David Sweanor et J. Robert Branston, deux éminents chercheurs, proposent dans la revue International Journal of Drug Policy une approche financière pour lutter contre le tabagisme.
Vers des pénalités ou des avantages financiers en fonction de la dangerosité des produits ?
Dans la revue International Journal of Drug Policy [1] parue en début d’année, deux éminents chercheurs, David Sweanor et J. Robert Branston [2] ont publié un article proposant une approche pour lutter contre le tabagisme basée sur les profits.
Ils affirment que les efforts pourraient donner de bien meilleurs résultats si les politiques publiques s’attaquaient à la rentabilité colossale de l’industrie du tabac. Leur idée ? Mettre en place des mécanismes pour que les profits des cigarettiers soient inversement proportionnels à la dangerosité des produits qu’ils commercialisent.
Les deux auteurs constatent que le marché du tabac est extrêmement profitable et dominé par un petit nombre de grosses entreprises, qui combattent vigoureusement toutes les mesures de santé publique qui touchent à leurs profits.
Ils encouragent une approche basée sur la “carotte et le bâton”, aussi incitative que punitive et recommandent aux gouvernements de s’inspirer des politiques qui ont rencontré le succès par le passé, à l’image de celles qui ont permis de passer du pétrole avec plomb à l’essence sans plomb, qui présente un profil de risque moindre pour l’environnement et la santé.
Les deux chercheurs préconisent trois types de mesures très concrètes.
En premier lieu ils recommandent aux politiques d’utiliser les taxes pour désavantager très fortement les produits fumés, comme la cigarette, par rapport aux produits à moindres risques comme le vaporisateur.
Ensuite, ils proposent l’octroi de crédits d’impôts ciblés pour pousser les industriels à développer des produits moins nocifs.
Enfin, ils suggèrent encore de mettre en oeuvre un contrôle des prix et une réglementation de produits sous licence pour favoriser les produits moins nocifs.
Selon ces chercheurs, si les cigarettiers entrevoyaient des voies de sortie profitables, ils ne lutteraient plus avec autant de vigueur contre des mesures de santé publique, qu’il serait alors plus simple, moins cher et plus rapide de déployer.
Au cours du dernier Global Forum on Nicotine (GFN), en juin 2015 à Varsovie, Clive Bates avait fait part de sa vision des enjeux et des atouts que les approches de réduction des risques pouvaient apporter au “endgame”, une réflexion que viennent compléter les travaux des deux universitaires.
[1] Big tobacco, E-cigarettes, and a road to the smoking endgame
J. Robert Branston, David Sweanor
DOI: http://dx.doi.org/10.1016/j.drugpo.2015.12.023
[2] Dr Robert Branston est chercheur et maître de conférences à l’Université de Bath, Royaume Uni.