Pour Christopher Snowdon, le Secrétariat de la Convention-cadre pour la lutte anti-tabac (CCLAT) doit être réformé ou dissous.
L’organisation une nouvelle fois montrée du doigt
Journaliste et écrivain britannique défendant des valeurs libérales, Christopher Snowdon a récemment publié un nouvel article (format PDF) dans lequel il se penche sur les contradictions entre la mission de réduction de la consommation de tabac de l’OMS et les recommandations politiques formulées par l’organisme de santé.
Le journaliste commence par faire un bref rappel de l’objectif de la CCLAT de l’OMS, toujours seul traité international qu’elle a mis au point à ce jour. Parmi les nombreuses lignes directrices qui lui ont été édictées lors de sa création, une en particulier est soulignée par l’auteur, l’article n°1 (d) : la lutte antitabac s’entend d’un ensemble de stratégies de réduction de l’offre, de la demande et des dommages qui visent à améliorer la santé d’une population en éliminant ou en réduisant sa consommation de produits du tabac et son exposition à la fumée du tabac.
Pourtant, si dès le premier article de la CCLAT, il est question de réduction des dommages, il semble que l’Organisation mondiale de la Santé n’ait jamais respecté le règlement qu’elle a mis elle-même en place.
Évolution de la position de l’OMS au sujet du vapotage lors des différentes conférences des parties (COP)
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- 2010, COP4, Uruguay : l’OMS publie un bref rapport traitant de la cigarette électronique dans lequel elle appelle à obtenir plus de preuves sur le sujet. Cette position pouvait être considérée comme raisonnable du fait de la nouveauté des produits sur le marché. Elle appelait ainsi à interdire le vapotage dans les lieux publics et à restreindre la vente des e-cigarettes.
- 2016, COP7, Inde : l’organisation mondiale pour la santé demande aux États membres d’envisager d’appliquer des mesures réglementaires pour interdire ou restreindre la fabrication, l’importation, la distribution, la présentation, la vente et l’utilisation des cigarettes électroniques.
- 2018, COP8, Genève : lors de cette réunion, les participants se sont retrouvés dans une impasse due à l’opposition entre États pour et contre la vaporisation. Malgré qu’aucune décision particulière ne fut prise à ce moment-là, cela n’a pas empêché l’OMS de publier de nombreux messages anti-vape.
En dehors des périodes de COP, l’organisme de santé n’a bien sûr pas chômé et appelé de nombreuses fois à interdire le vaporisateur personnel, et ce malgré le fait qu’en 2016, il déclarait qu’il est très probable que la cigarette électronique soit moins toxique que la fumée de cigarette, et que si la grande majorité des fumeurs se mettait à l’utiliser puis à l’arrêter, cela représenterait une réalisation contemporaine importante en matière de santé publique. Des réserves étaient toutefois posées, notamment quant à la réduction des risques offerte par le vapotage, qui se devait d’être au moins 3 fois plus sûr que le tabagisme afin de produire des bénéfices nets pour la santé.
Les preuves arrivent, la position reste
Depuis la COP7 qui s’est tenue en Inde en 2016, la position de l’OMS concernant le vapotage n’a pas changé puisque celle-ci continue d’inciter les États membres à fortement réglementer, voire interdire le vapotage. Pourtant, un an auparavant, le ministère de la santé britannique indiquait déjà que l’utilisation d’un vaporisateur personnel est au moins 95 % moins nocif que le tabagisme. Une affirmation depuis maintes fois confirmée par de nouvelles études. Même aux États-Unis, pays d’origine de l’organisme de santé, de nombreuses recherches ont démontré la réduction des risques offerte par la cigarette électronique par rapport à la consommation de tabac fumé. En 2018, les US National Academies of Science Engineering and Mathematics déclarait ainsi que les e-cigarettes sont probablement beaucoup moins nocives que les cigarettes de tabac combustibles. Une position également partagée par la Food and Drug Administration.
Pour l’écrivain, l’OMS s’est ainsi rendue coupable de mensonges par omission en se concentrant sur les risques potentiels tout en ignorant les avantages sanitaires démontrables conférés à ceux qui sont passés du tabac au vapotage. Il ajoute qu’elle s’est aussi rendue coupable de diffuser des informations erronées sur la réduction des méfaits du tabac et elle doit assumer une part de responsabilité dans le recul de la compréhension par le public des risques relatifs du tabagisme et du vapotage au cours des dernières années.
Faire plaisir à l’OMS pour redorer son image ?
Comme le rappelle Christopher Snowdon, la CCLAT n’a vraiment d’autre pouvoir que celui de représenter une inspiration pour les pays du monde, l’OMS n’ayant que peu de recours juridiques pour sanctionner les pays membres qui n’en respecteraient pas les termes. Cependant, le fait de les respecter, et plus généralement, de plaire à l’OMS, aurait bien d’autres avantages. En effet, à l’occasion de la Journée mondiale sans tabac, l’organisme de santé décerne des prix, qui constitueraient une source d’influence. Ces prix sont attribués à des universitaires et à des groupes de pression, mais ils sont surtout décernés à des hommes politiques, des gouvernements et des services gouvernementaux.
Par exemple, en 2019, Hong Kong a été récompensé par l’un de ces prix suite à son annonce de l’interdiction de la vente des produits du vapotage. En 2016, la ministre britannique de la Santé publique, Jane Ellison, a remporté le prix spécial du directeur général de l’OMS pour son engagement au sujet du paquet neutre. Après avoir perdu les élections suivantes, elle a obtenu un siège à l’OMS en tant que directrice exécutive des relations extérieures et de la gouvernance. L’un de ses collègues, Andrew Black, qui était le responsable du programme tabac du ministère de la Santé pendant la campagne en faveur de l’emballage neutre, travaille à présent pour le secrétariat de la CCLAT.
Outre les personnalités qui semblent obtenir avec plus de facilités des postes au sein de l’OMS après avoir suivi ses directives, ces prix seraient également le moyen pour certains pays du monde ayant une mauvaise image à l’international, de redorer leur blason à moindre coût. Parmi les anciens lauréats de ces prix décernés par l’organisation de santé, nous pourrions noter le ministère de la Santé d’Arabie saoudite, le président Ortega du Nicaragua, le président Erdoğan de Turquie et le président Berdimu-hamedow du Turkménistan.
Une organisation bancale qui profite simplement de sa splendeur passée ?
Le sujet suivant que Christopher Snowdon aborde concerne le traitement de l’épidémie mondiale de COVID-19 par l’OMS. Il rappelle que l’organisme a longtemps déclaré que le virus ne se transmet pas par voie aérienne et qu’interdire les déplacements entre pays ne sert à rien.
Bien sûr, nous savons aujourd’hui que ces affirmations étaient totalement fausses. Pourtant, bien que ces erreurs démontrent que l’OMS est capable de faire de grosses erreurs scientifiques et politiques, elle continue d’être particulièrement écoutée et respectée, notamment pour son passé illustre comme la campagne d’éradication de la variole au XXe siècle, et les principes importants qu’elle prétend défendre.
Mais alors que faire pour combattre la position de l’OMS par rapport à la cigarette électronique ?
Pour le journaliste britannique, puisqu’il rappelle que les réunions de la CCLAT sont interdites au public et à la presse, et que les réunions de la COP passent sous le radar des médias, se plaît ainsi et prospère dans l’obscurité, il conseille à tout un chacun de contacter ses représentants élus afin de faire pression sur l’OMS lors de ces réunions. Il appelle également la presse mondiale à poser beaucoup plus de questions sur ce qui se passe dans les coulisses de ces réunions.
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