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Ohmage survolté au wattage

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Il y a un débat récurrent chez les fanatiques de la vape : doit-on tolérer que l’on utilise les termes wattage, voltage, et tutti quanti, pour les e-cigarettes ? L’heure est venue de trancher, et, comme à l’Ecole des Fans, à la fin, tout le monde gagne.

Ma physique est avantageuse

« Donc, vous réglez le wattage en fonction des ohms de telle façon que le voltage ne dépasse pas 4,5 ». Combien de fois entend-on ou lit-on cette phrase en boutique de vape, ou dans des discussions sur les réseaux sociaux, ou dans tout autre endroit où le sujet du vapotage est abordé ?

Ce qui a le don de hérisser les plus experts des savants de la vape. « Ces mots n’existent pas », soulignent-ils, « il faut initier le disciple au vocabulaire adéquat ».

Si l’on se penche sur la définition officielle, on apprendra que :

Watt provient du nom de James Watt, ingénieur écossais (1736 – 1819), qui a contribué au développement de la machine à vapeur. Un watt est une mesure de puissance, mais aussi de flux énergétique, qui correspond à un joule par seconde.

Volt vient du nom d’Alessandro Volta (1745 – 1827), inventeur de la pile voltaïque. Un volt est une unité de force électromotrice ou, en électronique, de tension.

Ohm vient de George Ohm (1789 – 1854), physicien allemand à l’origine de la loi qui porte son nom (U = R x I). C’est une unité qui désigne la résistance électrique.

Ampère doit son nom à André-Marie Ampère (1775 – 1836), mathématicien, physicien, chimiste et philosophe français qui a défié les fondements théoriques de l’électromagnétisme et fait de nombreuses découvertes en la matière. Elle exprime l’intensité du courant

Et, effectivement, on y apprendra que : on ne dit pas wattage, mais puissance, on ne dit pas voltage, mais tension, on ne dit pas ohmage, (sauf quand on parle d’un défunt, mais ça s’écrit pas pareil) mais résistance, et on ne dit pas ampérage mais… Là, si, en fait, on parle d’ampérage.

Donc, bravo, les techniciens, c’est vous qui avez raison, vous avez gagné.

MAIS

Mais il y a un point sur lequel il importe de revenir : est-ce qu’on est en train d’expliquer à l’impétrant vapoteur comment se servir de sa vape, ou a-t-on l’ambition de lui donner assez de notions pour recâbler le réseau ferré suisse à lui tout seul ?

Mettons-nous dans la peau d’un vapoteur débutant. Pas un jeune qui a baigné depuis tout petit dans les consoles de jeu, les tablettes et les téléphones portables, et pour qui comprendre le fonctionnement d’un nouvel appareil électrique prend moins de temps que vous et moi n’en mettons à trouver la télécommande. Non, prenons un fumeur d’âge moyen, qui sait se servir de la technologie mais que ça ne passionne pas plus que ça. Soit environ 90 % de la population européenne. 

Un fumeur, quand il entre dans une boutique de vape, dans l’immense majorité des cas, n’a absolument aucune idée de comment ça marche. Pour la première fois de sa vie, il va entendre parler de box, d’atomiseurs, de taux de nicotine, apprendre qu’une résistance se change, qu’il faut l’amorcer, etc. Etc…

Il va recevoir des dizaines d’informations, en oublier beaucoup, mais le conseiller devra veiller à ce qu’il retienne l’essentiel. Parce que l’objectif est qu’il arrête de fumer, pas qu’il passe un diplôme d’électricien.

Il se trouve que, sur l’écran de son mod, il y a un sympathique W, et qu’il est plus facile de retenir par mnémotechnique wattage que puissance. La plupart des clients ne se fatiguent même pas à le faire : pour beaucoup de ceux qu’on croise en boutique, c’est « le chiffre, là » en le désignant sur l’écran.

« Oui » objecteront les spécialistes « d’accord pour les débutants, mais au bout d’un certain temps »… Eh bien, au bout d’un certain temps, ils seront non-fumeurs, sans forcément avoir envie de devenir expert vapoteur. Peut-être y a-t-il parmi eux qui sont comptables et préfèrent apprendre les nouvelles règles fiscales plutôt que la loi d’Ohm, d’autres cuisiniers et qui préfèrent mémoriser une nouvelle technique de désossage plutôt que la différence entre un clapton et du mesh…

Et alors ?

Est-ce si grave, quand ils viennent chercher conseil sur un réseau social, qu’ils demandent au-delà de quel voltage leur résistance risque de griller plutôt qu’à quelle tension ? Encore une fois, il s’agit d’en faire un non-fumeur, pas un ingénieur. Et le risque qu’il y a à constamment le reprendre sans répondre à sa question, c’est de le voir reprendre la cigarette, lassé de cette vape qui rend les gens si sectaires.

Donc, au final, peu importe que le vapoteur parle de tension, de puissance, de voltage, de wattage ou de gloubiboulga. L’essentiel, c’est qu’il se tienne éloigné de la cigarette. Et du panneau de contrôle d’une centrale nucléaire, aussi.

Cet article d’opinion n’engage que le point de vue de son auteur et ne représente pas forcément l’avis de la rédaction.

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