en a poignardé un autre pour un bout de trottoir.

Le 25 décembre au soir, deux vendeurs de cigarettes à la sauvette se disputent un morceau de trottoir. Il faut dire que, pour ces petits trafiquants (on n’ose pas encore dire dealers), les trois règles de base sont identiques à celles qui président un achat immobilier : un, l’emplacement, deux, l’emplacement, et trois, l’emplacement.

Donc, dans le quartier de Noailles, une des plaques tournantes de ce trafic dans la cité phocéenne, les deux hommes se disputent violemment un bout de trottoir, lorsque l’un d’entre eux sort un couteau et l’enfonce dans le thorax de son concurrent, avant de s’enfuir. Il est vite rattrapé par des proches de sa désormais victime, qui s’affairent alors à la lyncher scrupuleusement à coups de pieds, de poings, et d’armes contondantes improvisées. L’arrivée de la police mettra un terme à cette affaire.

Le planté est désormais hors de danger, à l’hôpital, et le planteur, contusionné, mais également sorti d’affaire, a été présenté à un juge. Pour coups et blessures : d’après nos informations, aucun des deux ne fait, à cette heure, l’objet de poursuite pour son trafic.

La trêve des confiseurs, pas des fumeurs

Un autre trafiquant de cigarettes s’est fait tirer dessus en pleine rue.

Le lendemain, le 26 décembre donc, un jeune homme, bien connu du quinzième arrondissement de Marseille pour être un revendeur de cigarettes à la sauvette, a été visé par des tirs de fusil de chasse dans un marché bondé. Soit l’intention était plus d’avertir que d’occire, ou soit son agresseur a été formé au tir par les Stormtroopers de Star Wars, qui seraient incapables de toucher une mouche si elle venait se poser dans le canon de leur arme, quoiqu’il en soit, il n’a été blessé qu’au pied.

Bien que grièvement touché, ses jours ne sont pas en danger. Là encore, la police a orienté ses investigations vers les réseaux de revendeurs de cigarettes à la sauvette.

Ces affaires sont édifiantes à plusieurs point de vue. Dores et déjà, on peut voir que le trafic de cigarettes suscite les convoitises alors même que le prix du paquet n’atteint pas les dix euros. Les trafiquants sont de plus en plus virulents, d’abord, parce que le marché est dores et déjà lucratif, ensuite, parce que, dans deux ans, les emplacements et les fonds de clientèles constitués deviendront quasiment stratégiques.

Le marché est lucratif, on l’a vu, mais aussi la répression et les peines encourues sont bien moindres que pour la drogue.

Laxisme des autorités ?

Le trafic de cigarettes permettrait aux migrants de survivre en gagnant un peu d’argent, et serait organisé en sous-main directement par l’industrie du tabac. Tel est le discours qui semble servir d’excuses officieuses, faute d’explication officielle, et qui est abondamment relayé par une partie de la presse locale. C’est un peu léger.

Pour certains, c’est pour permettre aux migrants de survivre. 

Les migrants, d’abord. Quelles que soient leur propension à rendre service, on doute que ces derniers soient ravis de se voir ainsi utilisés pour justifier une activité illégale. Un raccourci hâtif, comme beaucoup de gens sont prêts à en faire, pourrait donner « trafic égale migrants, trafic égale insécurité, donc migrants égalent insécurité ». Une curieuse façon de vouloir les aider, donc.

Pour d’autres, c’est aussi la faute de l’industrie du tabac. 

La justification du trafic organisé par les cigarettiers, ensuite. Là encore, on a envie de dire « Oui, et ? » parce que, sauf erreur, dans une démocratie, les entreprises sont des justiciables comme d’autres, qui doivent répondre du non-respect de la loi devant un tribunal. Si le trafic est organisé par les cigarettiers, ce qui n’est pas en soit une théorie totalement folle, alors, ce n’est pas une excuse, c’est un objet d’investigations et éventuellement de poursuites.

Des solutions existent

Alors, la lutte contre le tabac avec le paquet de cigarettes à dix euros sera-t-elle réellement rentable ? Oui, si l’on en croit ses promoteurs. Non en l’état, si on considère que ce qu’on gagnera en santé publique sera compensé par ce qu’on perdra en sécurité publique.

Pourtant, un tel trafic n’aurait pas lieu d’être dans un pays qui a gagné le guerre contre le tabagisme avec des moyens déjà à sa disposition…

Les solutions existent, pourtant, en appui complémentaire de cette mesure. La promotion de moyens efficaces de sevrage, la cigarette électronique en tête, bien sûr, mais pas seulement. On pourra aussi penser à un réexamen du dossier SNUS, à de meilleurs remboursements des substituts nicotiniques du réseau pharmaceutique, à des campagnes d’aide et de communication plus efficaces qu’une cautère sur une jambe de bois.

En somme, c’est finalement le trafic le plus facile à juguler sans déployer maints policiers : il suffit de le rendre totalement inutile en transformant la France en pays non-fumeur.