C’est une lourde sentence qui a frappé deux frères, Sylvain et Christian Longpré, au Québec. De quoi sont ils coupables ? D’avoir introduit au Canada deux bouteilles de 30 ml de liquide nicotiné et essayer d’importer de la nicotine des Etats-Unis. Une broutille ? Oui, mais une broutille qui leur a fait tout perdre.
Les frères Longpré
Les frères Sylvain et Christian Longpré ne sont pas, dans le milieu de la vape, les premiers venus. Créateurs, en 2009, du tout premier magasin de vape du Quebec, alchimistes à l’origine du liquide Vanille Bourbon de Vaporium, devenu culte chez nos cousins d’outre-atlantique, ils ont, dès les premiers temps, contribué à diffuser la vape et à sortir de nombreux fumeurs du tabac. Ce sont eux, par exemple, qui ont converti à la vapoteuse Jean-Philippe Boutin, alias Jeanfelip, reviewer bien connu des pionniers de la e-cigarette.
Bref, les deux hommes ne sont ni des débutants, ni des inconscients, ni de dangereux bandits nourrissants de sombres desseins attentatoires à la Fédération Canadienne.
Les frères Longpré ont d’ailleurs rencontré à plusieurs reprises Santé Canada, le Gouvernement Provincial du Quebec et le Gouvernement Fédéral du Canada, sans succès. Leur demande ? Le droit d’importer de la nicotine au Quebec pour pouvoir fabriquer du e-liquide. Sans succès, aucun des intervenants officiels ne souhaitant bouger de ses positions.
L’affaire Longpré
Les faits en eux-même ne sont pas dramatiques de prime abord. Sylvain Longpré a d’abord été arrêté à la frontière, alors qu’il rentrait au Quebec en revenant des Etats-Unis en possession de deux flacons de 30 ml de e-liquide nicotiné. Liquide qu’il avait déjà en sa possession lors du franchissement de la frontière entre le Canada et les Etats-Unis, puisqu’il l’avait fabriqué lui-même, dans son laboratoire, et que ces bouteilles étaient destinées à sa consommation personnelle. Ce qui lu a valu une accusation au tribunal criminel du Canada.
Une seconde accusation, toujours au tribunal criminel, a frappé, cette fois ci de façon conjointe, les deux frères, après que de la nicotine qu’ils essayaient d’importer des Etats-Unis ait été arrêtée à la frontière par les douaniers canadiens. Certes, cette-fois-ci, le dossier est plus ambigu.
Sentence sévère
La procédure, en cours depuis deux ans, a laissé les deux frères lessivés. Sylvain a notamment perdu son commerce, qui a été poussé à la faillite, a dû revendre sa maison et sa voiture, a divorcé, et a perdu la garde de ses enfants.
Finalement, ruinés et épuisés au physique comme au moral, devenus incapables de payer leurs avocats, les deux frères ont accepté de plaider coupable, action qui permet de faire cesser l’action judiciaire, remplacée par un verdict de culpabilité automatique, en échange d’une peine allégée.
Peine allégée, disons plutôt qu’on serait bien en peine de trouver, dans ce cas, l’allégement.
Sylvain a été condamné à 45 jours de prison ferme et 10 000 dollars canadiens d’amende. Il a 12 mois pour les réunir. Christian a été condamné à quatre mois d’assignation à domicile et 2500 dollars d’amende. Désormais considérés comme criminels condamnés, ils ne peuvent plus franchir la frontière canadienne…
Un exemple ?
La justice a-t-elle voulu faire un exemple ? Condamner aussi lourdement des figures aussi représentatives de la vape au Quebec semble en effet pouvoir être interprété comme un message : silence dans les rangs, on ne veut aucune tête qui dépasse.
Il semble d’ailleurs que les réseaux professionnels ne se soient guère mobilisés en faveur des frères Longpré, les abandonnant à leur triste sort. Ceci aussi peut être vu comme un message pessimiste sur l’état de la communauté de la vape au Canada.
Quelques vapoteurs se sont mobilisés afin d’aider les frères Longpré en lançant une collecte sur une plate-forme de financement participatif.