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Philosophie vapologique : la cigarette est-elle plus dangereuse que la vape ?

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Un nouveau problème de type zoologico-galliforme, dit “de l’oeuf ou la poule”, est actuellement soulevé dans la vape. Est-ce que la vape est moins dangereuse que la cigarette, ou est-ce que la cigarette est plus dangereuse que la vape ? À cette question cruciale, nous avons travaillé dur pour apporter une réponse précise.

Un questionnement existentiel

Faut-il dire que la cigarette est plus dangereuse que la vape ou bien que la vape est moins dangereuses que la cigarette ? C’est un point qui été soulevé par Mickaël Hammoudi, infatigable défenseur de la vape, qui soutient la première option. Il nous a interpellés à ce sujet, d’où cette réponse. Précisons que ceci n’est pas une polémique : c’est la réponse à une question qui nous a été posée.

Malgré le respect, l’amitié et la gratitude que j’ai pour Mickaël, qui est celui qui m’a fait sortir de la cigarette grâce à des conseils avisés et un kit équilibré, je ne suis pas d’accord.

Dire que la cigarette de tabac est plus dangereuse que la vape, c’est poser la vape comme objet référentiel et articuler l’étude autour de ce point. Cela implique que la vape, le vaporisateur personnel, la cigarette électronique, toutes ces locutions désignant le même sujet, est le point central de l’analyse et est posé comme problème.

On parle de vape, et la cigarette tabac devient donc ipso facto un satellite de l’analyse. C’est un raisonnement qui se tient, bien entendu, mais uniquement du point de vue du vapoteur.

Vapoteur versus fumeur

En effet, un fumeur qui se présente dans une boutique de vape pour arrêter la cigarette de tabac place comme référentiel son problème. Et son problème n’est pas la vape, son problème central est la cigarette tabac. À ce stade de son cheminement, la vape n’est qu’une solution envisageable parmi d’autres.

Aussi, même quand l’aspirant à la défume parle de vape, il se place dans ce que Grice appelle la “signification du locuteur”. C’est à dire qu’il ne parle pas de l’objet vape en tant que tel, mais il contextualise sa phrase selon sa problématique qui n’est pas la signification conventionnelle. Ou, pour faire simple : quand il parle de vape, il en parle comme d’un moyen d’arrêter la cigarette. C’est ce que Bacon définit comme “La signification non seulement du signe lui-même mais encore de celui qui en fait usage et de l’intention posée.”

Prenons ces différentes assertions : “La cigarette est plus dangereuse que la vape”, “Le patch est moins efficace que la vape”, “L’hypnose est plus à la mode que la patch”, “Moi j’ai arrêté sans rien” , “Tout est mieux qu’une paille ». De quoi parlent ces assertions ? Prises individuellement, elles parlent de vape, de patch, d’hypnose ou de paille. Mais en tenant compte de la signification du locuteur, elles parlent toutes de cigarette de tabac.

Le point de référence, c’est celui auquel on doit parvenir ou dont on doit, au contraire, s’éloigner. Fuir, c’est à dire arrêter, la cigarette, est un objectif. Se mettre à vaper n’est pas un objectif, c’est un moyen. Un non-fumeur ne se lève pas un matin en se disant : “Il faut que je devienne vapoteur.”

Ajoutons à cela la temporalité : l’antériorité vaut prédominance référentielle. On compare toujours le nouveau à l’existant, et malgré tous nos efforts, il sera impossible de changer cela.

Pour simplifier

Pour simplifier, l’objet de comparaison est celui qui pose problème. Et le problème, tout le monde sera d’accord là-dessus, c’est la cigarette de tabac.

Dire que la cigarette de tabac est plus dangereuse que la vape est en soi exact, aucun problème avec ça. Mais cela sous-tend que le tabac n’est plus le problème majeur et qu’il est présenté comme alternative à la vape.

Or, notre objectif commun aujourd’hui n’est pas de présenter le tabac comme une alternative au problème vape, mais de présenter la vape comme une solution au problème tabac. Affirmer, donc, que la vape est moins dangereuse que le tabac.

Le jour où la vape se posera comme problème, si cela arrive, alors oui, on pourra dire que telle ou telle alternative est plus ou moins dangereuse que la vape. Cela implique que le tabac ne sera plus un objet de préoccupation majeure. Mais il y a encore de longues, très longues années de luttes à mener avant que ça n’arrive.

Dans l’absolu, donc, Mickaël Hammoudi n’a pas tort, il est juste un peu trop pressé.