La question à se poser, dans la vape comme pour tout, n’est pas seulement celle de ce que l’on vous vend, mais aussi de comment on vous le vend. Et ceci posé, tout cela ressemble à un parfait synopsis de l’article du vendredi, non ?
Délicatement, subtilement, ACHÈTE !
Le marketing est un art, comme la peinture, la musique ou la cuisine. C’est un fin assemblage d’éléments disparates qui, pour atteindre leur but, la beauté, l’esthétique, le goût ou un billet de 50 balles, doit être parfaitement proportionné et dosé. Tout doit être pile là où il faut dans les quantités voulues.
Le marketing dans la e-cig doit à la fois être la promesse d’un moment de vape agréable aussi éloigné que possible du souvenir du tabac, évocateur donc dans l’esprit du client de choses dont il sait qu’elles lui procureront du plaisir, tout en le sortant suffisamment de sa zone de confort pour attirer son attention.
Et souvent, les marketeux de la vape y arrivent. Ils sortent un produit évocateur, audacieux dans ses mélanges tout en préservant, sous la fraîche nouveauté, la délicate harmonie d’un terrain connu et rassérénant.
Et là, fiers d’eux, ils lui donnent un nom imprononçable.
Non, vraiment, je sais pas ce qui cloche chez vous les gars, les filles, mais entre les noms dont on ne sait pas comment on les prononce, les noms avec des orthographes bizarroïdes, ou juste les noms à consonance anglo-saxonne dans un pays où le niveau d’anglais est presque aussi mauvais qu’en ex Allemagne de l’Est, vous abusez. Si vous ne voyez pas de quoi je parle, allez essayer de vous acheter un sandwich à Leipzig, vous verrez.
Entre les gens qui prononcent d’une façon qui ferait saigner les oreilles d’un prof d’anglais de sixième le premier jour de cours, ceux qui y mettent du cœur mais inventent des prononciations exotiques, et ceux qui prononcent impeccablement avec un léger accent écossais, mais face à un vendeur qui ne comprend que l’accent texan, c’est juste pas possible.
Mais ce n’est pas les pires. Il y a des noms, on ne les prononce pas. On les postillonnes.
« Bonjour, je voudrais un flacon de Nkrswfd Hlshutxagrl en 12 de nicotine, s’il vous plaît ». Mais vous êtes fous ? Déjà qu’on nous explique que la chicha est responsable du Covid, si vous ne faites pas attention, bientôt ce sera les noms des produits de vape qu’on pointera du doigt. Pas les liquides, juste leur nom.
Honnêtement, je suis parfois partagé. Soit les réunions du service marketing se déroulent uniquement par mail et, de la conception jusqu’à la production, personne ne prononce jamais le nom du liquide à voix haute, soit les marketeux sont tous les frustrés qui se sont vus refuser un travail au donjon de Maîtresse Sévère pour excès de sadisme et qui se vengent.
Bon, parfois, il y a l’excès inverse, celui qui, plutôt que de donner un nom alambiqué à son liquide, préfère l’énumération des ingrédients. Là, ça marche uniquement si le mixologue ne s’est pas trop lâché. Custard-noisette ou pomme-banane, ça passe, mais point trop n’en faut.
« Bonjour, je voudrais un flacon de noisette-café-vanille bourbon-génoise-banane-chocolat-réglisse en 12, s’il vous plaît.
– Euh, pardon, vous m’avez dit noisette-café-vanille custard-génoise-banane-chocolat-réglisse ou noisette-café-vanille bourbon-génoise-banane-chocolat-réglisse ?
– Laissez tomber, donnez-moi une menthe fraîche, s’il vous plaît ».
Bref, mesdames et messieurs du service marketing, si vous songez à donner un nom alambiqué à un de vos produits, avant de le valider, prononcez le plusieurs fois à voix haute avec une patate dans la bouche. Ca ne vous sera d’aucune utilité, mais au moins les clients se sentiront un peu vengés.