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Une méta-analyse sur les effets du vapotage pour la santé parodontale

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Le vapotage nuit-il aux dents ? Une méta-analyse apporte des réponses, mais les résultats sont plus complexes qu’annoncé. Décryptage.

Ce qu’il faut retenir

  • Les études sur les effets du vapotage pour la santé bucco-dentaire présentent de nombreuses lacunes.
  • Généralement, le vapotage aurait des méfaits moindres pour les dents, que le tabagisme
  • De nouvelles recherches sont nécessaires, notamment pour examiner les méfaits liés directement au vapotage, et non au passé tabagique des participants

Vapotage et santé bucco-dentaire : une étude fait le point

Cette semaine, une nouvelle méta-analyse baptisée The impact of e-cigarette use on periodontal health: a systematic review and meta-analysis1 a été publiée dans la prestigieuse revue médicale, Nature. Celle-ci s’est penchée sur les effets de la cigarette électronique pour la santé parodontale, c’est-à-dire l’état des gencives et des structures de soutien des dents. De grands médias se sont déjà fait écho de cette recherche, notamment en France, où la chaîne de télévision, BFMTV, a titré : « Vapotage : ce n’est pas bon pour les dents ! ».

Mais que dit précisément cette méta-analyse ? Le vapotage a-t-il un impact significatif sur la santé bucco-dentaire ?

Une étude qui interroge plus qu’elle n’affirme

Une méta-analyse consiste à regrouper et analyser plusieurs études sur un même sujet, afin d’en tirer une conclusion générale. Les chercheurs britanniques à l’origine de celle-ci indiquent avoir repéré un total de 1 464 citations répondant à leurs critères de recherches.

Après avoir éliminé les doublons, 1 020 restaient. Ces citations ont permis d’identifier un total de 40 études sur le sujet. Premier point à noter, sur les 40 études examinées pour cette méta-analyse, 23 ont été classées comme ayant un risque de biais « insatisfaisant » ou « élevé ».  Autrement dit, les conclusions de 57,5 % des études examinées doivent être prises avec des pincettes. 16 autres études ont été catégorisées comme ayant un risque de biais « satisfaisant », et une seule comme ayant un risque de biais « faible ».

La santé parodontale en six critères

Pour examiner la santé parodontale, les études retenues se sont penchées sur plusieurs critères :

  • La profondeur des poches parodontales (PPD) : mesure de la profondeur des espaces entre la gencive et la dent. Plus ils sont profonds, plus il y a un risque de maladie parodontale.
  • La perte osseuse marginale (POM) : mesure de la dégradation de l’os qui soutient les dents.
  • Le niveau d’attache clinique (NAC) : évaluation de la perte de fixation des dents aux tissus environnants.
  • Les indices gingivaux (IG) : indicateurs du degré d’inflammation des gencives.
  • Le saignement au sondage (SAS) : présence ou non de saignements lors d’un examen clinique des gencives, signe d’inflammation ou de maladie.
  • Les indices de plaque (IP) : évaluation de la quantité de plaque dentaire présente sur les dents.

Que révèle vraiment la méta-analyse ?

Concernant la profondeur des poches parodontales, les auteurs de la méta-analyse ont conclu qu’il n’y avait pas de différence entre les vapoteurs et les anciens fumeurs/non-fumeurs. Les fumeurs actuels avaient quant à eux une PPD plus élevée.

Même son de cloche du côté de la perte osseuse marginale, pour laquelle les chercheurs n’ont trouvé aucune différence entre les utilisateurs d’une cigarette électronique et les non-fumeurs/anciens fumeurs. Là encore, les fumeurs actuels avaient une perte osseuse accrue.

Le niveau d’attache clinique était en revanche moins bon chez les vapoteurs que chez les non-fumeurs/ex fumeurs. Les fumeurs actuels étaient, là encore, les moins bien lotis.

Au sujet des indices gingivaux et du saignement au sondage, les résultats sont moins clairs puisque les vapoteurs saignaient moins que les anciens fumeurs/non-fumeurs. Et les fumeurs actuels, légèrement plus que les vapoteurs. En revanche, les chercheurs indiquent que d’autres études, qui n’ont pas été incluses à cette méta-analyse, affichent des résultats contradictoires.

Enfin, pour les indices de plaque dentaire, les vapoteurs en avaient une plus grande quantité que les non-fumeurs/anciens fumeurs, mais moins que les fumeurs actuels.

Critère Vapoteurs Non-fumeurs / Ex-fumeurs Fumeurs actuels
Profondeur des poches parodontales (PPD) Aucune différence Aucune différence PPD plus élevée
Perte osseuse marginale (POM) Aucune différence Aucune différence Perte osseuse accrue
Niveau d’attache clinique (NAC) Moins bon Meilleur Pire
Indices gingivaux (IG) & Saignement au sondage (SAS) Absence de saignements Saignements Plus de saignements que les vapoteurs
Indices de plaque (IP) Plus de plaque Moins de plaque Encore plus de plaque

Les marqueurs biologiques

Certaines études incluses dans la méta-analyse ont également mesuré les marqueurs biologiques liés à l’inflammation des gencives.

En bref, comme pour plusieurs des critères cités précédemment, les niveaux de marqueurs inflammatoires étaient plus élevés chez les fumeurs que chez les vapoteurs. Et les doubles utilisateurs, qui fument et vapotent en parallèle, avaient des marqueurs spécifiques qu’ils étaient les seuls à posséder.

À noter : deux marqueurs pro inflammatoires (IL-1β et TNF-α) étaient plus élevés chez les vapoteurs que chez les non-fumeurs, mais les études les ayant traités ne les ont pas comparés à ceux des fumeurs.

Le microbiome buccal : des résultats fragiles

Dernier point étudié lors de cette méta-analyse, le microbiome buccal, c’est-à-dire la communauté de bactéries qui vivent dans la bouche.

À ce sujet, les vapoteurs s’en sortent relativement mal, puisque certaines (mauvaises) bactéries étaient présentes en plus grand nombre que chez les fumeurs et les non-fumeurs.

En revanche, les scientifiques alertent sur plusieurs risques au sujet des cinq études qui se sont penchées sur cette question. D’abord, parce que trois d’entre elles n’ont pas vérifié biologiquement le statut tabagique des participants et se sont uniquement appuyées sur leurs déclarations. Autrement dit, une personne qui aurait souhaité cacher son tabagisme passé en ne le déclarant pas, aurait été catégorisée comme n’ayant jamais fumé, alors que si. Ce qui fausse, bien sûr, tous les résultats.

Sur les deux études restantes, l’une n’a pas publié ses résultats, et l’autre, lors de tests de contrôle dans le groupe des vapoteurs n’ayant jamais fumé, et des non-fumeurs ont relevé des taux de monoxyde de carbone. « Cela suggère que certains participants étaient des fumeurs actuels, compte tenu de la demi-vie relativement courte du monoxyde de carbone. Cela sape les résultats en confirmant la présence d’un facteur de confusion important », expliquent les auteurs de la méta-analyse.

Un risque modéré, mais une prudence nécessaire

Comme indiqué en début d’article, cette méta-analyse révèle de nombreux problèmes méthodologiques lors des études destinées à analyser les effets du vapotage sur la santé parodontale. Ses auteurs indiquent que leur « principal problème » est que le groupe des vapoteurs est « confondu par le tabagisme », c’est-à-dire que « les personnes classées comme vapoteurs fumaient également du tabac ».

En gardant ce fait en tête, ils indiquent quand même que les résultats parodontaux cliniques pour les vapoteurs étaient « plus similaires à ceux des non-fumeurs/anciens fumeurs, les fumeurs ayant systématiquement des résultats moins bons selon différentes mesures ». Et concluent :

« Dans les limites des études incluses, qui présentent un risque élevé de biais, généralement dû à des facteurs de confusion, nous avons trouvé des preuves que l’utilisation de cigarettes électroniques avait certains impacts sur les paramètres parodontaux par rapport aux non-fumeurs/anciens fumeurs, mais que les fumeurs de tabac avaient systématiquement les pires résultats ».

Cette méta-analyse permet de se rappeler deux choses. La première, c’est que le vapotage n’est pas exempt de risques. Mais que ses méfaits sur la santé sont moindres que ceux du tabagisme. La seconde, c’est que les grands médias continuent de préférer les titres alarmistes à ceux qui se contentent de présenter des faits. Même lorsque l’article ou le reportage qui les accompagnent, eux, se montrent bien plus modérés dans leurs propos. 

En juillet dernier, une étude réalisée par le Center of Excellence for the Acceleration of Harm Reduction (CoEHAR), concluait que la quantité de plaque dentaire était bien moindre chez les vapoteurs que chez les fumeurs.


1 Tattar, R., Jackson, J. & Holliday, R. The impact of e-cigarette use on periodontal health: a systematic review and meta-analysis. Evid Based Dent (2025). https://doi.org/10.1038/s41432-025-01119-6

2 Giusy Rita Maria La Rosa, Andrea Di Stefano, Deborah Gangi, Rosalia Emma, Valeriu Fala, Amaliya Amaliya, Hasan Guney Yilmaz, Roberto Lo Giudice, Sebastiano Antonio Pacino, Eugenio Pedullà, Renata Górska, Jan Kowalski, Riccardo Polosa, Dental plaque quantitation by light induced fluorescence technology in exclusive Electronic Nicotine Delivery Systems (ENDS) users, Journal of Dentistry, 2024, 105223, ISSN 0300-5712, https://doi.org/10.1016/j.jdent.2024.105223.

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