Il y a quelques jours sortait le rapport annuel du Global State of Tobacco Harm Reduction (GSTHR), faisant le point sur la situation de la réduction des risques tabagiques à travers le monde. L’occasion pour nous de vous en présenter un résumé.
En résumé :
- Près de 8 millions de personnes meurent chaque année de maladies liées au tabagisme.
- 80 % des fumeurs du monde vivent dans des pays à faible ou moyen revenu.
- Un milliard de personnes devraient mourir du tabagisme d’ici à l’année 2100.
- Le nombre total de fumeurs dans le monde est établi à 1,1 milliard. Un chiffre stable depuis l’année 2000.
- Il existe des preuves que les produits à risques réduits sont moins nocifs que le tabagisme.
- L’adoption de ces produits s’est faite sans, ou à l’aide de très peu d’aides de la part des gouvernements.
- Les produits à risques réduits ont le potentiel de réduire drastiquement les maladies liées au tabagisme.
- Il y a seulement 9 utilisateurs de produits à risques réduits pour 100 fumeurs.
- De nombreuses associations perçoivent ces produits, de manière erronée, comme une menace au lieu d’une opportunité.
- La réduction des risques est adoptée par l’OMS dans presque tous les domaines, sauf celui du tabagisme.
- En luttant contre les produits à risques réduits, l’OMS entre en contradiction directe avec son principal objectif qui est de promouvoir la santé publique.
Plus d’un milliard de fumeurs sur la planète
À l’heure actuelle, 22 pays du monde enregistrent encore un taux de prévalence tabagique supérieur à 30 %. Parmi eux, certaines îles du Pacifique, plusieurs pays européens comme la Serbie, la Grèce, la Bulgarie, la Lituanie ou Chypre, mais aussi différentes localités du Moyen-Orient ou d’Amérique du Sud.
Le nombre de fumeurs à travers le monde serait aujourd’hui de 1,1 milliard, un chiffre qui reste inchangé depuis l’année 2000, et qui devrait rester le même en 2025 selon plusieurs experts.
Pour le GSTHR, la situation est claire : la Convention-cadre pour la lutte antitabac (CCLAT) de l’OMS ne suffit pas. Et la réduction des risques tabagiques doit être considérée comme « complémentaire » plutôt « qu’hostile » à réduire la mortalité et les maladies liées au tabagisme dans le monde.
L’utilisation de produit à risques réduits reste très minoritaire
D’après le rapport, la Terre compterait aujourd’hui 98 millions d’utilisateurs de produits nicotiniques à risques réduits, dont 68 millions de vapoteurs. Un chiffre qui, s’il est encourageant, signifie qu’il n’y a que 9 % d’utilisateurs de ces produits pour 100 fumeurs.
La plupart d’entre eux sont concentrés aux États-Unis, en Chine, en Russie, au Royaume-Uni et en France. Le Japon est le pays qui compte le plus d’utilisateurs de produits du tabac chauffé, tandis que la Suède se place comme le pays n° 1 concernant l’utilisation du SNUS.
Les produits à risques réduits sont moins dangereux
Comme le soulignent les auteurs, bien que la sécurité absolue n’existe pas, il existe aujourd’hui plus d’une décennie de preuves que le vapotage est moins risqué que la consommation de produits combustibles.
De même, les nombreux bilans de sécurité réalisés en Suède par rapport au SNUS, démontrent qu’il représente une solution plus efficace pour arrêter de fumer, que les substituts nicotiniques traditionnels.
Pour les auteurs du rapport, la surinterprétation du principe de précaution concernant les conseils de santé et la réglementation en matière de produits à risques réduits « n’est plus défendable ».
Plus d’études ne signifient pas forcément de meilleures études
Entre 2007 et 2012, seules 53 études scientifiques sur la cigarette électronique ont été publiées. Un chiffre qui, à la date d’aujourd’hui, a grimpé à plus de 6 000.
Cependant, comme le rappelle ce rapport, beaucoup de ces recherches souffrent de défauts méthodologiques, de pratiques qui ne reflètent pas la manière réelle de vapoter, d’associations présentées comme causales lorsqu’elles ne le sont pas, ou encore de recommandations politiques n’ayant que très peu, voire aucune, relation avec les résultats des études.
Les anti-vape utilisent tout ce qu’ils peuvent
Si les études mal réalisées sont un véritable problème, les militants anti-vape en sont un autre.
Entre allégations trompeuses d’une épidémie de vapotage chez les adolescents aux USA, les décès survenus dans le pays suite à l’utilisation de produits contenant de l’acétate de vitamine E, ou encore la récente pandémie de COVID-19, chacun de ces points, et de nombreux autres, ont été facilement exploités par des personnes pour qui la réduction des risques n’est pas une solution. Parmi elles, des militants particuliers, mais également des acteurs nationaux, voire internationaux.
Pour les auteurs, les anti-vape se classent parmi deux catégories, chacune appartenant à un concept sociologique différent :
- Les “moral entrepreneurs”, qui cherchent à imposer leur propre point de vue à la société dans son ensemble. Ils peuvent être des particuliers, des groupes religieux ou diverses organisations ayant le pouvoir de générer une panique morale en exprimant la conviction qu’il existe un mal social menaçant, qui doit être combattu par n’importe quel moyen.
- Les “heuristics”, qui représentent principalement le grand public ou la presse, qui ne cherchent pas à vérifier une quelconque information, mais l’accepte simplement sur la base de leurs expériences passées ou de leur instinct.
L’un des principaux discours utilisés par les militants anti-vape est que l’ensemble de l’industrie du vapotage n’est qu’une vaste conspiration de Big Tobacco, destinée à créer une nouvelle génération de personnes dépendantes à la nicotine, afin de compenser les pertes de chiffre d’affaires dues à la baisse des ventes de cigarettes.
Comme le note le rapport, ce récit ne se préoccupe pas des fumeurs actuels, dont les problèmes sont considérés comme auto-infligés, ce qui ne leur laisse que deux solutions : arrêter de fumer ou mourir.
L’un des nombreux problèmes provoqués par ce discours est l’augmentation du nombre de fumeurs qui pensent alors que vapoter est aussi dangereux que fumer, voire pire. Un discours notamment propagé par les anti-vape auprès du grand public et de la presse, qui choisit, ou ne peut pas, vérifier l’information.
Un fait notamment poussé par une antipathie générale à l’égard de l’industrie du tabac.
Recommandations des auteurs
- Le principal objectif devrait être de se concentrer sur les fumeurs actuels afin de les encourager à passer à des produits à risques réduits.
- La réduction des risques devrait être partie intégrante de la CCLAT de l’OMS.
- L’OMS devrait jouer un rôle de leader en encourageant les signataires de la CCLAT à adopter une approche plus équilibrée et pragmatique concernant les produits à risques réduits.
- L’accès à ces produits devrait être un droit pour toute personne, quel que soit son genre, son origine, sa race ou sa communauté.
- La santé des fumeurs devrait être au centre des préoccupations.
- Les fabricants de produits à risques réduits devraient tout faire pour atteindre un maximum de fumeurs, en proposant des produits à des tarifs accessibles pour tous.
- Les gouvernements devraient encourager le passage à des produits à risques réduits.
- Aucune action ne devrait être entreprise si elle encourage l’utilisation de produits combustibles à la place de celles de produits sans combustion.
- Les fumeurs ont le droit d’avoir accès à des informations vérifiées concernant la réduction des risques offerte par certains produits.
- Avoir le choix des arômes dans le cadre du vapotage est un point essentiel dans le succès de la cigarette électronique pour arrêter de fumer.
- Il n’existe aucune preuve qu’il existe un vapotage passif. Les gouvernements devraient insister sur le fait que vapoter n’est pas fumer.
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